Jay CHEVALIER

(1936 - )

Chanteur / Guitariste

Rockabilly / Country

04/03/1939

Naissance de Jay, à Forest Hill, en Louisiane, fils de Joseph E. et Jewell Goodman Chevalier. Il grandit à moitié nu dans les collines de pins sur les rves du bayou Bœuf, dans une famille très très pauvre. Il a dix ans lorsqu’à Noël, son père lui offre une guitare bon marché – Sivertone – achetée par correspondance chez Sears & Roebuck. Son principal problème alors, dans sa campagne paumée, est d’accorder l’instrument ! C’est finalement un gars nommé Baker Tyler qui le lui apprendra. Il commence à jouer avec son cousin, Alious Richard ‘Pee Wee’ Chevalier et Dewey et Tiny Jenkins, d’autres membres de sa famille.

A 17 ans, il écoute les retransmissions radiophoniques du chanteur de country Dallas H. ‘Didle’ Babb, Jr. sur la radio d’Oakdale KREH. Il devient bientôt son ami et va participer aussi aux émissions, souvent avec Pee Wee Chevalier, se faisant appelé « Jay Chevalier – The Cajun Sensation » ou « The Cajun Balladeer ». Grace aux multiples lettres de fans que reçois la radio, il ne tarde pas à trouver un sponsor.

1954 – 1958

Après avoir quitté la Forest Hill High School, le jeune Jay s’engage dans les Marines pour quatre ans. Quatre ans à parcourir le monde et …à jouer de la musique à chaque occasion ! C’est à cette période qu’il va monter son vrai premier groupe. Et en 1957, il a même l’opportunité de participer à l’émission de télévision de Jimmy Dean.

1958 – Eté 1959

Le sergent Chevalier, démobilisé en 1958, renoue avec Pee Wee, Dewey et Tiny et reprend la scène, tout en s’inscrivant à l’université de Pineville. C’est sa femme qui assure alors principalement la subsistance de la famille. L’activité musicale prend vite le dessus et Jay Chevalier devient musicien professionnel à temps plein. Avec son pote de l’armée, Gary Gilmore, il enregistre et produit deux titres de sa composition, Rockin’ Roll Angel et Down Heart Break Trail (Over Teardrop Mt.) qui sont édités sur le label Cajun Records de Virginie. Mais, comme avec la plupart des petits labels, la distribution est déficiente et le disque n’a aucun succès. Ils s’en servent cependant comme support pour obtenir des contrats. C’était la première fois qu’il entrait dans un studio d’enregistrement. Gene Vincent venait juste de sortir Be Bop A-Lula et Jay devint son ami et il travailla avec lui à Norfolk, en Virginie, et c’est ainsi que son premier disque fut publié sur un label de Virginie ! Gene Vincent, et Elvis bien entendu, furent ses premières influences.

Un jour, alors que le groupe joue au Ranch Inn Dance Hall, Jay fait la connaissance de Jimmy Stretch, alors chargé des relations publiques et de la distribution des disques RCA/Victor dans la région. Jay lui fit part de son envie de jouer lors du ‘Jimmie Rodgers Country Music Festival’ de Meridian dans le Mississippi, espérant qu’un apparition dans ce festival pourrait donner un bon coup de pouce à sa carrière. Stretch choisit de l’aider en lui permettant de séjourner dans l’hôtel où le label avait réservé des chambres pour ses artistes. Jay acheta une voiture, une Ford de 1959, et se prépara à participer à l’immense concours de chant : il y a 75 chanteurs, sélectionnés par mi 350 postulants ! Le premier prix est un contrat d’enregistrement chez RCA, mais surtout il voyait la chance qu’il aurait de jouer devant tout un tas de dénicheurs de talents. Jay fit imprimer 2000 photos dédicacées et fit inscrire ‘Jay Chevalier : The Cajun Sensation, Alexandria, Louisiana’ en grosses lettres sur le côté de sa voiture. Jimmy Stretch l’emmena avec lui à la station de radio WMOX où il put rencontrer des gens et faire sa promotion. L’un d’eux s’avéra être Jimmie Davis, le futur gouverneur, qui lui demanda : « Que faites- vous ici ? » Et Jay, sûr de lui, de lui répondre : « Je suis là pour remporter le concours ». Lors de la première journée, Jay chanta deux chansons, dont Billy bayou de Jim Reeves, et se classa dans les trois premiers, ce qui lui permit de revenir en demi-finale. A ce stade-là, les juges étaient Chet Atkins, Ernest Tubb, Hank Snow, Ted Mack, Harry Stone, Mac Wiseman et Owen Bardley. Il termina encore dans les trois premiers et se prépara pour la finale. Tout se passait bien ; même la veuve de Rodgers était pour lui, mais Jay n’obtint finalement que la seconde place, derrière Ken Mabry !

Eté 1959 – Fin 1959

A l’été 1959, Jay fut finalement renvoyé de l’université à cause de son absentéisme. Mais ce n’était pas vraiment un problème pour le chanteur dont l’objectif principal était de faire un nouveau disque. A cette époque, des histoires plus ou moins truculentes circulaient sur le gouverneur de l’Etat Earl K. Long, 63 ans, et Blaze Starr (de son vrai nom Fannie Belle Flemming), une strip-teaseuse du Sho-Bar de Bourbon Street à New Orleans. La femme du gouverneur, Blanche Revere, avait même tenté de le faire interner dans un hôpital psychiatrique à deux reprises. Jay écrivit la chanson Ballad Of Earl K. Long en vingt minutes sur un sac en papier kraft, et il la testa en rentrant chez lui sur des ouvriers de la voirie ! Il rencontra ensuite H. G. ‘Dee’ Marais, le producteur et propriétaire du label Rocco Records à Shreveport. Deux jours plus tard, Marais réservais le studio Goldband d’Eddie Shuler, où ils enregistrèrent la chanson et une autre, Ballad Of Marc Elishe. Malheureusement, les stations de radio refusèrent de passer la chanson à cause de sa connotation politique. Finalement, Jay fit écouter la chanson à Jimmy Stretch qui l’aima et en prit quelques exemplaires afin d’en faire lui-même la promotion. Quelques jours plus tard, Stretch apprit à Jay que la chanson était en train de bien marcher à Baton Rouge et lui demanda de s’y rendre. En fait, Jimmy Stretch avait persuadé son ami à la radio WAIL, le DJ Bill Bessom, de passer le titre, contre l’avis de ses patrons. Après l’avoir écoutée, les auditeurs se mirent à appeler en masse pour demander sa rediffusion. Ils décidèrent alors de faire un petit concours : ils demandèrent aux auditeurs d’arrêter d’appeler, et annoncèrent que les cinquante premières personnes qui enverraient un télégramme recevraient un disque gratuit. Le téléphone arrêta de sonner, et peu de temps après, la Western Union les contacta pour demander à ce que quelqu’un vienne chercher les télégrammes car il y en avait trop à distribuer ! Bientôt le titre fut sur toutes les radios locales et quelques radios nationales. Les ventes dépassèrent les 100 000 exemplaires !

Earl K. Long aima aussi la chanson et invita Jay Chevalier à l’une de ses réunions de campagne électorale et finit par lui proposer de l’embaucher à temps plein pour toute la durée de la campagne, à 200 dollars la semaine. Jay parcourut la Louisiane avec Long et chanta sa chanson et d’autres comme Big Mamou, Jolie Blonde et Kansas City. A New Orleans, ils logeaient souvent au Roosevelt Hotel où Chevalier eut l’occasion de rencontrer Blaze Starr.

Earl K. Long était aussi un passionné de football américain. Le 31 octobre 1959, il invita Jay et d’autres amis à aller voir le match des Tigers de New Orleans contre l’équipe Ole’ Miss. Jusqu’alors, Jay ne s ‘était pas vraiment intéressé au football, mais après avoir vu la star des Tigers, ‘Billy’ Cannon, marquer un essai de 80 mètres, il écrivit sur-le-champ la chanson Billy Cannon.

Earl K. Long perdit les élections, et c’est le chanteur Jimmie Davis qui devint le nouveau gouverneur de Louisiane. Jay fut beaucoup plus chanceux car sa nouvelle chanson devint N° 1 au hit-parade de la radio WAIL de Baton Rouge. La chanson était édité sur PEL Records, le label de Jim Rentz, avec High School Days (Almost Over) en face B. Mais, encore à cause d’une mauvaise distribution, la chanson ne trouva jamais le chemin du succès national.

1960 – 1961

Le 1er janvier 1960, Jay écrivit le texte de sa chanson Lost In Louisiana 1959 et, un peu plus tard ce même mois, composa la chanson Kruschev And The Devil. Il enregistra une démo qu’il envoya à Eddie Shuler. Le mois suivant, Shuler l’appela pour l’informer qu’un distributeur national, qui était en ville, aimait sa chanson et souhaitait la proposer à Warner Brothers à Hollywood. Jay, enthousiaste, emprunta 600 dollars et se rendit à Hollywood. Mais, après deux jours de discussion, ils laissèrent tomber arguant que la chanson était trop politique et qu’elle pouvait provoquer des troubles… voire la troisième guerre mondiale !

Sur le chemin du retour, Jay fit la connaissance de Johnny Bond qui le présenta à Tex Ritter avec qui il deviendra ami, jusqu’au décès de celui-ci le 2 janvier 1974.  Ritter lui fit rencontrer Joe Maphis qui l’engagea pour quelques concerts avec son groupe, au Showboat-Hotel et au Casino de Las Vegas, contre 80 dollars pour le week-end.

De retour en Louisiane, Jay apprit que Earl K. Long était maintenant candidat à l’élection au Congrès. Il rendit visite à son ami qui l’intégra de nouveau à son équipe de campagne. Jay était accompagné par J.W. Thompson and his Hillbilly Band. Tout se passa bien et Earl K. Long fut élu… mais, malheureusement, décéda onze jours plus tard ! Pendant la campagne, Jay trouva quand même le temps d’enregistrer deux titres, Castro Rock et Mona, aux studios Goldband. Bien que Castro Rock devint un titre rockabilly culte dans les années 70 (voir la compilation Goldband GCL-114 intitulée Jolie Blonde Rocks’n’Rolls ! publiée par Charly Records en 1984), il échoua minablement lors de sa publication initiale, encore une fois à cause de son contenu politique. Quand Goldband rédita le disque, Shuler changea le nom du groupe de Jay : les Moon Men devinrent les House Rockers !

1961 – 1962

En 1961, Jay se joint à l’orchestre de son cousin Tommy Starnge, The Features. Il travailla à plusieus occasions pour Sam Montel, et le groupe publia un disque sur Montel Records, sans suite. Puis le groupe auditionna pour le label Crest de Hollywood, appartenant à Sylvester Cross. Jay chanta une chanson qu’il avait écrite avec son cousin, If I Can’t Be Near The One I Love – I’ll Love The One Near Me (et une autre dont il était l’auteur, Check Out Time). Sylvester Cross signa le contrat après avoir entendu son collaborateur Jimmy Bowen descendre des escaliers en sifflant la mélodie de la chanson. Il savait bien qu’une chanson que l’on siffle a de grande chance de devenir un tube. Le disque fut publié avec It Doesn’t Matter, composé par Jay Chevalier et Jack Miller, en face B.

1962 – 1968

A partir de février 1962, Jay et ses potes furent engagés au Golden Nugget de Las Vegas. Jay eut alors l’occasion de jouer avec des gens comme Carl Perkins ou Merle Haggard ; il se plut tellement à Las Vegas qu’il monta son propre groupe, The Louisiana Long Shots, avec entre autre, Bobby Edwards et le pianiste Dale Houston. Entre 1963 et 1968, Jay Chevalier joua au Golden Nugget dix semaines par an. Il travailla également comme musicien de studio pour Sam Montel et joua notamment sur l’immense tube de Dale & Grace, I’m Leaving It Up To You. Grace au succès de la chanson, Jay intégra le duo à son spectacle de Las Vegas, comme il le fit également avec Rod Bernard après le succès de This Should Go On Forever. Pendant cette période, Jay enregistra pour plusieurs labels dont Speedy, Cooton Town Jubilee et Minaret, un label de Shelby Singleton.

1968 – 1978

Jay quitte Las Vegas en 1968, mais y reviendra en 1972, cette fois-ci au Union Plaza Hotel.

1978 – 1980

De retour en Louisiane à la fin des années 70, il enregistre plusieurs titres aux studios de Creole Gold Records dont If I Can’t Be Near The One I Love – I’ll Love The One Near Me, Bayou Baby, A Cajun Toast (ce titre est publié en deux versions, une anglaise et une française, en duo avec la chanteuse Shelley Ford), ainsi qu’un hommage à Chuck Berry, Ballad Of Johnny B. Goode. Ensuite il dirigea un cabaret qui abrita pendant un an l’émission de radio qu’il produisait, ‘Super Country USA’, diffusée le vendredi soir.

En 1979, il est élu Sheriff de la Paroisse de Jefferson, poste qu’il occupait toujours en 2008 !

Depuis 1980

En 1980, Jay est embauché comme directeur des spectacles au Palace, un très grand night club de Beaumont, au Texas, pour lequel il engage divers groupes comme Alabama.

En 1982, il monte une agence qui propose des voyages aux Ets-Unis qui se termine systématiquement par un concert de country music.

En 1989, il st sollicité pour superviser et participer au tournage du film Blaze, avec Paul Newman dans le rôle de Earl K. Long, à Hollywood, inspiré du livre de Huey Perry sur la vie de Blaze Starr. Il y tient le rôle du sénateur Wiley Braden. Pour le film, il enregistre alors la chanson Come Back To Louisiana qui fait partie de la bande originale du film.

En 1992, il enregistre l’album en public A Tribute To Hank Williams avec ses Louisiana Long Shots, au Duchess de Port Huron, dans le Michigan, pour le label Freedom. La même année, il doit subir une intervention chirurgicale pour un pontage de l’aorte suite à une crise cardiaque, mais reprend la scène dès qu’il est rétabli. Un peu plus tard, il fait la connaissance du Sheriff d’origine chinoise Harry Lee au Rotary Club de New Orleans. Cett erencontre qui lui inspire  l’album The Ballad Of Sheriff Harry Lee qu’il enregistre avec son ami Shelley Ford et les Louisiana Long Shots aux studios David Praet Recording d’Alexandria. Le disque est publié en 1994 sur le label Star Gaze.

Il joue ensuite le rôle d’un joueur professionnel dans le film Cobb, sorti chez Warner en décembre 1994.

L’année suivante, en 1995, il se présente à l’élection au poste de lieutenant-gouverneur de Louisiane, mais est battu par le futur gouverneur, Kathleen Blanco, qui deviendra la première femme gouverneur de l’Etat de Louisiane.

En avril 2000, Jay Chevalier est élu au Louisiana Political Hall of Fame de Winnfield, la patrie de la famille Long.

L’année 2003 voit à la fois la parution d’un nouveau CD, Lost In Louisiana 1959, sur Creole Gold Records et d’une autobiographie, Earl K. Long and Jay Chevalier – When The Music Stopped, tous les deux très bien reçus par la critique.

L’année suivante, c’est sur Hydra que paraît Rocking Country Sides, son nouveau CD.

Jay Chevalier continue à se produire, malgré son âge, même loin de sa Louisiane natale. En mai 2005 et en juillet 2007, il est en Angleterre, respectivement au Hemsby Festival et à l’American Festival. Depuis 2003, il participe tous les ans au Ponderosa Stomp de New Orleans. En 2006, sa chanson Come Back To Louisiana a été proclamée chanson officielle de la reconstruction de l’état après les ouragans dévastateurs qu’ont été Katrina et Rita, et lui-même a été nommé « Official State Troubadour », parcourant le monde pour sensibiliser les gens aux conséquences de ces catastrophes naturelles.

Elu au Louisiana Hall of Fame, en 2008, ainsi qu’au Rockabilly Hall of Fame, Jay Chevalier, le rocker politicien, chante du rock et de la country depuis plus de cinquante ans, en Louisiane, son état natal, mais aussi dans le monde entier. C’est un canadien, Sandy Moore, qui est président de son fan club international !

Discographie

Incredible

?

?

Jay Chevalier and The Long Shots at the Golden Nugget

Cotton Town Jubilee

196?

A Tribute To Hank Williams (Jay Chevalier and the Long Shots)

Freedom

1992

The Ballad Of Sheriff Harry Lee (Jay Chevalier and the Long Shots)

Star Gaze

1994

Lost In Louisiana 1959

Creole Gold

2002

Rocking Country Sides (Jay Chevalier and the Long Shots)

Hydra

2004

Jay Chevalier Sings “Come Back To Louisiana” Offcial State Recovery Song

Creole Gold

2006

The Marine Song  (Jay Chevalier and the Long Shots)

Creole Gold

2008

Pour en savoir plus : Earl K. Long and Jay Chevalier – When The Music Stopped, de Jay Chevalier – Southern Legacy Press, 2003.

Films : Blaze, 1989 ; Cobb, Warner, 1994.