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Jimmy DONLEY

(1929 - 1963)

Auteur – Compositeur – Chanteur – Guitariste

Swamp Pop

17/08/1929

Naissance de James Kenneth Donley à Gulfport, Mississippi. Le jeune Kenny est un enfant chétif qui nécessite beaucoup de temps et d’attention de la part de sa mère. Son père est très déçu et sera jaloux de son fils ! Son père, James Gilmore ‘Tag’ Donley, vient d’une famille nombreuse de neuf enfants dont un demi-frère, Valery, issu d’une union extraconjugale avec une belle-sœur célibataire. Tag aime bien boire un coup et travaille comme poseur de ligne dans une société d’électricité, la Mississippi Power Company. Sa mère, Myrtle Gill, est d’origine indienne Choctaw par sa mère, et irlandaise/espagnole par son père. Elle a été mariée une première fois à 14 ans, puis une deuxième fois, avant 18 ans, avec Valery. Cette union donnera deux jumeaux… mort-nés. Elle finira par tomber amoureuse de Tag et l’épouser. Kenny, leur premier fils naît deux mois avant le crack boursier de Wall Street, déclencheur de la "grande dépression". Alors que Myrtle adore la musique, Tag considère cela comme une perte de temps. Il forcera son fils à quitter l’école à 14 ans pour aller travailler comme docker à décharger les bateaux de bananes dans le port de Gulfport. Le jeune Kenny développe un vif intérêt pour la musique et, encouragé par sa mère, il devient vite un bon chanteur multi-instrumentiste. Kenny n’a que trois ans lorsque sa maison est complètement détruite par un incendie. Pour l’anecdote, Tag ne sauvera que le ‘Victrola’ familial de la catastrophe ! La famille est relogée dans une nouvelle maison, sans eau courante, ni électricité ! C’est la crise. Myrtle est de nouveau enceinte et donnera naissance à Myrna, le 24 décembre, la veille de Noël.

A la maison, le jeune Kenny écoute la radio de Nashville, notamment les retransmissions du Grand Ole Opry qu’il apprécie tout particulièrement. Un jour, son père lui offre un harmonica et sa mère lui apprend à en jouer. Elle emprunte bientôt une guitare à son frère Wilmer et s’accompagne pour lui chanter ses chansons préférées. Kenny apprend ainsi plein de chansons. Une fois, elle lui chante une chanson que lui chantait sa propre mère. Quand elle eut fini, Kenny, à sa grande surprise, chanta les huit premiers vers de la chanson sans se tromper. Dès ce jour-là, la mère et le fils passeront souvent des longs moments à chanter et à jouer de la musique. Il n’a pas encore quatre ans que son oncle, Wilmer Gill, lui apprend les premiers rudiments au banjo. Très vite il connaît pas mal de chansons.

Après avoir eu ses huit ans, Kenny alla pour la première fois à l’école. Et dès qu’il franchit la porte de la classe, il changea d’identité. En effet, la maitresse, utilisant le diminutif de son premier prénom officiel, le présenta aux autres élèves comme Jimmy. Mais Jimmy n’est pas heureux à l’école. Il se destine à la musique et sollicite sa sœur pour chanter avec lui, ce qui fait la fierté de ses parents.

En septembre 1940, Jimmy entre à la Handsboro Elementary School, à trois miles de chez lui. Sa mère continue toujours ses « séances musicales », notamment le vendredi soir ave les autres gamins du quartier. Jimmy apprend tout d’oreille et transforme tout ce qu’il peut en instrument de musique. Grâce à son oncle Wilmer, il apprend à jouer de la guitare, ainsi que de la mandoline, de la flûte, de l’harmonica et de diverses percussions. Il est attiré par tous les instruments de musique et cherche à en jouer dès qu’il en voit un. Du coup, cela incite ses copains à en faire autant. Jimmy économise et s’achète une guitare. Un de ses copains fait de même, un autre emprunte le violon de son père et bientôt ils se retrouvent tous autour de Jimmy pour jouer ensemble une fois par semaine.

1941 – 1948

Jimmy et ses copains jouent toujours ensemble et Tag commença à s’y intéresser. Un jour, il leur proposa de jouer pour une radio locale, la WGCM de Gulfport, dont il connaissait le directeur. Ce dernier, après les avoir écoutés, leur donna le nom de ‘Baby Serenaders’ et leur permit de jouer en direct à la radio, trente minutes tous les samedi matins, de la musique hillbilly, reprenant notamment les tubes de Jimmy Rodgers. Le jeune groupe – Jimmy n’a alors que douze ans – se fait vite un public et certains fans se rendent parfois à la station de radio pour rencontrer les musiciens après l’émission. A la fin de l’année, le choc de Pearl Harbour le dimanche 7 décembre 1941, apporta de profondes modifications dans la région : la base militaire Keesler fut créée près de Biloxi et vit ses effectifs grimper jusqu’à 80 000 hommes. En 1942, les Baby Serenaders durent changer de nom, les adolescents n’étant plus des bébés ! Complété par un batteur, le groupe devint The Gulf Coast Ramblers, et comprenait maintenant, outre Kenny Donley (13 ans) au chant, Jerry Hurlbert (16 ans) à la guitare, Tony Hurlbert (15 ans) au violon, Earl Hurlbert (16 ans) à la guitare et Edwin Barrett (15 ans) à la batterie. Grâce au père de Jerry qui y travaillait, le groupe pouvait se produire chaque vendredi soir à la base militaire Keesler. Ensuite, ils jouèrent chaque samedi soir à la base de Gulfport. Bien que les musiciens n’étaient pas payés, Jimmy en tirait avantage en cirant des chaussures après le spectacle ! Il s’investit de plus en plus dans la musique, perfectionnant son jeu de steel guitar et de guitare rythmique. Il travaille souvent tard le soir, ce qui bien entendu nuit à son assiduité scolaire. Avec la guerre, les soldats en poste à la base ressentent un énorme besoin de divertissement et sont donc prêts à payer pour ça. Les Gulf Coast Ramblers vont en bénéficier dès décembre 1943 lorsqu’ils font leur premier concert rémunéré au St. Martin’s Community Center d’Iberville, au nord de Biloxi. Dès lors, les occasions vont se multiplier et Jimmy va faire preuve de réels talents sur scène.

1948 – 1956

Jimmy est incorporé dans l’armée et envoyé à l’étranger. Il supporte très mal cet éloignement car sa famille lui manque énormément et il plonge dans une période de dépression. Il se réfugie plus ou moins dans la drogue et donne les premiers signes d’une schizophrénie latente, ce qui lui vaudra une démobilisation dès 1949. Mais c’est un Jimmy complètement changé qui rentre à la maison, dépressif, instable et violent. En l’espace de quatre ans, il épouse quatre femmes …qui le quittent toutes à cause de son comportement, malgré l’amour qu’elles lui portent.

1956 – 1960

Cependant, Jimmy écrit des chansons et se produit dans la région dès qu’il le peut. La chance semble tourner lorsque, fin 1956, les producteurs Pee Wee Maddux, Frank "Yankee" Barhonevich et Marion "Prof" Carpenter le mettent en relation avec Owen Bardley, le grand patron du label Decca. Une première session est planifiée le 26 février 1957 dans les studios du label à Nashville, avec la crème des musiciens de la ville.  Quatre titres sont enregistrés avec notamment Boots Randolph au saxophone et the Anita Kerr Singers aux chœurs ! Un premier single est publié avec Come Along et Kickin' My Hound Around. Dans la foulée, une deuxième session est organisée le 26 juin pendant laquelle de nouveaux titres sont enregistrés. Decca sort un deuxième single avec deux titres de cette nouvelle session : Trail Of The Lonesome Pine et South Of The Border. Une nouvelle session est organisée le 21 novembre 1957 avec le guitariste Hank Garland. Début 1958, le troisième single comprend un titre des deux premières sessions, I Gotta Go et Baby How Long, mais aucun des trois singles ne rencontre le succès espéré. Cependant, Decca croit en son poulain et va persévérer en publiant deux nouveaux singles en 1958, avec notamment le titre qui deviendra sa référence, Born To Be A Loser ! Malheureusement, malgré un certain succès local, aucun ne deviendra un tube. Parallèlement, sa vie personnelle et sentimentale est au plus mal, son comportement le conduisant même en prison ! En 1959, Decca, qui lui fait toujours confiance, sort deux nouveaux singles magnifiques, encore sans résultat malgré leur grande qualité. Cependant, Jimmy parait avoir trouvé une relative stabilité en épousant Lillie Mae Urgas le 30 janvier 1959. Leur liaison est malgré tout assez mouvementée et Lillie Mae quitte parfois provisoirement le domicile conjugal suite au mauvais traitement que lui fait subir son mari. Decca commence à s’impatienter et, après une ultime session le 14 avril 1960 et un dernier single, le label jette l’éponge.

1960 – 1962

Maintenant Jimmy n’a plus de maison de disque et se retrouve livré à lui-même. Ayant besoin d’argent, il commence à vendre ses chansons pour trois fois rien, prétextant qu’il peut toujours en écrire de nouvelles ! L’une de ses chansons, What A Price, est reprise par Fats Domino à l’été 1961, et lui amènera un revenu régulier plus ou moins important apportant un peu de stabilité dans sa vie chaotique, d’autant que Fats reprendra plusieurs de ses chansons.

1962 – 1963

Le 15 mars 1962, Jimmy doit affronter le décès de sa mère adorée. Mais il ne se remettra jamais de cette disparition. La légende dit qu’il passait de longues heures sur sa tombe à jouer de la guitare et à boire du whisky. Cette blessure, combinée avec l’abandon de Decca, eut un impact destructeur sur la personne de Jimmy qui devint de plus en plus difficile à vivre. Lillie Mae quitta plusieurs fois le domicile conjugal, ce qui lui inspira plusieurs chansons.  Pourtant en 1962, Jimmy fit une rencontre déterminante en la personne de Huey Meaux, le boss de Crazy Cajun Records et de ses multiples sous-marques. Ce dernier lui fit signer un nouveau contrat et organisa une session au fameux studio de Cosima Matassa à New Orleans. Produit par Leroy Martin, Jimmy était accompagné par le groupe de Joe Barry, The Vikings, et Mac Rebennack. En 1962 et 1963, Huey Meaux publia six singles de Jimmy Donley sur son label Teardrop, et en publiera d’autres après sa mort (sur Teardrop et plus tard sur Crazy Cajun). Malgré la grande qualité de ces chansons, aucune d’elles ne réussit à devenir un tube. Des chansons comme Please Mr. Sandman, Loving Cajun Style ou Think It Over, repris plus tard par quantité d’autres artistes, confirment pourtant ses talents d’auteurs de chansons. Sa situation personnelle se dégrade de plus en plus. Il ne supporte plus les "fugues" de sa femme, conscient qu’elles sont dues à son comportement.

20/03/1963

Jimmy se donne la mort, après un dernier coup de téléphone à Huey Meaux qu’il considère comme la seule personne dans le business de la musique à l’avoir soutenu.

Pour tout amoureux de swamp pop, Jimmy Donley réside tout en haut de la pyramide. La qualité de ses chansons est indéniable, comme le timbre de sa voix. Une jeunesse perturbée, de mauvais choix et l’absence de succès l’ont amené à commettre l’irréparable, alors qu’il méritait mieux. Heureusement il nous reste quelques disques incontournables (maintenant toute sa production a enfin été rééditée en CD) et, aussi, le plaisir d’entendre régulièrement ses chansons merveilleusement interprétées par d’autres artistes.

Discographie (discographie détaillée)

Memorial to the Unforgettable Jimmy Donley - Volume 1 : Born to Be a Loser

Teardrop

19??

Memorial to the Unforgettable Jimmy Donley - Volume 1 : Born to Be a Loser

Starflite

19??

Give Me My Freedom

Charly (UK)

1986

Born To Be A Loser – The Crazy Cajun Recordings

Edsel (UK)

1999

The Shape You Left Me In

Bear Family (GER)

2010

In The Key Of Heartbreak

Ace (UK)

2011

ACE UK CHD TOP2 1324

Mon choix : In The Key Of Heartbreak – The Complete Teardrop Singles and More

(CD 1: A Woman’s Gotta Have Her Way / Please Mr. Sandman / Honey Stop Twistin’ / Hello Remember Me / Think It Over / Forever Lillie Mae / Santa, Don’t Pass Me By! / Baby, Heaven Sent Me / Loving Cajun Style / You’re Why I’m So Lonely / Let Me Told You / Just A Game / I Really Got The Blues / Forget The Past / I’m Lonesome Without The Blues / I’m To Blame / Love Bug / Strange, Strange Feeling / My Forbidden Love / Santa’s Alley (Inst.) / I’m Lonesome Without The Blues / I’m To Blame / Love Bug / Baby, Ain’t That Love / I Still Care / Two Sides To The Story Of Love

CD 2: Message To Huey – A Woman’s Gotta Have Her Way / Please Mr. Sandman / Honey Stop Twistin’ / Santa! Don’t Pass Me By / Think It Over / Forever Lillie Mae / Loving Cajun Style / Let Me Told You / Just A Game / I Really Got The Blues / What A Price / Stop The Clock / Spare Me The Details / Mathilda / Rockin’ Bicycle / If That’s The Way You Want It / Little Cajun / The Domino Twist a.k.a. Dance With Mr. Domino / Rose Mary / It’s You I’m Missing / Our Last Goodbye / Don’t Fall In Love / Don’t You Know I Love You / I Need You / I Still Care / If I Knew You Didn’t Know Better / Two Sides To The Story Of Love / You’re Lonely Too / It’s Time To Say Goodbye / I’ll Keep On Movin)

Magnifique réédition, comme d’habitude ! Le label anglais a mis les bouchées doubles avec ce double CD : non seulement on y trouve tous les singles Teardrop, mais il y a aussi plein de démos et de versions étonnantes de cet artiste déroutant. Comment se fait-il qu’il n’ait pas eu plus de succès ?

Pour en savoir plus : Born To Be A Loser - The Jimmy Donley Story (The Story of a Rock'n'Roll Poet's tragic Life) Biographie de Johnnie Allan & Bernice Larson Webb (Jadfel Publishing – 1992)

Internet : www.blackcat.nl/references/messages/jimmy_donley.htm ; http://www.rockabillyhall.com/JimmyDonley.html ; http://musicenterprisesinc.com/biojimmydonley.cfm