Lew CHUDD

(1911 - 1998)

Patron de Maison de Disques

Tous styles !

01/07/1911

Naissance de Lew Chudd à New York (certaines sources indiquent 1912 !?).

Lew Chudd débuta sa carrière dans le milieu de la musique comme imprésario de big bands, organisant les concerts et collant les affiches ! Dans les année 30, il intègre la radio NBC où il conçoit l’émission "Let’s Dance" dans laquelle joue Benny Goodman. Il deviendra le responsable du bureau de Los Angeles puis, au début des années 40, travaille pour l’agence de renseignement américaine ‘Office of War Information’ après sa création en juin 1942.

1945 – 1946

En 1945, après sa démobilisation, il crée le label Crown Records à New York, qu’il revendra moins d’un an plus tard à Irving Feld, le futur directeur du Madison Square Garden, et part s’installer en Californie.

1946 – 1964

C’est en 1946 qu’avec 10 000 dollars en poche, il crée Imperial Records pour produire des 78 touts, des LP 25 cm et des EP 4 titres pour le marché mexicain et folk de la région de Los Angeles. Ses premiers artistes sont donc des latinos, ou ‘chicanos’, comme Lalo Guerrero. Le nom de sa compagnie est d’ailleurs directement inspiré de ce choix car le gros de sa clientèle se trouve dans Imperial Valley peuplée principalement de latinos. Il publie d’abord des versions espagnoles de succès américains. Il va ensuite diversifier ses activités en vendant des disques de danse (square-dancing), de cérémonies de mariage, de musique gitane et de dixieland. Cela l’amène à s’intéresser au marché émergeant du rhythm and blues et, plus généralement, de la musique noire. En 1947, lors d’un séjour à Houston, au Texas, où il s’est rendu pour vendre ses disques latinos, il rencontre le chef d’orchestre et arrangeur néo-orléanais Dave Bartholomew dans le club Bronze Peacock où il se produit. Il lui dit qu’il serait intéressé de vendre des disques de rhythm and blues et qu’il avait l’intention de se rendre à New Orleans sous une quinzaine de jours. Bartholomew n’y pensa plus, mais un jour Chudd se présenta chez lui et lui proposa de devenir son ‘A&R man’ sur New Orleans. Bartholomew va alors se retrouver au centre de la scène R’n’B de New Orleans. Leur première collaboration donnera 3x7=21 de Jewel King et Shresbury Blues de Tommy Ridgley, mais c’est un autre artiste néo-orléanais qui va porter le label au niveau national. C’est donc Dave Bartholomew qui va permettre la rencontre de Lew Chudd avec Fats Domino, un jeune pianiste de 21 ans qui chante avec un fort accent créole. En effet, en 1949, Chudd, Bartholomew et Al Young (qui vendaient les disques Imperial dans son magasin, The Bop Shop, sur Rampart Street) se rendent au Hide Away Inn en taxi pour écouter le jeune pianiste. Pour la petite histoire, Chudd et Young durent se coucher dans le taxi afin d ene pas être vu de la police qui, sinon, les aurez arrêté pour mixité raciale ! Cette expérience fut déterminante, Chudd étant vraiment impressionné par Fats, sa musique et son effet sur le public. Lew Chudd signa Fats et quelques jours plus tard il entrait dans le studio J&M de Cosimo Matassa pour enregistrer The Fat Man, qui se vendra à plus d’un million d’exemplaires et mettra le R’n’B de New Orleans sur le devant de la scène nationale américaine. Sous la direction de Lew Chudd, le son de Fats Domino va devenir l’une des caractéristiques du rock and roll naissant des années 50. Ils vendront des millions de disques.

Le succès de Fats Domino incita Chudd à signer d’autres artistes du cru. Avec Dave Bartholomew, et malgré quelques désaccords, ils vont ainsi être les promoteurs de la musique de la Cité du Croissant dans le monde entier (voir la liste ci-dessous).

En 1957, Lew Chudd va toucher un deuxième gros lot avec Ricky Nelson, le fils de Ozzie et Harriet Nelson, les vedettes de la série télé ‘The Adventures of Ozzie and Harriet’. Le jeune chanteur avait enregistré une reprise de I’m Walkin’ de Fats Domino pour Verve et obtenu un immense succès. Lew Chudd signa le chanteur pour la somme de 250 000 dollars, au grand dam de Verve qui n’avait pas pris la peine de signer un contrat avec lui. Durant les six années qui suivent, Ricky Nelson entrera 20 fois dans le Top 40 et obtiendra deux numéros 1 avec Poor Little Fool et Travellin’ Man / Hello Mary Lou.

En 1958, c’est le quartet dirigé par Phil Spector, The Teddy Bear, qui est numéro 1 avec To Know Him Is To Love Him publié sur le label Dore. Là encore, Chudd récupère le groupe mais, malgré trois singles et un album, ne retrouve pas le succès du premier titre. Phil Spector, lui, suivra son propre chemin…

Toujours à l’affût de la nouveauté, Lew Chudd fera d’Imperial l’un des premiers labels à publier un disque en stéréo, alors que les années 50 se finissent.

En 1961, Lew Chudd acquiert le label Aladdin, créé par les frères Mesner en 1946, et dispose donc d’un catalogue élargi avec des artistes comme Shirley & Lee notamment. Deux ans plus tard, il achète Minit Records, le label de Joe Banashak dont il était déjà le distributeur, qui hébergeait Irma Thomas et Ernie K-Doe, entre autre.

Grâce à cette multitude de labels, il avait ainsi une plus grande liberté financière pouvant  se permettre des pertes avec l’un tout en étant gagnant avec un autre.

En 1963, le rusé Lew Chudd sent venir le changement dans le milieu du disque. Les majors prennent de plus en plus le dessus et les labels indépendants ont de plus en plus de difficultés à survivre. Les contrats de Fats Domino et de Ricky Nelson avaient été rachetés par des grosses compagnies et Chudd se rendit bien compte que la fin approchait. Finalement, en 1964, après 18 ans d’activité, Lew Chudd vend toutes ses entreprises à Liberty Records. La fin d’Imperial précipita le déclin du milieu musical de New Orleans qui, déjà, était en mauvaise posture à cette époque.

Quant à Lew Chud, il récupéra un beau paquet d’argent qu’il réinvestit dans des stations de radio de la Côte Ouest où il vécut confortablement jusqu’à la fin de ses jours

15/06/1998

Lew Chudd décède le 15 juin 1998 à Los Angeles, à 87 ans, des suites d’une crise cardiaque.

Bien que n’étant pas natif de Louisiane et que son label soit basé en Californie, Lew Chudd et son label Imperial furent prépondérants dans la notoriété de la musique de New Orleans au niveau national et international. Avec à lui, Fats Domino a vendu des millions de disques et donné ses lettres de noblesse au R’n’B de New Orleans.

Artistes locaux qui ont été publiés sur Imperial ou qui ont joué pour Imperial :

Jesse Allen

Lee Allen

Tony Allen

Archibald

Dave Bartholomew

James Booker

James Burton

Roy Brown

Bobby Charles

Boozoo Chavis

Cousin Joe

James ‘Sugarboy’ Crawford

Fats Domino

Snooks Eaglin

Freddy Fender

Frankie Ford

Bob French

Slim Harpo

The Hawks

Little Sony Jones

Chris Kenner

Jewel King

Smiley Lewis

Bobby Mitchell & The Toppers

Robert Parker

Nat Perrilliat

Wardell (Quezergue) and the Sultans

Al Reed

Johnny Rivers

Al Robinson

Shirley & Lee

Huey ‘Piano’ Smith

The Spiders

Billy Tate

Irma Thomas

Alvin ‘Red’ Tyler

Berna Dean Washington

Pour en savoir plus : The Soul of New Orleans, A legacy of Rhythm and Blues de Jeff Hannusch, dans lequel l’auteur lui consacre un chapitre.

Internet : http://www.bsnpubs.com/imperial/imperiala.html