Lionel BATISTE

(Uncle Lionel)

(1911 - 19xx)

Percussionniste, Chanteur

Jazz

11/02/1931

Naissance à New Orleans, dans le quartier Treme, au 1931 St. Philip Street. Il grandit dans ce quartier noir de la ville, entre les numéros 1200 et 1300 de la rue St. Philip entouré de six sœurs et neuf frères ! Son père était à la fois un forgeron et un boulanger, mais également un musicien qui jouait régulièrement pour les gosses du quartier. Aussi une multitude d’instruments divers traînaient-ils dans leur maison. La plupart des enfants de la famille jouent de la musique : trois de ses frères jouent de la guitare, une de ses sœurs joue de la batterie et de la guitare et lui-même commence à jouer des percussions dès l’âge de huit ans. So premier instrument sera une grosse caisse fabriquée avec une bassine galvanisée qu’il frappe avec un marteau ! Le petit Lionel ne voulait pas jouer des cuivres de peur de s’abîmer les lèvres ou les dents et d’avoir les muscles de la mâchoire douloureux ! Il se met donc à jouer de la caisse claire à neuf ans ; bien qu’il n’apprécie guère le fait de devoir porter l’instrument, il adore la pulsion qu’il donne à la musique. Dès l’âge de 11 ans, il parade dans les rues de son quartier avec le Square Deal Social & Pleasure Club.

Avec son pote Henry Youngblood, Lionel fréquente la Joseph A. Craig Elementary School mais, suite à divers événements plus ou moins avouables, se retrouve pour un temps à la Milne Boys Home, un établissement pour jeunes délinquants !

Depuis 1946

Alors qu’il n’a que 15-16 ans, il incorpore le 6th Ward Dirty Dozen Kazoo Band, jouant du banjo, du kazoo (fabriqué à partir d’un cintre) tout en faisant des claquettes. Il intègrera même la maintenant légendaire équipe des Pork Chop and Kidney qui faisaient des claquettes dans les rues de la ville. Il adorait danser, mais plus tard, il adoptera finalement la grosse caisse, qui deviendra son instrument de prédilection.

Mais pour gagner sa vie, Lionel Batiste doit exercer tout un tas de métiers ; il devient donc tailleur, ce qui le marquera à vie dans le sens où il gardera le goût des belles tenues et sera toujours impeccablement habillé. La liste des petits boulots qu’il a pratiqués tout au long de sa vie est plutôt impressionnante : maçon, couvreur, électricien, réparateur d’électrophone, embaumeur, livreur à la Evans Creole Candy Company, cireur de chaussures, notamment pour un gars nommé One-Eyed T-Boy puis à son propre compte, portier pour des clubs de Bourbon Street, et il a aussi travaillé au Greensberg’s Costume Shop où il a appris à confectionner des têtes en papier mâché pour les chars de parade du Mardi Gras ! Ironiquement, la boutique de cireur de chaussures de T-Boy était dans le même bâtiment que le studio de Cosimo Matassa, et Lionel a ciré les chaussures de tout un tas de gens qui y venaient comme Fats Domino et Dave Bartholomew !

Il décroche son véritable premier emploi de musicien en tant que jouer de grosse caisse au sein de l’Olympia Brass Band dans les années 50. Il passera ensuite par le Crescent City Brass Band, le Tuxedo Brass Band et le O’Howard Brass Band. Il se fixera finalement avec le Treme Brass Band, dirigé par le jouer de caisse claire, Benny Jones, marié à une de ses nièces. Tout commença lors d’une soirée au Cindy’s Saloon sur St. Bernard et St. Claude Avenue. Le spectacle eut tellement de succès qu’ils obtinrent un engagement régulier.

Après un demi-siècle passé à New Orleans à se produire dans les clubs de Frenchmen Street comme le Joe’s Cozy Corner, le Donna’s ou le Vaughan’s et à parader avec les Brass Bands auxquels il participaient, Lionel Batiste s’est fait un nouveau nom : Uncle Lionel. Ce surnom reflète l’affection et la reconnaissance de ses pairs envers le patriarche qu’il est devenu dans le milieu de la musique de New Orleans.

Il a joué et enregistré avec le Olympia Brass Band, le fameux Dirty Dozen Brass Band – avec lequel il est resté une dizaine d’années, de 1984 à 1994 – et encore aujourd’hui avec le Treme Brass Band, dans lequel, non seulement il joue de la grosse caisse, mais il chante et assiste le leader, Benny Jones, Jr.

Depuis 2000, il est le leader de la parade quotidienne au Molde International Jazz Festival, en Norvège !

Il est régulièrement sollicité pour être le « Grand marshal » lors de processions funéraires, ce dont il est très fier.

Internationalement reconnu, Lionel Batiste a atteint une telle renommée en tant que joueur de grosse caisse que, depuis plus de vingt ans, il est invité chaque année au célèbre festival de Montreux, en suisse. Uncle Lionel est une vrai source d’inspiration pour toute une génération de musiciens comme Kermit Ruffins qui dit de lui : « Uncle est mon influence principale. Il m’a appris à comment jouer, comment m’habiller, comment me comporter dans la vie. »

Discographie  (voir également le Treme Brass Band dont il fait partie)

Outre son disque solo avec Lars Edegran, on peut entendre Uncle Lionel sur les enregistrements suivants :

Mardi Gras In Montreux, Live du Dirty Dozen Brass Band (Rounder, 1985), Spike (Warner, 1989) et Mighty Like A Rose (Warner, 1991) d’Elvis Costello (avec le DDBB), A New Orleans Visit : Before Katrina, avec le Treme Brass Band (Arhoolie, 2008), Visits New Orleans de Sammy Rimington (Arhoolie, 2008), ainsi que sur diverses compilations sur la musique de New Orleans.

Uncle Lionel

GHB

2005

Mon choix : Uncle Lionel (I’m Alone Because I Love You / Careless Love / My Blue Heaven / There Must Be Way / My Old Kentucky Home / Someday You’ll Want Me To Want You / I’m Gonna Move To The Outskirts Of Town / Wille The Weeper / Lazy River / When Your Hair Has Turned To Silver / That Da Da Strain / The Prisoners Song / Baby Won’t You Please Come Home / On A Coconut Island / Linger Awhile)

Cool ! L’oncle Lionel ! Jazz, Blues, R’nB… tout ce qu’il touche devient cool ! Reposant !

Film : Sinkline, de Virginia McCollum, 1992

Pour en savoir plus : Keeping The Beat on the Streets – The New Orleans Brass Band Renaissance de Mick Burns, Louisiana State University Press, 2006