Quint DAVIS

(1947 - )

Producteur / Organisateur de spectacles

Rhythm and Blues, etc…

05/11/1947

Naissance, à New Orleans, de Arthur Quentin Davis, Jr., l’aîné de trois enfants d’un couple de louisianais dont les origines familiales remontent aux premiers champs de riz de l’état, à la Pointe a la Hache. Sa mère faisait partie du bureau du musée de l’état et son père Arthur Davis, Sr., un architecte très réputé de New Orleans, redessina pratiquement le paysage de la ville de New Orleans. En effet, il fut le responsable d’édifices comme le Superdome, le New Orleans Arena, le UNO Lakefront Arena, les hôtels Marriott, Hyatt, Royal Sonesta et Royal Orleans, ainsi que des éléments du pénitencier de l’état à Angola.

Le jeune Quint, comme on l’appelle, grandit en écoutant les radios gospel et rhythm and blues. Il s’endort régulièrement avec le poste sous son oreiller, s’imprégnant inconsciemment de cette musique. Ce sont des employés de la station service du quartier qui l’emmènent au Dorothy’s Medaillon Lounge pour écouter le saxophoniste James Rivers, et le photographe Jules Khan, un ami de la famille, qui l’initie à la culture de la rue néo-orléanaise : le ‘second line’, les funérailles jazz et les indiens du Mardi Gras.

1965 – 1970

Il obtient son diplôme scolaire en 1965 et se retrouve dans une université près de Chicago. Mais ça ne lui plait pas de tout et il rentre à New Orleans pour d’autres études dans les églises gospels et les bars de blues du quartier. Il passe par une période hippie, vivant dans le Quartier Français, jouant du tambourin et dansant dans le groupe psychédélique Yesterday’s Children.

Entrevoyant les possibilités d’une carrière dans la musique, il s’inscrit à l’université de Tulane pour des cours de théâtre et d’ethnomusicologie. Tout en conservant son look hippie, cheveux longs, lunettes jaunes, etc, il créé une organisation étudiante, GIT pour Get It Together, afin d’organiser des spectacles pour étudiants. Lors d’une de ces soirées, le groupe de Wilson "Willie Tee" Turbinton et celui des Wild Magnolias étaient programmés. Pendant la prestation des Wild Magnolias, Willie Tee s’assit au clavier et se mit à improviser. La suite appartient à l’histoire…

1970 – 1972

En 1970, Davis créé une maison de disques, Crescent City 25, et publie le premier single des Wild Magnolias, Handa Wanda. Quint Davis, le producteur, se fait alors appeler ‘Cosmic Q’ ! Cosmic Q ne tardera pas à quitter l’université suite à une rencontre décisive qui va changer le cours de sa vie et la musique de New Orleans. Les responsables de la ville souhaitaient promouvoir le tourisme et projetaient de créer un festival de jazz. Ils sollicitèrent George Wein, déjà responsable du Newport Jazz Festival depuis 1954. Après diverses péripéties, ce dernier accepta la proposition pour une première édition au printemps 1970, à Congo Square (maintenant Armstrong Park). Il avait besoin, cependant, de l’aide d’un jeune néo-orléanais, connaissant le milieu musical de la région, pour engager des artistes locaux. Il en parla à Allan Jaffe du Preservation Hall qui l’orienta vers Dick Allen, le propriétaire des Hogan Jazz Archives à l’université de Tulane. Allen recommanda Davis, un étudiant qui travaillait à ces archives. C’est lors d’un entretien au Café du Monde, devant quelques beignets, que Wein engagea Davis. Lorsque Wein lui dit : « Je veux faire un festival où il y aura du blues, du gospel, du cajun et du zydeco », Davis répondit simplement : « Je connais des gens qui font ça. Je vais leur demander de venir ». Puis, un après-midi, ils entendirent Go To The Mardi Gras de Professor Longhair sur un juke-box. Wein demanda qui c’était et Davis lui répondit que c’était simplement une chanson que les gens écoutaient chaque année au moment du Mardi Gras. George Wein lui dit : « OK, mais c’est quelqu’un. Trouve le moi ». Ce qu’il mit environ un an à faire avec l’aide d’Allison Miner ! Mais Longhair était vraiment mal en point. Davis le remit sur pied et devint son manager.

Après le festival de 1970, Davis continua sur sa lancée et Wein l’embaucha pour travailler sur d’autres festivals et tournées organisées par sa société, Festival Productions Inc. (FPI). Il travailla notamment pour le Festival de Jazz de Newport de 1971 qui se termina par une émeute déclenchée par des gens qui forcèrent l’entrée. Avec une telle expérience pour son premier grand concert, il était paré à toute éventualité.

La même année, en 1971, Wein expédia Davis en tant qu’assistant sur la tournée de B.B. King derrière le rideau de fer. Des gardes armés encadraient la scène ! En Roumanie, les officiels refusèrent que le groupe fasse un rappel et Davis dû se résoudre à remballer le matériel des musiciens sous les hués du public.

A cette époque, Davis organisa et produisit des sessions d’enregistrement pour Professor Longhair, tout d’abord à baton Rouge avec Snooks Eaglin notamment, puis ensuite à Memphis, toujours avec Snooks Eaglin, mais aussi avec Zigaboo Modeliste.  Mais pour diverses raisons les bandes restèrent dans les cartons.

Deux ans plus tard, Wein nomma Davis manager de la tournée de B.B. King au Sénégal, au Ghana et au Nigeria. Plus tard, il accompagna Muddy Waters en Afrique et parcourut le monde avec Chuck Berry, Fats Domino et John Mayall.

En 1972, le Jazz Fest avait été transféré au champ de course de New Orleans (Fairgrounds) et avait obtenu un prêt de 25 000 dollars du père de Quint Davis, Wein l’ayant convaincu d’investir pour… l’avenir son fils !  Wein céda finalement les droits à une organisation sans but lucratif, la New Orleans Jazz And Heritage Foundation. Les membres du bureau, dont Arthur Davis, laissèrent cependant les rennes à George Wein et Quint Davis. Puis, avec le temps, le bureau repris un peu plus le contrôle des opérations et un groupe emmené par l’écrivain Kalamu Ya Salaam fit pression pour une implication plus importante de la communauté Afro-américaine.

Depuis 1972

En douze ans, le Jazz Fest devint incontournable à New Orleans. Mais, en 1982, Quint Davis éprouva le besoin de faire un break ! Avec Wein, ils mirent sur pied un nouveau festival à Winter Park, en Floride. Mais ce fut un échec et Davis se retrouva avec une dette de 40 000 dollars qu’il mettra des années à rembourser. Il revint donc à New Orleans où Wein donna plus d’autonomie qui devint incontournable sur scène effectuant la présentation des différents artistes.

Ce n’est qu’en 1986 que le label Rounder s’intéressa aux bandes de Professor Longhair qu’avait Quint Davis. Avec l’aide de l’incontournable Jeff Hannusch, Rounder publia l’album House Party New Orleans Style – The Lost Sessions 1971-1972 qui recevra un superbe accueil mérité et recevra même le Grammy Award du meilleur enregistrement de blues traditionnel en 1987.

Durant les années 90, le festival prit énormément d’ampleur et, en 1995, Davis et Wein signèrent un contrat pour un nouveau festival à New Orleans, The Essence Music Festival, au Superdome, avec le fondateur du magazine Essence, Ed Lewis. Ce festival fut également un gros succès et Davis était maintenant à la tête de deux des  événements culturels majeurs de New Orleans. Mais, en 2004,les choses faillirent mal tourner. EN effet, cette année-là, le festival fut déficitaire de 900 000 dollars et la Foundation du festival fit un appel d’offre pour renouveler la responsabilité de son organisation. En fin de compte, c’est Wein et Davis qui furent retenus, mais avec certaines garanties financières. Davis conclut alors un accord avec AEG Live pour une durée de cinq ans afin de coproduire le festival, et l’édition de 2005 fut un succès. Mais, c’est alors qu’intervint Katrina qui mit l’édition de 2006 en péril. Ce n’est que grâce à un nouveau sponsor, Shell, qu’il sera sauvé. Ce sera un triomphe, avec comme point d’orgue, une prestation mémorable de Bruce springsteen. Puis, comme le Superdome ne pouvait être utilisé, le Essence Festival fut déplacé à Houston avant d’être de nouveau organisé à New Orleans, l’année suivante. Cependant, Ed Lewis ayant revendu son magazine à Time-Warner, ces derniers informèrent Davis en janvier 2008 qu’ils avaient choisi une autre société pour l’organisation du festival. Une fois le choc encaissé, Davis dût se tourner vers de nouveaux projets. Avec AEG Live, il organisa un Festival New Orleans à Londres en octobre 2008 où se produirent notamment Allen Toussaint, Dr. John, Kermit Ruffins, The Rebirth Brass Band, Big Chief Monk Boudreaus et John Mooney.

A plus de 60 ans, Quint Davis est plus que jamais le patron du Jazz Fest. Son contrat devrait expirer alors qu’il sera dans sa soixante-dixième année. Mais, qui sait cela peut encore durer : George Wein travaille toujours pour le festival de Newport, et il a 83 ans !

Rien ne prédisposait a priori ce fils de bonne famille à devenir l’homme de spectacle qu’il est devenu. Mondialement connu, il gère entre autre l’organisation du New Orleans Jazz & Heritage Festival dont l’impact économique sur la ville est estimé à plus 300 millions de dollars annuels.

Internet : http://www.fpi-no.com/quintdavis.html ; http://blog.nola.com/keithspera/2009/04/jazz_fests_quint_davis_stands.html