Champion
Jack DUPREE (1909 - 1992) |
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Pianiste / Chanteur |
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Blues |
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23/07/1909 |
Naissance
de William Thomas Dupree, à New Orleans (bien que d’autres sources – dont
l’artiste lui-même ! – indiquent le 4 juillet, a priori pour coïncider
avec la date de naissance de Louis Armstrong… ou avec la fête de
l’indépendance). Il grandit dans St Andrews street, dans le quartier
irlandais de New Orleans. Son père, originaire du Congo Belge, et sa mère,
descendante d’indiens Cherokee, tiennent une épicerie dans le quartier et
vivent dans l’appartement du dessus. Il se retrouve orphelin à l’âge de huit
ans suite à un incendie qui détruisit le magasin et l’appartement. Bien que
Jack Dupree ait souvent raconté que ses parents étaient décédés lors d’un
incendie a provoqué par le Klu Klux Klan, il est vraisemblable que l’incendie
ait été provoqué par l’explosion d’un bidon d’essence stocké dans |
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1923 – 1929 |
A
14 ans, il quitte l’orphelinat et doit travailler. Il est cependant toujours attiré
par les boites louches sur le bord du Mississippi où, dès qu’il a un moment
de libre, il vient jouer et retrouver les autres pianistes de |
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Années 30 |
Tous
ces musiciens eurent de plus en plus de mal à trouver du travail avec Durant les années 30, Dupree fera de multiples incursions à Chicago où il rencontrera Big Bill Broonzy et Tampa Red, deux artistes qui enregistrent pour le label Okeh. |
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1940 – 1942 |
C’est
en juin 1940 que Champion Jack Dupree fait ses premiers enregistrements pour
Okeh. Il jouait au Cotton Club lorsque Lester Melrose, le patron du label de
Chicago vint le solliciter. Il lui donna 200 dollars, lui fit signer un
contrat et quelques semaines plus tard, Dupree se retrouva en studio à
Chicago où il enregistra sept titres, dont Cabbage Greens, Warehouse
Man Blues et Chain Gang Blues,
avec le guitariste Bill Gaiter et le bassiste Wilson Swain. Les deux derniers
titres furent publiés sur son premier disque, mais le meilleur lu lot était
bien Cabbage Greens qui se vendit
bien sur le marché des ‘race records’. En janvier 1941, lors de sa troisième session pour Okeh, il enregistre le fameux Junker Blues, titre qui deviendra l’un de ses plus connus et les plus repris, dans lequel il met en garde contre les périls du "junk", c’est-à-dire la marijuana, la cocaïne et l’héroïne. Malheureusement pour lui, tous ces magnifiques titres enregistrés pour Melrose ne lui rapporteront rien de plus que les 200 dollars initialement perçus ! |
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1942 – 1945 |
Dès
l’entrée en guerre de son pays, Dupree fut incorporée à |
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1945 – 1953 |
Ce
qu’il fit pour plusieurs compagnies, à commencer par le label Joe Davis pour
lequel il enregistra en solo dans le style qu’il pratiquait dans les bars
bruyants de New Orleans. Enregistrées le 18 avril 1945, six jours après le
décès de Franklin Roosevelt, les faces FDR
Blues et God Bless Our New
President, ainsi que She Makes Good
Il quitta Joe Davis en 1946 et enregistra ensuite à New York pour tout un tas de labels indépendants comme Abbey, Derby, Harlem, Red Robin, Gotham et Apex, et utilisa plusieurs noms afin de contourner les problèmes contractuels : Lighnin’ Junior, Meathead Johnson, Ton Collins, Brother Blues, Willie Jones et Duke Bayou. Champion Jack Dupree vit alors dans un petit appartement de Harlem, avec un piano et sept chiens ! |
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1953 – 1955 |
Au début de 1953, Dupree signe un contrat avec King, le fameux label R’n’B de Cincinnati. En août, il est engagé à New Orleans et se produit notamment au célèbre Dew Drop Inn. Pour King, il va effectuer plusieurs séances d’enregistrement, à Cincinnati et à New York. Les sessions de New York donneront des classiques comme That’s My Pa, Stumblin’ Block et Failing Health, avec Mickey Baker à la guitare et Willis Jackson au saxophone. Cependant, la première, et la seule, incursion de Dupree dans les charts, le tranquille Walkin’ The Blues, fut enregistré à Cincinnati. Dans ce titre, ce qui plut au public, ce n’est ni son chant, ni son jeu de piano, mais le fait qu’il raconte une histoire pleine d’humour sur un ouvrier. En tout, Champion Jack Dupree publia un peu plus d’une douzaine de singles pour King entre 1953 et 1955. |
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1955 – 1958 |
En 1955, il signa chez RCA qui publia ses enregistrements sur ses sous-marques Groove et Vik. Dupree fit quatre sessions pour RCA, mais seuls trois singles furent publiés, les meilleurs étant Just Like A Woman et Dirty Woman, deux morceaux très "New Orleans". Pendant cette période, il arrondissait ses fins de mois en enregistrant également pour d’autres artistes et en faisant le ‘découvreur de talents’ pour des compagnies comme Ember et Old Town. On peut l’entendre derrière des artistes tels que Larry Dale, Cousin LeRoy, Bob Gaddy et Mr. Bear. |
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1958 – 1959 |
En 1958, Jerry Wexler lui fait signer un contrat chez Atlantice et lui suggère d’enregistrer un album de ses blues traditionnels préférés. Accompagné d’un petit groupe de quatre membres composé de Pete Brown au saxophone, Larry Dale à la guitare, Willie Jones à la batterie et Wendell Marshall à la basse, Champion Jack Dupree enregistra Blues From The Gutter, l’un des tout meilleurs albums enregistré par un artiste de blues. Celui-ci contient sa lecture de standards comme Stack-O-Lee et Frankie & Johnnie – qu’il avait l’habitude d’entendre lorsqu’il était à New Orleans – ainsi que des titres sur la droque (Can’t Kick The Habit) et une nouvelle version de Junker Blues. L’album sera un des sommets de sa carrière. Pendant un temps, il continue de travailler à New York où il enregistre et joue pour des gangsters ! |
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Années 60 |
Il
avait entendu des artistes de blues comme Sonny Tery, Brownie McGhee et Big Bill
Broonzy s’extasier sur l’Europe après y être allé jouer. Ils pensaient que
l’Europe représentait un nouveau marché pour les bluesmen et, qu’en plus, il
n’y avait pas les problèmes raciaux qu’ils rencontraient dans leur propre
pays. Dupree était impatient de se rendre compte par lui-même. L’occasion se
présenta en 1959 lorsque ses imprésarios l’envoyèrent en Europe pour quelques
dates. Il revendit son billet de retour et s’installa à Londres. Dupree adora
ce nouvel environnement, à tel point qu’il épousa une jeune anglaise de vingt
ans et s’établit à Zurich, en Suisse. Il continua à enregistrer régulièrement, notamment pour le label danois Storyville. En 1966, le label anglais Decca met sur pied une collaboration avec les jeunes bluesmen anglais John Mayall et Eric Clapton. Tout au long des années 60 il se produit dans tous les clubs et festivals d’Europe ! |
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Années 70 et années 80 |
Champion Jack Dupree est maintenant un artiste de blues reconnu. Il a épousé Shirley Harrison, une jeune anglaise de 18 ans, serveuse dans un club de Londres. Il s’installe alors à Halifax, dans le Yorkshire où il va se lier d’amitié avec Diz Watson, un jeune pianiste. il enregistre quantité d’albums pour divers labels. Malheureusement, beaucoup s’avèrent bâclés et sans grand intérêt, ce qui nuira quelque peu à sa carrière. En 1989, il surmonte un cancer de la prostate après que les médecins lui aient enlevé une tumeur. |
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Années 90 |
En
avril 1990, alors qu’il a plus de 80 ans et qu’il réside à Hanovre, en
Allemagne, il décide de revenir à New Orleans, pour la première fois en 36
ans, afin de se produire au New Orleans Jazz & Heritage Festival et
d’enregistrer pour le label Bullseye. Il y retrouvera des personnes de sa
famille qu’il croyait morts, comme un de ses fils qu’il pensait décédé au
Viêt-Nam. Après une magnifique prestation au Festival, il enregistre l’album Back Home In New Orleans en une nuit
aux studios Ultrasonic avec des musiciens locaux comme Alvin ‘Red’ Tyler et
Walter Payton. Heureux de cette expérience, il revindra à New Orleans l’année
suivante pour, une nouvelle fois, participer au Jazz Fest et enregistrer un
album pour Bullseye. Malheureusement, sa santé s’était très nettement
détériorée et c’est un homme diminué, contraint de se déplacer en chaise
roulante, qui se présente au public. En décembre 1991, il doit être hospitalisé, à Hambourg, en Allemagne, pour un cancer de la moelle épinière. |
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21/01/1992 |
Le plus vieux représentant des bluesmen de New Orleans s’éteint, chez lui à Hanovre, à 82 ans. Plus de 500 personnes assisteront à son enterrement et son cercueil fut recouvert du drapeau américain, sur lequel fut posé une coiffe de chef indien. Selon la tradition de sa ville natale, un orchestre de dixieland joua pour l’occasion. Son corps fut donné à la mer. |
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L’un des artistes les plus productifs de New Orleans ; pourtant l’importance de Champion Jack Dupree demeure largement sous estimée. Sa musique, typique de New Orleans, dans ses bases et son inspiration, reste très représentative d’une période, le début du vingtième siècle, dans une ville où tout était permis. Son Junker Blues fut à l’origine du titre The Fat Man de Fats Domino, le titre qui, selon certains, marque le début du rock and roll ! |
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Discographie |
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Blues
From The Gutter |
Atlantic |
1959 |
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Champion
Jack's Natural & Soulful Blues |
Atlantic |
1961 |
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Champion
Of The Blues |
Atlantic |
1961 |
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Low Down Blues |
Continental |
1961 |
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Women
Blues |
Folkways |
1961 |
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Sings
The Blues |
King |
1961 |
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Trouble,
Trouble |
Storyville |
1962 |
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Papa
Bue's Viking Jazzband with Jack Dupree |
Storyville |
196? |
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The
Best Of The Blues |
Storyville |
1963 |
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Portraits
in Blues - Vol. 5 |
Storyville |
196? |
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Cabbage
Greens |
Okeh |
1963 |
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From |
Decca |
1966 |
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Champion
Jack Dupree And His Blues Band featuring Mickey Baker |
Decca |
1967 |
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When
You Feel The Feeling You Was Feeling |
Blue Horizon |
1968 |
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Anthologie du Blues – Vol. 1 |
Vogue |
1968 |
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Scooby
Dooby Doo |
Blue
Horizon |
1969 |
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The
Heart Of The Blues Is Sound |
BYG |
1969 |
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Incredible |
Sonet |
1970 |
|||
Champion Jack Dupree |
Storyville |
19?? |
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The Blues
Of Champion Jack Dupree |
Storyville |
19?? |
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Champion
Jack Dupree |
Festival |
1971 |
|||
I'm
Happy To Be Free |
Vogue |
1971 |
|||
Legacy
Of The Blues - Vol. 3 |
Sonet |
1972 |
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Blues
at Montreux (Champion Jack Dupree & King Curtis) |
Atlantic |
1972 |
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Alive,
Live & Well |
Chrischaa Blues |
1973 |
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Champion
Jack Dupree |
Storyville |
1974 |
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The
Hamburg Session |
Happy Bird |
1974 |
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Barrelhouse
Blues New |
Friendship |
1974 |
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The Blues
Of Champion Jack Dupree |
Storyville |
1976 |
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Blues
For Everybody |
King |
1976 |
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Shakespeare
Says |
Saravah |
1976 |
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Champion Jack Dupree |
Storyville |
19?? |
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Boogie
Woogie, Booze And Wild Wild Women |
Storyville |
1977 |
|||
1977 |
Isadora |
1977 |
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Two
Fisted Piano From |
Storyville |
1979 |
|||
Freedom
(Champion Jack Dupree & Monty Sunshine Band) |
Pinorrekk |
1980 |
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Real
Combination (Champion Jack Dupree with Henry) |
Finnlevy / Dig It |
1980 |
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An Evening
with Champion Jack Dupree (Champion Jack Dupree
& Kenn Lending) |
Gallo |
1981 |
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Still
Fighting The Blues (Champion Jack Dupree
& Kenn Lending) |
Gallo |
1981 |
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I Had
That Dream |
Pinorrekk |
1982 |
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The First
16 Sides From Joe Davis 1944-45 |
Red Pepper |
1982 |
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Rub A
Little Boogie 1943-53 |
Krazy Kat |
1982 |
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I'm
Coming Home (Kenn Lending Blues Band feat. Champion Jack
Dupree) |
Hot Society |
1983 |
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Get
You An Ol' Man |
Paris |
1984 |
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Junker
Blues 1940-41 |
Okeh |
1985 |
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1944-45
The Other Takes |
Krazy Kat |
1985 |
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Blues
For People (Kenn Lending Blues Band feat. Champion Jack
Dupree) |
KLBB |
1985 |
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Won't Be a Fool No More |
See For Miles |
1985 |
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Usual
Dangerous Guy (Aron Burton with Kenn Lending Blues Band
featuring Jack Dupree) |
Avaron |
1986 |
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Blues
Is Freedom To All (Champion Jack Dupree
& Kenn Lending Blues Band) |
MCS Limited |
1987 |
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Shake
Baby Shake |
Detour |
1987 |
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Fine
& Mellow |
Musidisc |
1987 |
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Champ's
Housewarming (Axel Zwingenberger, Champion Jack Dupree
& The Mojo Blues Band) |
Vagabond |
1988 |
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Axel
Zwingenberger On Stage With Champion Jack Dupree |
Vagabond |
1988 |
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Rockin'
The Boogie (Champion Jack Dupree & Kenn
Lending) |
Blue Moon |
1988 |
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Jubilee
Album |
Blue Moon |
1989 |
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Champion
Jack Dupree 1940-1950 |
Best Of Blues |
1989 |
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Champion
Jack Dupree Sings Blues Classics |
Vagabond |
1990 |
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Back
Home In |
Bullseye |
1990 |
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The Blues
Of Champion Jack Dupree Vol. 1 |
Storyville |
1991 |
|||
The
Blues Of Champion Jack Dupree Vol. 2 |
Storyville |
1991 |
|||
Forever
And Ever |
Bullseye |
1991 |
|||
|
Magpie |
1992 |
|||
|
Columbia |
1993 |
|||
One
Last Time |
Bullseye |
1993 |
|||
Home |
Charly |
1993 |
|||
Live at |
JSP |
1994 |
|||
Junker's
Blues - The Blues Collection 44 |
Orbis |
1995 |
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The Joe Davis Sessions 1945-1946 |
Flyright |
1995 |
|||
Black Woman Swing |
Drive |
1995 |
|||
Blues Masters Series Vol. 6 |
Storyville |
19?? |
|||
Champion
Jack Dupree Of |
Storyville |
19?? |
|||
Le Poids Lourd Du Piano Blues |
Warner |
1996 |
|||
Xalking
The Road |
Blues Collection |
1996 |
|||
Greatest
Hits |
King |
1996 |
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Truckin'
On Down |
Storyville |
1998 |
|||
Live With the Big Town Playboys |
JSP |
1998 |
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The Gamblin' Man 1940-1947 (Champion
Jack Dupree & Brownie McGhee) |
EPM Musique |
1998 |
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Get Back Jack, Do It Again |
Catfish |
1999 |
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Me And My Mule |
Magnum |
1999 |
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Rum Cola Blues |
Arpeggio Blues |
2000 |
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Walkin By Myself |
Diamond |
2000 |
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Oh Lord, What Have I Done? |
Chrisly |
2000 |
|||
The Blues
Of Champion Jack Dupree |
Storyville |
2000 |
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Portrait Of Champion Jack Dupree |
Rounder |
2000 |
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Jivin'
With Jack - Live In |
Jasmine |
2002 |
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St. Claude and Dumaine |
Varese |
2002 |
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Bad
Luck Blues (Champion Jack Dupree Live With Freeway 75) |
Blue Nose |
2003 |
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Dupree
'N' McPhee (Champion Jack Dupree with T.S. McPhee - The 1967 Blue
Horizon Session) |
Ace |
2005 |
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The Complete Blue Horizon Sessions |
Sony |
2005 |
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Dupree Shake Dance |
Blues Forever |
2005 |
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Mercy On Me |
Collectables |
2006 |
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Early Cuts From a Singer, Pianist and Songwriter Who Took Blues To The
World (4-CD) |
JSP |
2009 |
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Mon choix : Forever And Ever (They Gave Me Away / Hometown New Orleans / Skit Skat / Poor Boy /
Forever and Ever / Yellow Pocahontas / Third Degree / Dupree Special / Spoken
Introduction / Let's Talk It Over) A part son chef d’œuvre qu’est Blues From The Gutter, mon choix se porte sur son deuxième CD pour Bullseye Blues après son retour à New Orleans. A la fin de sa vie, malgré la maladie, il retrouve ses racines et nous offre de magnifiques émotions notamment dans le morceau qui donne son titre à l’album, Forever And Ever, et dans Yellow Pocohontas, titre très ‘Mardi Gras Indians’ avec Big Chief Bo Dollis. Bien sûr, avec ces deux titres, il déborde largement du blues traditionnel, mais quel plaisir… |
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Pour en savoir plus : The Soul of New Orleans, A legacy of Rhythm and Blues de Jeff Hannusch, dans lequel l’auteur lui consacre un chapitre. |
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Films : Champion Jack Dupree –
Blues Legend, Proper Music Distribution, 2003; |
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Internet :
www.wirz.de/music/duprefrm.htm (discographie) ; www.tgo.be/2grands_du_blues/champion_jack_dupree01.htm;
www.abcbluesandsoul.com/championjackdupree.aspx |
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