Chuck CARBO

(1926 - 2008)

Chanteur

Rhythm and Blues

11/01/1926

Naissance de Hayward Carbo, à Houma, en Louisiane. Au début des années 30, sa famille vient s’installer dans le quartier de Zion City, à New Orleans. Hayward, surnommé ‘Chuck’, et son frère Leonard, surnommé ‘Chick’, chantent dès leur plus jeune âge tous les dimanches dans le chœur de l’église où son père est pasteur. Outre le gospel, les deux frères sont influencés par le trio de Nat King Cole et le Golden Gate Quartet.

1945 – 1952

Après la seconde guerre mondiale, pendant laquelle les deux frères servent dans les gardes-côtes, ils sont invités à rejoindre The Zion City Harmonizers Gospel Quartet. En 1952, le groupe adopta le nouveau nom de Delta Southernaires.

1953 – 1957

L’année suivante, sur les conseils de l’impresario Phyllis Boone, ils effectuent une audition pour Cosimo Matassa. Ils vont finalement enregistrer I Didn’t Want To Do It et You’re The One, pour Imperial sous la direction de Dave Bartholomew.

Le disque sort sous le nom des Spiders et I Didn’t Want To Do It monte jusqu’à la troisième place de hit-parade R’n’B en février 1953, et le chatoyant You’re The One suivit à la huitième place. Pendant quatre ans, The Spiders seront « le » groupe vocal de New Orleans jusqu’à leur séparation définitive, en 1957.

1957 – 1961

Imperial publia deux singles sous son propre nom en 1957 alors qu’il continuait à se produire régulièrement à New Orleans, dans des endroits comme le Dew Drop Inn et le Tiajuana. En 1060, le pianiste Edward Frank produisit une séance d’enregistrement pour le label ERAH (Every Record A Hit) de Carleton Picou, qui ne fut jamais publiée.

1961 – 1963

En 1961, Chuck Carbo commença à collaborer avec Mac Rebennack qui travaillait, alors, comme A&R man pour le label Ace de Johnny Vincent. Son premier single fut, en fait, produit par Earl King ; il s’agissait d’une reprise d’une chanson de Lee Dorsey, Lover Of Loves et de I Wake Up Crying, que Johnny Vincent sortit sur son tout nouveau label Teem Records. Mais le disque ne se vendit pas. Le résultat des sessions avec Mac Rebennack parurent tout d’abord sur Rex, le label de Cosimo Matassa que distribuait Vincent. Promises fut N° 1 à New Orleans et marcha très bien dans l’Est (N° 1 Philadelphie), surtout dans le New Jersey, ce qui l’amena à faire une tournée promotionnelle dans tout le nord-est. Malheureusement, le single suivant, Picture Of You / Lucy Brown, ne parvint pas au même niveau. En 1962, la faillite de Rex amena Carbo à passer chez Ace qui publia Tears, Tears And More Tears, une ballade pop qui marcha très bien à New Orleans, notamment auprès des adolescents. Son dernier disque pour Ace fut Cutting Out / Out On A Limb, publié peu de temps avant la faillite du label.

1963 – 1982

Mac Rebennack fut contraint de quitter New orleans et Carbo, qui avait une grande famille à nourrir, dut se résoudre à prendre un boulot dans un entrepôt de bois. Pendant vingt ans, Chuck Carbo n’aura que par deux fois l’opportunité de revenir à la musique. La première fois en 1969 avec Can I Be Your Squeeze / Take Care Of Your Homework Friend, sorti sur le label Fire Ball d’Eddie Bo et cédé à Canyon Records. Cette parution fut suivie de quelques concerts, mais Carbo n’était pas encore prêt à lâcher son job régulier. La seconde fois, en 1971, c’était pour le label Superdome de Senator Jones qu’il enregistra I’m Gonna Mary Your Daughter / Black People’s Music, avec Dave Bartholomew, Edward Frank et Leonard Lee. Mais ce n’était pas le genre de chanson qui lui convenait.

1982 – 1988

En 1982, Carbo fut invité à participer à un concert de bienfaisance organisé par la radio WWOZ à l’auditorium municipal de New Orleans. Il n’avait pas chanté depuis des années, mais, ce soir-là, la magie opéra et lui redonna l’envie de revenir. Encouragé par d’autres musiciens et des fans, il se reprit peu à peu la scène. On le vit régulièrement au Maple Leaf Bar avec James Booker et Red Tyler, ainsi qu’au NOJ&HF.

1988 – 1993

En 1988, Carbo eut l’occasion d’enregistrer son premier album solo, Life’s Ups And Downs, avec le guitariste Alvin Robinson. Superbement accompagné par le Ed Frank’s New Orleans Rhythm and Blues Band, le résultat est une belle réussite. L’album fut publié sur le label anglais 504 de Mike Dine (504 est l’indicatif de zone de New Orleans). A des fins promotionnelles, Carbo demanda à Dine de sortir un 45t. Ils se mirent d’accord pour publier Second Line On Monday / Meet Me With Your Black Drawers On juste à temps pour le Mardi Gras de 1989. Puis les acheteurs du disque se mirent à écouter aussi la seconde face ! Il y eut alors une forte demande pour la chanson et Dine envoya plusieurs milliers de 45t et plusieurs centaines d’albums à New Orleans où la chanson prit son envol. Bien qu’à part WWOZ quasiment aucune radio ne diffusa la chanson, elle devint un gros succès de juke-box et lui permit, un peu plus tard, de décrocher un contrat avec Rounder Records.

1993 – 2008

Son retour se concrétise en 1993 avec la parution de Drawers Trouble, son premier album pour Rounder Records, dans lequel il reprend son fameux Meet Me With Your Black Drawers On. Ses vieux potes, Edward Frank et Mac Rebennack (Dr. John) participent à l’album. Trois ans plus tard, en 1996, il récidive avec The Barber’s Blues, qui contient notamment un titre "second line" typique, Hey, Mardi Gras (Here I Am), sous la houlette de Edward Frank et Scott Billington.

11/07/2008

Décès de Chuck Carbo, après une longue maladie. Il avait 82 ans.

Chuck Carbo possédait l’une des voix les plus onctueuses et les plus riches de New Orleans. De Dave Bartholomew à Aaron Neville et Dr. John, tous le considéraient comme un très grand chanteur, si ce n’est le plus grand, grâce à sa capacité à faire passer des émotions à l’aide de sa simple voix.

Discographie

Life Ups And Downs

504

1989

Drawers Trouble

Rounder

1993

The Barber’s Blues

Rounder

1996

Mon choix : The Barber’s Blues (Hey, Mardi Gras (Here I Am) / I’d Rather Beg / Blues Medley : Hootie Blues / Everyday I Have The Blues / The Very Thought Of You / The Barber’s Blues / Black Widow / Too Many Goodbyes / A World I Never Made / Don’t Boogie With Your Black Drawers Off / Promises)

Avec l’aide d’une pléiade de superbes musiciens de la Cité du Croissant, le dernier disque de Chuck Carbo est un réel plaisir de bout en bout. Du carnavalesque Hey, Mardi Gras (Here I Am) écrit par Chuck lui-même et Edward Frank à Promises, de Dr. John, les 10 titres de ce disque ne peuvent que nous faire regretter qu’il n’ait pas eu de successeur !

Pour en savoir plus : The Soul of New Orleans, A legacy of Rhythm and Blues de Jeff Hannusch, dans lequel l’auteur lui consacre un chapitre ;