Harold BATTISTE

(1931 - )

Saxophoniste / Pianiste

Jazz

28/10/1931

Naissance à New Orleans. Son père, clarinettiste, va lui donner le goût de la musique.

1947

Il entre à la Dillard University et devient vite un saxophoniste, pianiste et arrangeur accompli. A la même époque, il forme un groupe avec Alvin Batiste (clarinette), Edward Blackwell (batterie) et se produit localement. C'est alors qu'il persuade Ellis Marsalis de se consacrer au piano et de se joindre au groupe.

Avant 1956

Harold Battiste devient professeur de musique dans diverses écoles; il sera même professeur itinérant et aura notamment Willie Tee comme élève !

1956

Après quelques concerts dans la région comme accompagnateur, Ed Blackwell le persuade, ainsi qu'Ellis Marsalis d'ailleurs, se suivre Ornette Coleman en Californie. Après l'engagement avec Coleman, il reste à Los Angeles et fait des démos qu'il présente chez Specialty où travaille Bumps Blackwell. Ce dernier lui propose alors une collaboration pour l'enregistrement de You Send Me de Sam Cooke.

1957 - 1959

Au bout d'un moment, Art Rupe, le patron de Specialty, lui offre de prendre la responsabilité de son antenne de New Orleans, en remplacement de Johnny Vincent (parti créer Ace Records), alors que Sonny Bono prenait le poste équivalent à Los Angeles. Il produit d'abord Lights Out de Jerry Byrne (écrit par Dr. John et Seth David) sur lequel Art Neville joue du piano. Viennent ensuite Carry On, toujours par Jerry Byrne, puis Cha Dooky Doo et Zing Zing par Art Neville. Finalement, après plusieurs différents avec Art Rupe (il s'est aperçu qu'il payait Sonny Bono plus cher que lui pour le même poste), il quitte Specialty.

1959 - 1961

Harold Battiste travaille ensuite pour Joe Ruffino et son label Ric Records. C'est lui qui enregistre le fameux You Talk Too Much de Joe Jones. Malheureusement, Ruffino n'était pas décidé d'investir sur le disque et les ventes ne décollent pas. Alors Battiste et Jones décident de se rendre à Chicago, puis à Detroit et enfin à New York pour promouvoir la chanson. Là, Lloyd Price, qui était la seule personne de leur connaissance en ville (il y était pour un concert à Coney Island), leur donna l'opportunité de conclure un accord avec Morris Levy de Roulette Records pour la distribution. Après un règlement amiable avec Ric Records, le titre peut enfin devenir un tube : il atteindra la troisième place du Hot 100 ! Finalement, Harold Battiste sera nommé "A&R Man" chez Ric Records en janvier 1961.

1961

Constatant l'exploitation des artistes et musiciens noirs par les maisons de disques blanches (un musicien était payé environ 50 dollars pour une session alors qu'un titre pouvait rapporter des millions ! L'artiste, lui, ne touchait généralement que 5% !) il décide de fonder sa propre maison de disques qu'il appelle AFO Records (pour All For One). Ses objectifs sont de deux ordres : garder le contrôle de ce qu'il produisait, et promouvoir la musique de New Orleans qu'il voulait créait en cherchant à faire quelque chose de nouveau. L'orchestre maison était donc constitué de ses associés : Red Tyler, Melvin Lastie, Roy Montrell, Chuk Babie et John Boudreaux (The AFO Studio Combo).

1961 - 1963

En juin 1961, les premières sessions AFO vont produire deux titres. Le premier à sortir sera She Put The Hurt On Me par Prince La La (de son vrai nom Lawrence Nelson, frère de Walter 'Papoose' Nelson, le guitariste de Fats Domino). Il monte rapidement dans le Top 40 et atteint la 28ème place du classement R'n'B en octobre 1961. Dans la foulée sort I Know de Barbara George et c'est le jackpot : N° 1 R'n'B et troisième place du Hot 100. Avec leur son novateur, ces deux titres vont avoir un impact immense sur le rhythm and blues produit dans tous le pays, notamment le solo de cornet de Melvin Lastie et la partie de batterie de John Boudreaux. Les disques étaient distribués par Sue Records de Juggy Murray, grâce à Sonny Bono qui lui avait parlé d'Harold Battiste alors qu'il était à le recherche d'un "A&R Man". D'autres disques suivront, mais sans obtenir le même succès. C'est alors qu'Harold Battiste produisit Ya Ya de Lee Dorsey pour Bobby Robinson de Fury Records, Allen Toussaint, sous contrat avec Joe Banashak de Minit, ne pouvant le faire. Cela va provoquer la colère de Juggy Murray. Après deux autres titres pour Battiste au printemps 1962, Barbara George part chez Sue et Murray stoppe la distribution des disques d'AFO ce qui va précipiter sa chute. Harold Battiste continue quand même : il signe Willie Tee, sort divers albums (compendium de l'AFO Combo; Monkey Puzzle d'Ellis Marsalis), crée un autre label At Last (Eddie Bo, Red Tyler, Melvin Lastie), mais sans retrouver le succès, ni de contrat de distribution. Finalement, en 1963, après un dernier album pour Tammy Lynn, toute l'équipe émigre sur la côte ouest, à Los Angeles.

1963 - 1964

L'équipe se reforme en Californie, et constitue The Soul Station, formation qui va travailler pour différents artistes. Malgré la volonté de chacun, les espoirs sont déçus et c'est l'éclatement du groupe qui se disperse.

1965

Harold Battiste reste à Los Angeles et contribue à différents projets, notamment avec J.W. Alexander, l'ancien manager de Sam Cooke, mais aussi avec Phil Spector pour lequel il joue et fait des arrangements. C'est à cette époque qu'il fait venir Mac Rebennack, futur Dr. John, à Los Angeles et l'employer, aussi bien pour des sessions d'enregistrement que pour des tournées. Il fera même un simple, Zu Zu Man, sorti sous le nom de Jessie Hill, l'ami de Dr. John.

1965 - 1968

Recruté par Sonny Bono, Harold Battiste va être le principal artisan du succès du duo Sonny & Cher. Sa formation à la fois classique et jazz va lui permettre de donner une âme au chansons du duo et ainsi d'entrer 8 fois dans le Top 10 en l'espace de trois ans. Il retravaille les chansons de Bono, fait tous les arrangements et supervise les séances d'enregistrement, y intégrant régulièrement Dr. John. Il crée également un groupe dénommé The New Orleans Musicians Association qu'il va utiliser lors de différentes sessions d'enregistrement. Ce groupe est composé, hormis Dr. John et lui-même, de Didimus, le percussionniste de Dr. John, Jessie Hill, Dave Dixon, Al Frazier, Morris Bachamin et Alvin 'Shine' Robinson. Grâce à Dr. John, ils forment une équipe et commencent à produire des disques pour Mercury, sans succès (King Floyd, Junior Parker, Alvin Robinson, Jessie Hill). Toujours avec Dr. John, Harold Battiste travaille aussi pour Atlantic, où il participe à des projets avec Ben E. King, Wilson Pickett, Aretha Franklin et Delaney and Bonnie. A la fin de 1967, c'est Harold Battiste qui, entre deux séances pour Sonny & Cher, permet à Dr. John et ses amis de bénéficier de temps gratuit pour enregistrer ce qui deviendra son premier album Gris-Gris. La production est assurée par Harold Battiste, lui-même, qui tient également la basse. C'est en 1968 que sa collaboration avec Sonny & Cher prend fin. Mais le succès grandissant de l'album de Dr. John les amène à retravailler ensemble à la fin de l'année, pour l'enregistrement du deuxième album, Babylon, qui est également produit par Battiste. Pour diverses raisons, les deux hommes stoppent leur collaboration; Dr. John poursuit la carrière que l'on sait alors que Battiste entre dans une période trouble.

Années 1970

Resté sur la côte ouest, Battiste participe à divers projets, mais il est très affecté par le décès de Milton Lastie en 1972. C'est cette même année que le "froid" avec Dr. John sera rompu puisque l'on le retrouve sue l'album Gumbo, à la clarinette et au saxophone. En 1976, il fait une sélection des meilleures séances AFO et édite un coffret de quatre LPs intitulé New Orleans Heritage Jazz, 1956-1966, sur son nouveau label Opus 43. En 1979, il participe de nouveau à un disque de Dr. John, Tango Palace, en y faisant des arrangements.

Années 1980

Divers projets, toujours en Californie ! Il participe notamment à un Tribute to Edward Blackwell, à Atlanta, avec Ellis Marsalis, à la fin des années 1980. Il travaille aussi avec Alvin Batiste au sein de l'American Jazz Quintet.

Années 1990

En 1991, Ellis Marsalis, alors directeur du Jazz Studies Program de l'Université de New Orleans, le persuade de rentrer à New Orleans, après tant d'années en Californie. Il redevient donc professeur à New Orleans… et fait également revivre AFO Records ! Malgré une crise cardiaque en 1993 dont il semble s'être bien remis, il conserve une grande activité musicale et, en 1994, fait une série de concerts lors du Jazz Fest. Toujours président d'AFO Records, il se consacre à la ré-édition d'anciens enregistrements ou à l'édition d'anciennes bandes jamais publiées, mais aussi à l'enregistrement de nouveaux talents, comme Victor Goines ou Phillip Manuel. Et, enfin, en 1996, il publie un premier album sous son nom.

Harold Battiste est une figure légendaire du Rhythm and Blues de New Orleans. Créateur, avec AFO, d'un son qui inonde le pays et transforme la musique populaire de son époque, il restera un novateur, mais aussi un arrangeur de génie qui a offert le succès à Sonny & Cher ainsi qu'au tout jeune Dr. John.

Discographie

Compendium (The AFO Executives & Tammy Lynn)

AFO

1963

New Orleans Heritage Jazz 1956 - 1966

Opus 43

1976

From Bad To Badder (The American Jazz Quintet - live)

Black Saint

1987

Compendium (+ 4 bonus tracks) (The AFO Executives & Tammy Lynn)

AFO

1993

Next Generation

AFO

1996

Hal – Mel Alone Together (Melvin Lastie & Harold Battiste)

?

????

AFO Executives

AFO

????

In The Beginning (The Original American Jazz Quartet – 1956)

AFO

????

Lagniappe: The 2nd 50 years

AFO

????

Mon choix : Compendium (Everything’s Coming Up Roses / That’s All / Old Man River / LeJohn / I Left My Heart In San Francisco / The Man I Love / One Naughty Flat / Moja Hanna / The Big B. N. / Money / Old Wyne / Baby / All Alone Misty Poses / To You My Love)

Jazz et Rhythm and Blues se confondent dans cette surprenante galette (CD !) où se côtoient des musiciens de talent. Aussi à l’aise dans du Gershwin (The Man I Love) que dans une reprise Motown (Money), ils font preuve d’une maîtrise et d’une innovation exceptionnelles pour l’époque. Pas étonnant que ces musiciens-là aient fait parlé d’eux par la suite !

Pour en savoir plus : Under A Hoodoo Moon, de Dr. John & Jack Rummel (St. Martin's Press, 1994).

Internet : www.afofoundation.org