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Rod BERNARD (1938 - 2020) |
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Chanteur / Guitariste |
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Swamp Pop |
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12/08/1940 |
Naissance, à Opelousas, de Rodney Bernard. Dans sa famille, personne ne joue d’aucun instrument, mais son grand-père tient un night-club cajun, The Courtableau, à Port Barre, non loin d’Opelousas. C’est là que, vers l’âge de sept ou huit ans, il entend les orchestres cajuns de Papa Cairo, Clifton Chenier, Jimmy C. Newman et Aldus Roger. Bien que ses parents parlent français, le jeune Rodney ; à cause de la répression de l’époque, n’apprit jamais cette langue. Par contre, il apprit la guitare dès l’âge de huit ans ; Hank Williams est déjà son idole. Il a chance de le voir lors d’un concert à Opelousas, se lui serrer la main et de lui faire signer un autographe. Rod est alors fou de joie. |
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1950 - 1952 |
Il débute à la radio KSLO d’Opelousas, alors qu’il n’a que dix ans. Il y chante, accompagné à la guitare, tous les samedis matin dans une émission sponsorisée par Felix Dezauche, un commerçant local, qui s’occupe d’un groupe de jeunes musiciens, The Blue Room Gang, dans lequel Rod joue de la guitare rythmique. Mais bientôt, le jeune Rod veut animer sa propre émission… et pour cela, on lui demande de se trouver un sponsor ! |
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1952 - 1954 |
C’est ce qu’il fait ! Et il devient disc-jockey, à douze ans ! Son émission, tout d’abord d’un quart d’heure, puis d’une demi-heure, est diffusée tous les samedis après-midi. Il y chante des titres country, notamment ceux d’Hank Williams (Jambalaya, etc), et cajuns (Colinda, Diggy Liggy Lo, etc). C’est alors que le rusé M. Dezauche mis sur pied une tournée de promotion de son commerce avec les Blue Room Gang. Cette tournée donna l’occasion à Rod et le Gang d’enregistrer leur premier disque dans un studio de Waterloo, dans l’Iowa. Il s’agissait, bien entendu, de Jambalaya, d’Hank Williams ! |
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1954 - 1956 |
Mais Rod Bernard doit interrompre sa participation au Blue Room Gang pour suivre ses parents partis s’installer à Winnie, au Texas, sur l’autre rive de la rivière Sabine. Là, il rencontre Huey P. Meaux, le futur propriétaire de Crazy Cajun Records, qui est alors son coiffeur ! Ils se connaissent bien car Rod vient se faire couper les cheveux tous les quinze jours. |
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1956 |
De retour à Opelousas, Rod Bernard, suivant l’exemple de pioniers comme Big Bopper à Beaumont, Poppa Stoppa à New Orleans et Hoss Allen à Nashville, anime une émission de radio où il s’inspire largement des DJs noirs, passe du R’n’B et du R’n’R et se fait appeler Hot Rod. Il redevient Rod Bernard lorsqu’il fait les infos, par exemple. Son emploi ) la radio KSLO lui laisse le temps, le week-end, pour jouer de la musique. Il forme alors The Twisters, avec d’autres lycéens, entre 14 et 16 ans, et son frère Oscar. Ils jouent une musique créole cajun fortement tintée de rhythm and blues de New Orleans, alors en pleine effervescence. |
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1957 |
Rod and the Twisters sortent deux disques pour Carl Records, de Jake Graffignina, le propriétaire du Jake’s Music Shop à Opelousas (Linda Gail / Little Bitty Mama et All Night In Jail / Set Me Free), sans grand succès. |
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1958 - 1959 |
Ces disques éveillèrent tout de même l’intérêt de Floyd Soileau, le patron du tout nouveau label Jin Records. Il contacta Rod et lui demande s’il voulait enregister pour lui. Rod accepta la proposition et se mit en quête de deux chansons. Il avait déjà écrit Pardon Mr. Gordon et voulait chanter une chanson de King Karl, This Should Go On Forever. Excello où enregistrait King Karl avec Guitar Gable, n’aimait pas la chanson et ne voulait pas l’enregistrer. Rod Bernard demande donc à Karl de la lui apprendre ; ce qu’il fit. Ayant maintenant les deux chansons, mais pas encore de studio, Floyd Soileau fit appel à Jay D. Miller pour les enregistrer. Le disque sortit en octobre 1958 et fut un succès local quasi immédiat. Mais Floyd Soileau n’avait pas encore les reins assez solides pour faire face à la demande. Les majors commençaient à frapper à la porte et menaçaient de sortir des reprises. Finalement, c’est Leonard Chess qui fit la meilleur offre et donc distribua le disque dans tout le pays., sur sa sous-marque Argo. C’est ainsi, qu’à même pas 19 ans, Rod Bernard avait un titre dans le Top 20, en mars 1959. C’était parti : tournées nationales, avec des gens comme Chuck Berry, B.B. King, Jerry Lee Lewis et Roy Orbison, et passage dans des émissions de télévision comme American Bandstand de Dick Clark et The Alan Freed Show. Malgré toute la promotion, le disque suivant sur Argo (You’re On My Mind / My Life Is A Mystery) ne donna rien. |
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1959 - 1962 |
Bill Hall, ancien partenaire de Big Bopper, devint le manager de Rod Bernard et lui fit signer un contrat avec Mercury. Il alla enregistrer à Nashville et, bien que le premier disque qu’ils publièrent (One More Chance) grimpa à la 74ème place, tous les autres furent des flops ! Après Mercury, dont le contrat cessait en 1962, Rod enregistra quelques superbes versions de classiques du swamp pop pour Hall Way, le label de Bill Hall. Ces titres furent mis en boite à Beaumont, au Texas, avec Johnny et Edgar Winter, encore inconnus. C’est de cette époque que datent Fais Do-Do, Who’s Gonna Rock My Baby, et Colinda, chanté moitié en anglais, moitié en français. La chanson commença à bien se vendre, jusqu’au Canada. Mais Rod, âgé de 22 ans, dû intégrer l’armée ; ce qui l’empêcha de faire la promotion de la chanson. Puis Bill Hall alla s’installer à Nashville pour travailler avec Charley Pride, le chanteur de country… noir. A son retour de l’armée, Rod choisit de ne pas suivre Hall à Nashville et devint DJ et directeur des programmes de KVOL, la radio de Lafayette, avec laquelle il avait déjà travaillé en 1960. |
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1963 - fin des années 1960 |
Avec Warren Storm et Skip Stewart, un autre DJ de KVOL, il forma The Shondells. Il se produisaient dans toute la région. Parallèlement, en 1965, Rod Bernard fut embauché par KLFY-TV, une chaîne de télévision de Lafayette, qui produisait notamment Saturday Hop, une émission copie de la célèbre American Bandstand. Le groupe s’y produira régulièrement, et un album The Shondells at the Saturday Hop.sera publié, sur La Louisianne Records. Pendant cette période, Rod Bernard enregistra pour plusieurs labels, dont Scepter, SSS international, Jin ainsi que pour Huey P. Meaux. Avec Carol Rachou, le patron de La Louisianne Records, il tentera même de lancer sa propre maison de disques Arbee, dont le seul disque fut Recorded In England, un rock largement inspiré du Johnnie B. Goode de Chuck Berry. La vie était assez dure alors, Rod travaillant à la radio le jour, et jouant dans les clubs, le soir. Puis la fameuse « invasion britannique » fit son effet… |
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Années 1970 |
Toujours à KFFY-TV, Rod Bernard enregistre régulièrement des disques pour Jin Records de Floyd Soileau. Une compilation de ses titres Hall Way est également publiée. En 1976, il sort le remarquable Boogie In Black & White, avec Clifton Chenier à l’accordéon et Warren Storm à la batterie, où il joue un mélange de swamp pop et de zydeco des plus réjouissant. Il continue toujours de se produire dans tout le sud-ouest de la Louisiane. À la fin de la décennie, il enregistre un album de chansons de Fats Domino A Lot Of Dominos… qui ne sera finalement publié qu’en 1991, mais en cassette seulement ! |
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Années 1980 et 1990 |
Puis c’est le trou noir ! Rod Bernard se démène avec des problèmes d’alcool et de médicaments et arrête complètement de se produire. Il intègre quand même le South Louisiana All-Star Show monté par Johnnie Allan, en 1981. Mais l’enthousiasme est passé. Bien sûr, il travaille toujours à KFFY-TV, mais n’apparaît que très rarement sur scène. A la fin des années 1990, il semble que l’envie de jouer le reprenne et il se produit de plus en plus dans les clubs aux alentours de Lafayette. |
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Années 20xx |
En juin 2006, Rod
Bernard a enregistré une nouvelle version de sa chanson de
1968, A
Tear In The Lady’s Eye,
en réaction à l’opposition de certains
américains à la guerre d’Irak. Réalisé
à compte d’auteur, le CD ne fut distribué
qu’à très peu d’exemplaires,
essentiellement aux
radios locales. |
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20/07/2020 |
À l’approche des 80 ans, c’est la maladie qui emporte Rod Bernard. |
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Chanteur attachant et prolifique, Rod Bernard demeure un initiateur du style Swamp Pop et a influencé bon nombre d’artistes louisianais. La qualité de ses disques est évidente et procure un plaisir certain à chaque écoute. |
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Discographie (discographie détaillée) |
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At The Saturday Hp (The Shondells) |
Jin |
196? |
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Rod Bernard |
Jin |
1965 |
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Cajun Lovin’ |
Jin |
1974 |
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Nights Lights & Love Songs |
Jin |
1975 |
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Boogie In Black & White (avec Clifton Chenier) |
Jin |
1976 |
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This Should Go On Forever And Other Bayou Classics |
Crazy Cajun |
1978 |
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The Clock |
Brylen |
1982 |
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This Should Go On Forever |
Ace |
1985 |
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Lot Of Dominoes (cassette) |
Jin |
1991 |
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Swamp Pop Rock’n’Roller |
Ace |
1994 |
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Swamp Pop Legend – The Essential Collection |
Jin |
1998 |
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Cajun Blue - The Crazy Cajun Recordings |
Edsel |
1999 |
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A Louisiana Tradition |
CSP |
1999 |
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Louisiana Legends (avec Johnnie Allan, Warren Storm, Willie T, Lil’ Alfred) |
Louisiana Proud |
1999 |
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Mon choix : Cajun Blue - The Crazy Cajun Recordings (Jolie Blonde / You’re The Reason I’m In Love / Let's Start A Commotion / Small Town Talk / This Should Go On Forever / Little Green Man / Our Teenage Love / Colinda / Cajun Honey (Cajun Lovin' Style) / To Have And To Hold / Recorded In England / Fais Do Do / Cajun Blue / If You Call This Happy Baby / I Don't Miss You / Texas Roller Coaster Feeling / Help Me Put Myself Together / Wish I Could Get Up And Go To Bed / New Orleans Jail / Colinda / This Should Go On Forever / Bell Bottom Bayou / Cajun Interstate / Big Mamou / Jambalaya / Hippi-Ti-Yo / Fais-Do-Do / A Tear In The Lady's Eye) Superbe compilation des titres enregistrés pour le label de Huey P. Meaux. On y retrouve la plupart des tubes de Rod Bernard de la grande époque, de This Should Go On Forever à Fais Do-Do ! (Ne manque que le rock Pardon, Mr. Gordon). |
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Pour en savoir plus : South To Louisiana - The Music Of The Cajun Bayous, par John Broven (Pelican, 1983) ; Swamp Pop – Cajun and Creole Rhythm and Blues, par Shane K. Bernard (University Pres of Mississippi, 1996) |
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Internet : www.swamppop.com |