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Eddie
BO (1930 – 2009) |
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Pianiste,
Chanteur, Producteur, Auteur, Compositeur |
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Rhythm and Blues, Funk, Jazz |
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30/09/1930 |
Edwin
Joseph Bocage est né à New Orleans et a grandi à Algiers, de l’autre côté du Mississippi,
et dans le Ninth Ward. Sa mère jouait le blues au piano dans le style de
Professor Longhair et fut une source d’inspiration musicale pour le jeune
Eddie. Entre les deux guerres, ses oncles Peter et Charles ainsi que son
cousin Henry jouaient dans orchestres de jazz. Le jeune Eddie est donc
issu d’une famille légendaire dans la communauté du jazz traditionnel de New
Orleans. Il ira au lycée Booker T. Washington High School |
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1950 – 1955 |
Après un séjour à
l’étranger à l’armée en 1950, il s’inscrit à l’école de musique Grunewald
pour étudier le piano, l’arrangement et la théorie musicale C’est là qu’il va
développer un style unique de piano, influencé par les jazzmen Art Tatum et
Oscar Peterson. Il se consacre donc d’abord au jazz, mais passe rapidement au
rhythm and blues constatant que c’est là où se trouve l’argent. C’est sous le nom de « Spider » Bocage qu’il fait ses débuts, au Caffin Theater avec le Lastie Brothers Band, avant de devenir l’orchestre maison du Tiajuana Club, sur Rampart Street, avec son propre orchestre, le Spider Bocage Orchestra. Dès le milieu des années 50, l’impresario Percy Stovall envoi le Spider Bocage Orchestra en tournée aussi bien au Mexique que dans les états de Caroline pour accompagner des artistes comme Earl King, Big Joe Turner, Guitar Slim et Smiley Lewis. |
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1955 – 1957 |
En 1955, il est repéré
au Tiajuana Club par Johnny Vincent qui vient juste de lancer son label Ace
Records. Il sort son premier disque, I’m
Glad / Baby sous le non de
« little » Bo et joue sur I Got The Blues For You de Al Collins.
Mais les deux disques n’ont aucun succès et Johnny Vincent laisse
momentanément tomber les deux artistes. L’année suivante, il
signe avec Apollo, le label de New York. Son premier essai fut de reprendre
le I Got The Blues For You de
Collins en le rebaptisant I’m Wise.
Le titre marcha bien à New Orleans et fut un tube dans tout le Sud. Little
Richard entendit la chanson et en fit plus tard une reprise sous le nom
de Slippin’ And Sliddin’ : ce
fut l’un de ses plus grands succès ! Toujours à l’affût,
Johnny Vincent, voulant profiter de la soudaine popularité d’Eddie Bo, publia
I’m So Tired, un titre issu des
sessions Ace de 1955. Mais, n’ayant pas d’autre titre pour la face B, il
utilisa la chanson We Like Mambo de
Huey Smith, qui parut donc sous le nom d’Eddie Bo. Au grand désarroi d’Huey
Smith, la chanson commença à avoir du succès et Bo fut de plus en plus
sollicité grâce à cette chanson. Que pouvait-il faire, sinon l’inclure à son
show ? Bo fut signé par l’agence new-yorkaise Shaw Booking Agency et mit sur pied un orchestre avec le bassiste James Prevost, les saxophonistes David Lastie et Robert Parker, le guitariste Irving Banister, ainsi que le batteur Walter Lastie. Le groupe tourna dans tout le pays et accompagna des artistes comme Joe Turner, Ruth Brown, Charles Brown et Amos Milurn. Lors de ses passages à New York, il en profita pour enregistrer quelques titres pour Apollo, dont Hey, Bo qui eut un certain retentissement à New Orleans. |
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1957 – 1959 |
Après cinq singles pour
Apollo, en 1957 Bo signa chez Chess, à Chicago, pour qui il enregistra deux
singles produits par Paul Gayten. Le premier titre, Dearest Darling, fut
repris par Etta James qui en fit un tube en 1960. Sur l’autre face, Oh-Oh, soutenu par la superbe guitare
d’Edgar Blanchard, fut certainement ce qui se fit de plus proche du
rockabilly par un artiste de R’n’B de New Orleans. Ensuite, Eddie Bo refit un
bref passage chez Ace avec I Love To
Rock And Roll / I’ll Keep Trying,
un super 45t qui marcha bien dans tout le Sud. C’est à cette époque qu’il reçu une balle de revolver lors d’une dispute avec sa première femme ! Peu de temps après, ses cheveux prirent feu alors qu’il se les faisait défriser. Pour dissimuler les dégâts, Bo commença à porter un turban sur scène, puis continua une fois ses cheveux repoussés, constatant que cela lui donnait plus de présence ! |
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1959 – 1961 |
En 1959, Eddie Bo signa
avec Joe Ruffino pour son label Ric. Là il enregistra plusieurs titres mémorables,
à commencer par Hey There Baby / I Need Someone.Amené par le superbe
jeu de batterie de Walter Lastie et le puissant saxophone de Robert Parker,
les deux faces mettent bien en valeur la voix mélancolique de Bo. Pendant son
contrat avec Ric, Bo travailla également comme producteur, dénicheur de
talent, auteur-compositeur et coordinateur d’auditions. Parmi les artistes
Ric et Ron qu’il a produit ou pour lesquels il a écrit des chansons, il y
avait Martha Carter, Tommy Ridgley, Robert Parker, Johnny Adams, et Irma Thomas. Menuisier chevronné, Eddie construisit même un petit studio derrière le bureau de Ruffino dans lequel il organisa plusieurs séances d’enregistrement. Pour ses propres enregistrements, Bo écrivait généralement ses chansons, bien que beaucoup d’entre elles furent créditées à sa seconde femme, Dolores Johnson. Le deuxième disque de Bo pour le label, You Got Your Mojo Working, était une réponse au fameux Got My Mojo Working de Muddy Water. Son troisième single, Tell It Like It Is / Every Dog Got His Day, resta plusieurs semaines aux portes du Hot 100 sans parvenir à y entrer. L’autre face eut également pas mal de succès, mais les faibles capacités promotionnelles de Ric Records et du distributeur ne permirent pas au disque d’atteindre le marché national. En mars 1961, Bo publia It Must Be Love / Dinky Doo, un autre disque qui se vendit bien et que Capitol acheta. C’était la première fois que Bo enregistrait avec l’Orchestre Symphonique de New Orleans. Le disque Ric d’Eddie Bo qui se vendit le mieux fut Check Mr. Popeye / Now Let’s Popeye, sur lequel il était accompagné par l’orchestre d’AFO. Ce 45t, avec son rythme décontracté typique de New Orleans, devint extrêmement populaire dans la région et lança la mode « Popeye ». Mais Joe Ruffino tarda et quand Ric céda le titre (à Swan, un label de Philadelphie) pour une distribution nationale, la mode était passée ! Le neuvième single de Bo pour Ric fut une nouvelle version de son tube Apollo, Baby, I’m Wise avec Roaman-itis sur l’autre face. Mais la collaboration entre les deux hommes prit fin brutalement à l’issue d’une dispute, à propos des royalties, qui faillit se terminer au revolver ! Après cet événement malheureux, Bo décida de ne plus jamais enregistrer pour un blanc. |
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1962 – 1966 |
Il tint sa promesse pendant un temps. En 1962, il publia deux bons 45t sur At Last, la sous-marque d’AFO Records. Dans la foulée, quatre autres singles sortirent sur Rip Records, le label de Rip Roberts, dont l’implorant Your With Me qui, suite à des ventes prometteuses autour de New Orleans, fut cédé à Chess sur les conseils de Paul Gayten. Chess récupéra également Fare Thee Well, qui fut initialement édité sur Arrow. Bo enregistra encore un 45t pour Cinderella, le label de Irvin Smith, et quatre pour Blue Jay. Puis il fit un court passage chez NOLA où il publia Heap See (But A Few Know). |
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1966 – 1969 |
En 1966, Bo signa avec
Joe Banashak, le propriétaire des labels Instant, ALON et Seven-B. Il enregistra
quelques bons disques pour Seven-B, sous son nom et sous le pseudonyme de Roy
Ward. Le meilleur de cet époque comprenait la ballade Let Our Love Begin, le funky Fence
Of Love et le magnifique duo avec Inez Cheatham, Lover And A Friend, cédé à Capitol. Bo
produisit également des tubes pour Skip Easterling, Oliver Morgan, Eddie
Lang, Chris Kenner et Art Neville. C’est également lui qui fut responsable
des ‘overdubs’ et du mixage du tube intemporel de Roger and the Gypsies, Pass The Hatchet. Mais un désaccord
entre les deux hommes provoqua la séparation. Eddie commença alors à travailler pour les labels Scram et Power d’Al Scramuzza. C’est pendant cette période qu’il produisit des titres pour Mary Jane, Little Sony Jones, Walter Washington et Benny Spellman. En 1969, il décrocha enfin un tube national avec Hook And Sling qui, cédé à Scepter, atteint la 13ème place du hit-parade R’n’B du Billboard et se classa 73ème dans le Hot 100. Scepter publia un autre single Scram d’Eddie Bo, If It’s Good To You (It’s Good For You), mais ce dernier ne dépassa pas les limites de New Orleans et, peu de temps après, Scram fit faillite. |
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1969 – 1980 |
Bo, toujours aussi
prolifique, créa alors son propre label, Bo-Sound et commença à enregistrer
du funk moderne et du jazz. Plusieurs singles furent publiés dont Check Your Bucket en 1972. Le succès
local de ce titre intéressa Atlantic que le distribua dans tout le pays.
Cependant, vers le milieu des années 70, les concerts se faisant de plus en
plus rares, il travailla comme menuisier, la musique devenant une activité
secondaire. En 1979, Bo-Sound édita The
Other Side Of Eddie Bo, un album de jazz autoproduit. Deux ans plus tard, grâce notamment à un ticket
gagnant aux champs de courses, il ouvrit le club El Grande sur North Broad
Street. Il y jouait quasiment chaque week-end, mais le club dût fermer ses
portes au bout de deux mois seulement ! En 1984, un autre album de jazz, Watch For The Coming Of Eddie Bo, fut publié sur Bo-Sound. |
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Années 80 |
Bo passa la plupart des années 80 en Floride où il travaillait comme menuisier. |
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Depuis 1990 |
En 1990, Il rentre à New
Orleans pour se consacrer à nouveau à la musique. Il se fit engager dans plusieurs
clubs du Quartier Français et se remit à enregistrer. En pianiste solo (New Orleans Piano Solo) ou en
formation, il publie plusieurs albums funky de très haut niveau sans pour autant
rencontré le succès. Il réactive également son label Bo-Sound pour certains
albums. Eddie Bo participe à
divers projets avec d’autres artistes, par exemple avec The Dirty Dozen Brass
Band ou avec Willy DeVille sur deux de ses disques, Victory Mixture (1990) et Big
Easy Fantasy (1995) ; il partira même en tournée avec lui. En 1999, un feu
d’origine électrique détruisit l’immeuble de Tulane Avenue qui abritait une
boutique de produits diététiques. Eddie vivait dans un appartement de cet
immeuble ! Il perdit tout ce qu’il avait dans cette catastrophe, dont
ses deux claviers, des bandes d’enregistrements, certains inédits, et sa
collection personnelle de tous ses 45t !!! Les musiciens de New Orleans,
jeunes et moins jeunes, s’organisèrent pour donner un concert afin de
collecter de l’argent et lui permettre de racheter des instruments de
musique. Il se joint ensuite à
Raful Neal et Rockin’ Tabby Thomas avec lesquels il joue et tourne sous les
noms de The Louisiana Legends et The District Court avant d’enregistrer sous
le nom de The Hoodoo Kings. Il est alors reconnu
dans le monde entier et fait régulièrement des tournées internationales. Dans un tout autre
registre, avec sa sœur, il a ouvert un restaurant sur Banks Street, appelé Check Your Bucket, du nom d’un de ses
tubes des années 70. En 2005, sa maison, son
studio et son restaurant sont totalement détruits lors du passage de
l’ouragan Katrina, alors qu’il est en tournée à Paris, en France ; il
reconstruira tout lui-même grâce à ses talents de menuisier. En 2008, Eddie Bo a obtenu
le “Lifetime Achievement in Music” lors du Big Easy Music
Awards. |
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18/03/2009 |
Malheureusement, une crise cardiaque emportera
Eddie Bo en mars 2009 ; il avait 79 ans! |
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Eddie Bo est un des plus importants – bien que l’un des moins connus – des grands “funksters” des années 60 et 70. Il est l’artiste de New Orleans qui a le plus de 45t à son actif, après Fats Domino, et les géants du funk moderne, comme George Clinton, reconnaissent son héritage, aussi bien en tant qu’artiste que producteur. |
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Discographie Discographie 45t
détaillée : http://www.soulgeneration.co.uk/bodiscography.htm |
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The Other Side Of Eddie Bo |
Bo-Sound |
1979 |
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Watch For The Coming |
Bo-Sound |
1984 |
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Vippin and Voppin |
Charly |
1988 |
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Check Mr. Popeye |
Rounder |
1988 |
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Keys To The Crescent City (quatre titres + Charles
Brown, Art Neville, Willie Tee) |
Rounder |
1991 |
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Brink Of A New Day (n’existe qu’en
cassette) |
Eboville |
1993 |
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New Orleans Piano Riffs For DJs |
Tuff
City |
1993 |
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I Love To Rock And Roll |
Famous
Groove |
1994 |
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New Orleans Piano Solo |
Night
Train |
1995 |
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Eddie Bo And Friends |
Bo-Sound |
1995 |
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Oo La La, Mardi Gras |
Bo-Sound |
1996 |
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Back Up This Train |
Bo-Sound |
1996 |
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A Shoot From The Root |
Soulciety |
1997 |
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The Hook And Sling (Eddie Bo And The
Soul Finders) |
Funky
Delicacies |
1997 |
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The Best Of |
Hubbub |
1997 |
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Hole In It |
Soulciety |
1998 |
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Nine Yards Of Funk |
Bo-Sound |
1998 |
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The Hoodoo Kings (avec Raful Neal &
Rockin’ Tabby Thomas) |
Telarc |
2001 |
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We Come To Party |
Bo-Sound |
2001 |
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Eddie Bo’s Funky Funky New Orleans |
Funky
Delicacies |
2003 |
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Saints, Let’s Go Marching On In |
Bo-Sound |
2007 |
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In The Pocket With Eddie Bo! (New Orleans Rock&Roll, R&B, Soul, And Funk 1955-2007) |
Vampisoul |
2008 |
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Baby I'm Wise: The Complete Ric Singles 1959-1962 |
Ace
(UK) |
2015 |
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Mon
choix : Hole In It (You Got A Hole In
It / Stink Bomb / Back Up This Train / Down By The River / It Must Be Love /
Blackbird / Louberta / Piano Roll / Hey Senarita / Sister Lucie / I Know You
Mardi Gras / I Wanna Be In That Number / You Got A Hole In It (Instr.)) Le funk d’Eddie Bo comme je l’aime, à l’image de son sourire ! Une basse très présente, une guitare funky au possible, un peu de jazz, ce piano de fou, et une joie de vivre et une pêche très communicative. Un régal. |
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Pour en savoir plus : The Soul of New Orleans, A legacy of Rhythm and Blues de Jeff Hannusch, dans lequel l’auteur lui consacre un chapitre ; Rhythm Blues In New Orleans, de John Broven. |
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Films : River of Song, film documentaire PBS, 1999. |
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Internet : www.eddiebo.com ; http://nolafunknyc.blogspot.com/2009/03/eddie-bo-memorial-roundup.html |
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