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The Boogie Kings

(1955 - )

Groupe

Blue Eyed Soul / Swamp Pop

1955 - 1963

Deux jeunes adolescents de Eunice, en Louisiane, Doug Ardoin et Harris Miler, découvrent les plaisirs de jouer de la musique ensemble. Cependant, les deux guitaristes ressentent vite le besoin d’un batteur et d’un chanteur. Bert Miller est celui qu’ils recherchent : il chante et joue de la batterie. Le trio commence à répéter et, sur une suggestion de la sœur de Bert, adopte le nom de Boogie Kings. Dès le début le groupe ne joue que des tubes de rhythm and blues noir, mais se rend aussi compte qu’il leur manque un bassiste. Mark Jenkins rejoint alors le groupe qui commence à se produire dans les night clubs locaux. Devant le succès grandissant, Doug décida d’engager deux cuivres ; ce qui fut fait avec Bryan Leger et Mike Pollard. L’étape suivante fut un engagement, en week-end, au Pelican Club de Marksville où leur réputation va progressivement s’établir. Un soir, le groupe était programmé pour ouvrir le spectacle avant Fats Domino, puis terminer la nuit. La première partie des Boogie Kings fut fantastique, à tel point que Fat insista pour que Doug monte sur scène et s’installe avec lui au piano. Doug, très fier de cet honneur, resta pendant quelques morceaux, puis rentra dans les loges. Après son set, Fats retrouva Doug et le complimenta sur son groupe. De retour sur scène, les Boogie Kings reçurent un accueil d’enfer et tous les musiciens de l’orchestre de Fats restèrent pour les écouter. Après une heure et demi d’un concert des plus électriques, la foule en délire vit Fats remonter sur la scène pour féliciter Doug en lui disant : « Les Boogie Kings sont les plus grands ! ».

1963 – 1964

En 1963, le groupe est tellement demandé qu’ils décidèrent de devenir professionnels. Mais cette décision provoqia une scission. Doug Ardoin choisit de poursuivre ses études universitaires alors que Bert Miller préféra former son propre groupe, The Swing Kings. Harris Miller devint alors le nouveau leader des Boogie Kings. Le chanteur G.G. Shinn fut engagé, puis le saxophoniste Murphy Buford.

A l’automne 1963, le trompettiste Ned Theall, alors saxophoniste au sein des Echoes, décide, avec Jerome Verret le leader du groupe de se rendre au Oriental Club de New Iberia pour assister à l’un des concerts des Boogie Kings. Ces trois heures de musique vont changer le cours de sa vie. Ned est subjugué. Il est persuadé d’avoir entendu le meilleur orchestre du monde et, e plus, il constate qu’ils n’ont même pas de trompettiste ! Dès lors, il n’a plus qu’une idée en tête : faire partie des Boogie Kings. Quelque temps plus tard, Dan Silas, le saxophoniste de Randy and the Rockets, lui apprit que les Boogie Kings étaient en pleine restructuration et recherchaient donc des cuivres. Le groupe jouait alors tous les jeudis et vendredis soirs au Bamboo Club de Lake Charles, où Ned se rendit dans l’espoir de se faire engager. Par chance, une fois dans la place, il s’aperçut qu’il connaissait l’un des musiciens, le saxophoniste Murphy Bruford. Ce dernier lui proposa alors de les rejoindre sur scène avec sa trompette. Il ne pouvait rêver meilleur scénario et donna tout ce qu’il avait. A la fin du concert, Harris Miller paya les musiciens, y compris Ned à qui il remit 80 dollars… à son grand étonnement, lui qui ne gagnait même pas ça en une semaine ! Puis Harris prononça les mots magiques qu’il attendait : « Hey, mec, tu ne chercherais pas un job ? ». Ned fit officiellement ses débuts avec les Boogie Kings pour la nuit de la Saint-Sylvestre, le 31 décembre 1963. La composition du groupe est alors la suivante : Harris Miller, le leader, à la guitare ; Jack Hall, à la basse ; Clint West, à la batterie et Bryan Leger, à l’orgue Hammond, pour la section rythmique ; La section de cuivre était composée de Mike Pollard, Murphy Bruford, Ned Theall, G.G. Shinn et Dan Silas, auxquels se joignit Norris Nadeaux, début 1964. Le chant était assuré par G.G. Shinn et Clint West.

A cette époque, tous les concerts du groupe sont complets ; Les Boogie Kings sont alors l’un des meilleurs orchestres du moment. Mais ce succès a ses revers : sexe, drogue et Rock’n’Roll ! et les dégâts que cela peut occasionner. Peu importe. Le succès est tel en Louisiane que les engagements commencent à arriver des états voisins. Tout d’abord à Ford Lauderdale, en Floride où ils restèrent six semaines à remplir le Beachcomber Lounge. Puis, malheureusement, le comportement incontrôlable de Harris Miller amena les autres membres du groupe à se séparer de lui. Clint West devint alors le leader mais Ned Theall, qui déjà était responsable de tous les arrangements de l’orchestre, attendait son heure.

1964

En 1964, les Boogie Kings, avec Clint West à leur tête, sont à un niveau qu’ils ne retrouveront plus par la suite. L’argent coule à flots, les filles, la drogue… La composition du groupe évolue : Jack Hall passe passa à la guitare et Clint West engagea Johnny Giordano comme bassiste ; mais il pouvait aussi chanter et jouer des claviers. Le groupe comprenait alors quatre musiciens capable de chanter : Clint West, bien sûr, et G.G. Shinn, Gary Walker et maintenant Johnny Giordano. C’est à cette époque que Clint West négocia un contrat avec Jin Records de Floyd Soileau. Un album fut enregistré et édité… sous le nom de "Clint West and the Fabulous Boogie Kings", ce qui allait provoquer quelques tensions au sein du groupe. De plus, Clint West, qui avait des problèmes conjugaux, leur faisait parfois faux bond. Un jour, alors que le groupe devait jouer au Continental Club de Beaumont, West n’était toujours pas arrivé à 21h et personne ne savait où le trouver. Alors que Ned Theall était en train de pester, assis sur le tabouret de l’orgue, un jeune garçon albinos s’approcha et lui demanda : « Qu’est-ce qui ne va pas ? » Ned lui dit laconiquement : « Tu ne peux pas comprendre ». Mais le gamin insista et Ned lui expliqua que, leur batteur n’étant pas là, ils ne pouvaient pas jouer. Ce à quoi le gamin répondit : « Je peux assurer le boulot ». En rigolant, Ned répliqua qu’il était beaucup trop jeune pour jouer la musique que jouait le groupe. Mais le gamin répéta calmement : « Je peux assurer le boulot ». Impressionné, Ned crut le môme et lui demanda son nom : Edgar Winter ! Il lui proposa de jouer un morceau et, si ça se passait bien, il pourrait continuer. Non seulement, c’est ce qui se passa, mais parfois il jouait même mieux que Clint West !

Juste avant Noël 1964, le Moulin Rouge proposa à Clint West un partenariat à 50 % sur les profits. Bien qu’a priori intéressante, la répartition des gains était en fait de 20 % pour West et 30 % pour le reste du groupe, soit dix personnes. Ned Theall, mécontent, demanda à West de partager équitablement les 50 % entre tous les membres de l’orchestre, avec une double part pour lui en tant que leader. Mais Clint West refusa et se mit tout le groupe à dos. Finalement, ils décidèrent de se séparer de Clint West, et Ned Theall fut désigné comme nouveau leader. Le dernier concer avec Clint West eut lieu pour la nuit de la Saint-Sylvestre 1964.

1965

Ned Theall, en tant que nouveau leader, mit son empreinte sur l’orchestre : nouvelle garde-robe, nouveau répertoire et nouveau show. Il voulut également enregistrer rapidement un single. Avec l’aide d’un ami, Charles Bailly, qui possédait un magnétophone, ils décidèrent de s’enregistrer, live, au Bamboo Club de Galvestone, le club possédant une bonne acoustique. Deux titres, The Crying Man et Two Steps From The Blues, furent mis en boîte avec G.G. Shinn au chant. Une centaine de 45t furent gravés et Ned alla en donner à toutes les stations de radio de Louisiane, de l’ouest du Mississippi et de l’est du Texas. Lors de son passage à Baton Rouge, il chercha à savoir où jouer, et apprit que c’était au Golden Slipper. Il y rencontra Sam Montel qui avait déjà entendu le disque et pensait qu’il pourrait en faire un tube. Un contrat pour un album fut signé. Les radios de toutle sud de la Louisiane se mirent à passer le disque et finalement Sam Montel réserva le studio de Cosimo Matassa, à New Orleans, pour cinq jours, s’excusant de ne pouvoir le faire pour plus longtemps. Ned, quant à lui, pensait qu’il ne leur faudrait que trois jours. Le producteur et les ingénieurs du son furent stupéfaits de constater que le groupe avait enregistré toutes les pistes instrumentales en moins de quatre heures. Une ou deux prises furent suffisantes pour chaque titre. Puis ils enregistrèrent les voix, et le tout prit environ huit heures ! Le résultat, mémorable, fut publié sous le titre Montel Presents The Boogie Kings …et se vend toujours honorablement, plus de quarante ans après !

A cette époque, G.G. Shinn et Jerry ‘Count Jackson’ Lacroix formaient un duo vocal appelé ‘The King Brothers’ qui ouvraient le spectacle des Boogie Kings. Tout leur souriait. Bien que l’arrivée des Beatles obligea beaucaoup de groupes à s’adapter, les Boogie Kings firent le serment de ne jamais changer de style. Le hasard permit à Ned Theall de faire la connaissance de Bob Dee, un impresario du Nevada qui cherchait à faire venir l’orchestre. Leur premier contrat consistait en deux soirées au Harvey’s Casino and Hotel à Lake Tahoe suivi de plusieurs soirées au Golden Casino de Reno. La tournée faillit mal se terminer, le propriétaire du Golden Casino refusant de payer le groupe. Un gros coup de bluff et tout rentra dans l’ordre mais, avant de quitter Reno, l’orchestre avait perdu son clavier, deux saxophonistes et un chanteur, en plus du batteur parti pour le Vietnam.

Quant à Clint West, il avait monté son propre orchestre avec, entre autre, Tommy McLain, Jon Smith, Tilly Lawrence, Gary Walker et Johnny Giordano. Le tube Try To Find Another Man, chanté en duo par West et McLain, date de cette époque.

Il y avait donc maintenant deux orchestres qui portaient le même nom ! Clint West était sur le point de sortir l’album At The Purple Peacock et Ned Theall, qui utilisé le nom ‘Boogie Kings’ bien avant, intenta une action en justice et West fut obligé de modifier le nom du groupe en Clint West and the Kings. Un autocollant dût alors être apposé sur la pochette de l’album, déjà imprimée, afin de camoufler le mot ‘Boogie’. Avant la fin de l’année, les Boogie Kings auront même l’honneur d’être le groupe de scène d’Otis Redding lors d’une soirée d’octobre au Bamboo Club de Lake Charles. La nuit se finira par un bœuf mémorable au Evelyn’s Lounge.

1966 – 1968

En 1966, l’orchestre est toujours au sommet. En mai, Bob Dee leur trouva un engagement à Lake Tahoe où ils doivent jouer tous les jours de minuit à six heures du matin. Tous les musiciens de la ville viennent les voir après leur prestation ; c’est le cas des Righteous Brothers, mais aussi de Louis Prima et de son orchestre.

A la fin de l’année, G.G. Shinn décida de quitter les Boogie Kings pour former son propre orchestre, au grand dam de Ned Theall. Il fut remplacé par Duane Yates. Le groupe était maintenant bien implanté dans tout le sud, y compris Houston, au Texas, et New Orleans et ils décidèrent d’enregistrer un nouveau disque. Ce fut fait au One Track Studio de Sam Montel à Baton Rouge, en une après-midi. L’album, Blue Eyed Soul, publié début 1967 contenant Philly Walk, un titre de Ned Theall. Philly Walk, publié en 45t avec Tell It Like It Is en face B, commença à bien marcher. Mais, suite au succès de la version de Tell It Like It Is de Aaron Neville, Sam Montel poussa la version des Boogie Kings et Philly Walk passa aux oubliettes ! A ce moment-là, la drogue, l’alcool et les pilules faisaient des ravages au sein du groupe et générèrent d’énormes tensions. Deux clans, celui de Jerry Lacroix et celui de Ned Theall s’opposaient. Mais il semblait que rien ne pouvait perturber la cohésion d’un orchestre qui allait cartonner à Hollywood et à Las Vegas. Finalement Jerry Lacroix quitta le groupe et laissa à Duane Yates et Gary Walker le soin d’assurer le chant, seulement quinze jours avant de partir pour Hollywood.

Sam Montel leur proposa d’enregistrer un album en public au Bamboo Hut de Galveston. Bert Frilot fut engagé et vint de Houston avec le matériel d’enregistrement et deux micros, qu’il mit tout simplement devant chaque enceinte. Montel publira le disque en 1968 et c’est Ned Theall qui écrivit les notes de pochette de Live at the Bamboo Hut on the Beach In galvestone. C’est à l’été 1967, juste après l’enregistrement que l’orchestre partit en tournée en Californie et au Nevada. Les premiers concerts furent donnés à San Francisco au moment du festival de Monterey. Sachant que Janis Joplin, Otis Redding et Jimi Hendrix devaient y jouer, tous les membres de l’orchestre décidèrent d’y aller. Ils eurent la chance de rencontrer les trois artistes ensemble et d’assister à leurs concerts. Après le festival, ils entamèrent un engagement à Hollywood sur le Sunset Strip où tout le gratin de la ville vint les entendre. Malheureusement, une maison de disque persuada Duane Yates de tenter l’aventure en solo et il quitta l’orchestre. Ned Theall appela Little Alfred à la rescousse.

C’est à cette époque qu’il voulurent changer leur nom en The American Soul Train. La section de cuivre fut engagée pour jouer sur le deuxième album du Buffalo Springfield et ils en profitèrent pour négocier quelques heures de studio et enregistrer quelques chansons avec Gary Walker et Little Alfred bien qu’aucun contrat n’ait été signé. Lee Magid produisait les sessions, mais un seul 45t fut édité, Can You Dig It, chanté par Little Alfred, sous le nom de The American Soul Train. L’orchestre termina son engagement à Hollywood et obtint toujours autant de succès. Ils eurent plusieurs offres de maisons de disques, Columbia, RCA et MGM, mais les membres de l’orchestre refusèrent de s’engager pour une durée minimum de sept ans comme le voulaient les labels, au grand regret de Ned Theall qui ne parvint pas à les convaincre.

Duane Yates n’ayant pas signé le contrat qu’il espérait, il réintégra finalement les Boogie Kings qui terminèrent en beauté leur engagement à Hollywood et partirent pour Las Vegas.

Ils devaient jouer au Pussy Cat A-Go-Go entre Ike & Tina Turner et Sly & The Family Stone, deux des meilleures formations de R’n’B du moment. Après quelques soirées difficiles, l’orchestre fut égal à lui-même et remporta un beau succès.

Mais en 1968, les esprits évoluaient. Manifestement, la situation ne convenait plus à la majorité des membres de l’orchestre qui pensaient qu’ils n’avaient plus besoin d’un leader et décidèrent de s’autogérer. Ned Theall se retrouva simple trompettiste et c’est Jack Hall qui tenait dorénavant les rennes. Mais ce n’était pas évident et l’activité du groupe commença à décliner… et les revenus de ses membres avec, évidemment ! Un nouveau saxophoniste, le fabuleux Jon Smith, fut engagé. Il ne fallut pas longtemps à Ned et Jon pour former leur propre groupe, emmenant avec eux les chanteurs Duane Yates et Gary Walker. Coup dur pour les Boogie Kings ! Après deux semaines d’intense répétition, le nouveau groupe, What’s Happening, était prêt. Mais une malheureuse histoire de marijuana dans un motel de Lake Charles mettra fin à l’aventure au bout de deux mois seulement. Bien sûr, pendant ce temps-là, les Boogie Kings de Jack Hall s’en sortaient bien mieux.

Jon Smith, Duane Yates et Ned Theall n’allaient pas en rester là. Ils engagèrent une nouvelle section rythmique et remontèrent What’s Happening. Ils ajoutèrent un light show à leur concert et devinrent un véritable ‘psychedelic soul band’. Ils eurent même l’opportunité d’enregistrer quatre instrumentaux : deux, I’m Not A Fool Anymore et Nothing Takes The Place Of You dans une veine swamp pop classique et deux autres, Eleanor Rigby et Bang Bang, dans une veine psychédélique. Ils clôtureront l’année par un concert au Coconut Grove à Baton Rouge qui leur rapporta 3800 dollars ! 

1969

En pleine popularité, Duane annonça qu’il quittait le groupe pour tenter sa chance à Las Vegas. L’orchestre, une fois de plus, dû trouver d’autres chanteurs comme Gary Walker, Luther Kent, et même Clint West ! Puis Duane téléphona de Las Vegas pour proposer à l’orchestre de devenir l’orchestre attitré du club The Psychiatrist où il chantait. The Psychiatrist était le club de plus branché de Las Vegas, le club où venaient se détendre tous les artistes après leur spectacle… mais où la cocaïne régnait en maître ! Puis, alors que leur show faisait un malheur, Duane décida tout d’un coup de quitter le show business. Les Boogie Kings se retrouvaient une fois de plus plantés à cause d’un chanteur. Suite à ça et pour diverses raisons, le groupe se sépara peu de temps après. Ned et Jon décidèrent d’aller à Hollywood et de tenter de trouver du boulot  comme section de cuivres. Mais l’épisode hollywoodien s’avéra des plus désastreux et les deux lurons n’eurent plus que le choix de rentrer en Louisiane, complètement rétamés. La chance sembla leur sourire à nouveau lorsqu’un impresario de Boston appela pour leur proposer en engagement en Nouvelle Angleterre. Ils formèrent une nouvelle version de What’s Happening qu’ils appelèrent Whispering Dust and the Secret Dog, avec Benny Graeff à la basse. Ils commencèrent leur engagement dans un club d’Everett, dans le Massassuchetts puis le plus grand des hasards les emmena à jouer à Boston, au club The Downtowner où ils passaient après… les Boogie Kings de Jack Hall qui se trouvaient dans la région au même moment ! Ils terminèrent leur tournée au Luther’s, fatigués de la neige, des mauvais plans et de la dope. Ils rentrèrent à la maison, complètements abattus et désespérés. Ce fut la fin de la quatrième version de What’s Happening. Ironiquement, les Boogie Kings de Jack Hall étaient aussi sur la mauvaise pente.

Puis, encore par l’intermédiaire de Duane Yates, Ned Theall partit à nouveau à Las Vegas, où une nouvelle galère l’attendait. Sans le sou, il logeait chez Yates dans des conditions telles qu’ils en vinrent à voler de quoi manger. Finalement, il vécut un temps grâce aux arnaques qu’organisait Gwen, sa compagne, avec les gens âgés qui venaient jouer dans les casinos de Las Vegas. Mi 1969, il semblait que ce soit vraiment la fin des Boogie Kings : Ned Theall était au plus bas, en plein dans la drogue, et les Boogie Kings de Jack Hall s’étaient séparés.

Année 70 & 80

Au début des années 70, diverses tentatives de reformation de l’orchestre eurent lieu, mais rien de très solide. Pas mal d’anciens musiciens des Boogie Kings avaient rejoint le groupe d’Edgar Winter, White Trash.

Ayant constaté que des promoteurs essayaient d’organiser des ‘réunions’ des Boogie Kings, Ned Theall entama les démarches pour déposer officiellement le nom et ainsi disposer des droits d’utilisation.  EN 1981, une Boogie Kings Reunion fut mise sur pied et Ned, qui eut vent de l’opération, conclut un accord amiable avec les organisateurs pour 200 dollars. Il constata surtout que, malgré une prestation médiocre, le public adora et que le concert rapporta plus de 30 000 dollars ! Quant à la vente des produits dérivés, T-shirts et K7, elle se monta à 3 000 dollars. Ce fut la dernière fois que le nom des Boogie Kings fut utilisé sans son plein assentiment, car il obtint légalement la possession du nom en 1982. La Boogie King Reunion suivante, organisée à Beaumont, au Texas, lui permit d’empocher 1700 dollars ! Du coup, en décembre 1982, Ned Theall engagea tous les membres originaux pour une nouvelle réunion des Boogie Kings. Le succès remporté et l’argent gagné l’avaient convaincu qu’il y avait quelque chose à faire. Une autre réunion, à Lake Arthur, confirma le sentiment. En 1983, Ned Theall et Jon Smith montèrent une nouvelle formation, mais se rendirent vite compte que les temps et les goûts avaient changé. Ned se rabattit alors sur un emploi dans un magasin de musique à Lafayette. Au bout de deux ans, il ovrit son propre magasin, Ned’s Music, qu’il dirigera avec son associé, Lee Warnken, pendant cinq ans.

Pourtant, en 1988, le démon de la scène le reprend et il intègre un groupe du nom de Speed Limit avec lequel il joue le répertoire des Boogie Kings. C’est la formation qu’il utilisera pour la réunion de 1988 qui sera enregistrée, et publiée plus tard sous le nom de Cajun Soul.

Un an plus tard, fin 1989, après un spectacle de rock à Baton Rouge pour lequel il avait été engagé, Ned est abordé par Frank Parker. Ce dernier lui demande combien ça lui coûterait d’engager les Boogie Kings pour le soirée de la Saint-Sylvestre. Ned exigea 10 000 dollars et la soirée eut lieu au Centroplex de Baton Rouge et, une fois encore, fut enregistrée. Le CD fut publié par Floyd Soileau sur Jin Records en 1992 sous le titre Nine Lives ; il était dédié à Frank Parker.

1991 – 2009

La réunion suivante eut lieu le 6 août 1991 dans la petite localité de Cade, en Louisiane. Tout se passa bien et après le concert tout le monde se dit « à l’année prochaine ». Mais le lendemain matin, c’est la sonnerie du téléphone qui réveilla Ned Theall, et à la fin de la journée, il avait des propositions dans sept ou huit clubs pour plus de 25 000 dollars ! Avec de telles garanties, il n’eut pas trop de mal à convaincre Duane Yates et Jerry Lacroix de se lancer dans une nouvelle aventure. Ned ferma son magasin de musique, vendit tout ce qu’il possédait et investit le tout dans la promotion de l’orchestre. Grâce à quelques amis inconditionnels du groupe qui leur donnèrent un coup de pouce, ce comeback fut enfin le bon. Les concerts s’enchaînèrent et le public était au rendez-vous. En février 1992, leur concert au Liberty Theater de Eunice fut filmé et est maintenant disponible en DVD. Malgré des hauts et des bas, l’orchestre resta debout : les concerts se succédèrent et des CDs étaient en projet. Pour la première fois, ils firent une apparition au New Orleans Jazz & Heritage Festival, en 1993. Ils réussirent à se maintenir pendant des années, surtout à travers le circuit des casinos, très lucratif. Les changements de personnel étaient toujours aussi fréquents et Willie Tee joua souvent avec eux. En 1995, Jon et Ned réussirent un tour de force en publiant un magnifique CD avec des reprises des grands tubes de swamp pop des années 60, chantés par leurs interprètes originaux : Johnnie Allan, Lil’ Bob, Cookie, Warren Storm, Tommy McLain, Charles Mann, Rod Bernard, Dale & Grace. Impressionnant ! Ils arrivèrent finalement à maintenir une activité constante permettant au groupe de continuer et, toujours avec Floyd Soileau et Jin Records, mais aussi avec CSP, à sortir plusieurs CDs de qualité.

Leur dernier – nouveau – disque, Never Go Away, a été publié en 2007 avec, entre autres, le jeune Mark Klein chantant une reprise de Sick And Tired de Chris Kenner et, bien sûr, Ned Theall et G.G. Shinn, toujours en grande forme.

Le 23 mai 2009, Duane Yates est le premier de la bande à quitter ce monde ; il avait 66 ans.

08/01/2010

Le 8 janvier 2010, c’est au tour de Ned Theall de nous quitter, à l’hôpital de Lafayette, à 72 ans (il était né le 26/11/1937). Avec sa disparition, il semble que le point final de l’aventure des Fabulous Boogie Kings soit enfin écrit !

Depuis 2010

Le 16 mai 2010, au LMHOF d’Erwinville, en Louisiane, les Boogie Kings et Ned Theall en personne furent enfin intronisés au Louisiana Music Hall Of Fame, après 55 ans d’une fantastique carrière.

Avant de disparaître Ned Theall et Mark Miller avaient produit les derniers enregistrements du groupe dans les studios de MTE à Crowley, en 2009. Finalement, MTE publiera le disque en 2016, bien entendu, dédié à Ned Theall.

Entre temps, et malgré ce que l’on pouvait penser, le groupe a été repris en main par Doug Ardoin, avec Bert Miller, et continue à se produire dans la région.

Fabuleux orchestre ; Fabuleuse musique ; Fabuleuse aventure ; Les Boogie Kings seront toujours les Fabulous Boogie Kings. Les quatre albums des années 60 sont un magnifique témoignage de ce qu’ils étaient capables de faire. Tous ceux qui eurent la chance d’assister à l’un de leurs concerts à cette époque en gardent… un fabuleux souvenir !

Discographie (discographie détaillée)

Clint West & the Fabulous Boogie Kings

Jin

1964

Montel Presents The Boogie Kings

Montel

1966

Blue Eyed Soul

Montel

1967

Live at The Bamboo Hut

Montel

1968

Nine Lives

Jin

1992

Louisiana Country Soul

Jin

1993

Swamp Boogie Blues

Jin

1995

Swamp Boogie Blues – Pt. 2

Jin

1996

Walkin’ The Dog

CSP

1999

Bourbon Street Live

Spice

2007

Never Go Away

Spice

2007

Cajun Soul (Live 1988)

Spice

?

Legacy

MTE

2016

yboogkin

Mon choix : Montel Presents The Boogie Kings (Fever, Crying Man / Harlem Shuffle / Funny / You've Lost That Loving Feeling / Devil Of A Girl / Land Of a Thousand Dances / I Can't Stop Loving You / (I Can’t Get No) Satisfaction / a Change Is Gonna Come / Lonely Room)

Le premier album pour Montel, après le premier avec Clint West chez Jin et le second ‘faux’ album enregistré par Clint West ! C’est le groupe de la grande époque, enregistré en une journée dans le célèbre studio de Cosimo Matassa à New Orleans, capable d’attirer les foules avec leur soul blanche dévastatrice.

Pour en savoir plus : The Fabulous Incredible Story of Louisiana Legendary Supergroup The Boogie Kings, de Ned Theall, Ned Theall Publishing Company, 2004

Films : Live at The Liberty Theater, Eunice, Louisiana – 1992; “Back In Time” Classic 1993 Performance, recorded In Cade, Louisiana – 2010 – Spice Records

Internet : www.boogiekings.net