L'onde de choc du R'n'B

La première vague du Rhythm and Blues a vu l'éclosion d'un ribambelle d'artistes qui ont jeté les bases d'un 'New Orleans Beat'. Ils vont, en quelque sorte, servir de modèles pour toutes une nouvelle génération qui va explorer de nouvelles directions. Parmi les "anciens", certains vont connaître la consécration, d'autres poursuivre une carrière locale dont le point d'orgue annuel reste le Jazz Fest.

Allen Toussaint va poursuive son œuvre grâce à ses talents de producteur et ainsi voir défiler la gratin de la musique populaire dans ses studios Sea-Saint.

Un autre pianiste, "Prince de New Orleans", aura une place toute particulière. Après des débuts comme pianiste de studio, James Booker III obtiendra en 1960 avec "Gonzo" un succès local mérité. Son talent, aussi bien au piano qu'à l'orgue, lui donnera l'occasion de jouer avec les plus grands, comme Aretha Franklin, et d'avoir une influence sur beaucoup d'autres artistes; Harry Connick, Jr. étant certainement l'un des plus connus. Malheureusement, des problèmes de drogue l'empêcheront de devenir la vedette qu'il aurait dû être, alors que son génie lui permettait de jouer quasiment n'importe quoi. James Booker restera une sorte de légende !

 

 

L'artiste blanc le plus important à emerger à New Orleans reste sans conteste Mac Rebennack, alias Dr. John. Il débute sa carrière très jeune dans le studio de Cosimo Matassa. Il joue alors de la guitare, enregistre quelques titres sous différents noms et surtout met son talent au service d'autres artistes qu'il produit. Au contact de James Booker, il se mettra au clavier. Après un passage à vide dû à sa dépendance à l'héroïne et à une période passée en prison, il émigrera sur la côte Ouest où il retrouvera d'autres artistes néo-orléanais.

 

En 1968, son premier album "Gris-Gris" le fera connaître comme Dr. John The Night Tripper. Dès lors, il apparaîtra sur d'innombrables albums et jouera avec les vedettes de l'époque comme Eric Clapton, les Rolling Stones, Van Morrison et bien d'autres. Ses productions sont toujours d'une très grande qualité, abordant tous les styles. Chaque nouvelle parution procure une grande joie et ses prestations scéniques sont toujours de grands moments. Maintenant new-yorkais, il continue sa carrière de requin de studio, aussi bien avec des artistes connus qu'avec de nouveaux talents, tout en publiant régulièrement de superbes albums.

 

 

New Orleans n'a donné que peu de chanteuses de R'n'B, et seule Irma Thomas, 'The Soul Queen of New Orleans', émergera du lot. Après un premier succès en 1959 avec "(You Can Have My Husband But Please) Don't Miss With My Man", elle rejoindra l'écurie d'Allen Toussaint qui lui façonnera de petites perles. Son "Time Is On My Side" sera même repris, avec le succès que l'on sait, par les Rolling Stones. Après un superbe album enregistré dans les studios Muscle Shoals, Irma Thomas traversera une longue période difficile et émigrera sur la côte Ouest. De retour à New Orleans à la fin des année 70, elle sortira quelques albums pour de petits labels. Mais ce sont les années 80 qui vont voir sa renaissance, notamment avec ses albums pour Rounder. Depuis ses disques et ses concerts sont très appréciés et atteignent un public plus large. De "survivante", Irma Thomas est passée au statut de star… à plus de 50 ans !

Dans les années 50, Art Neville obtint, avec le groupe The Hawketts, un succès local avec "Mardi Gras Mambo". Il récidivera en 1961 avec "All These Things" produit par Allen Toussaint. Son jeune frère Aaron fit encore mieux en 1966 avec l'immense succès de "Tell It Like It Is". Avec Cyril, un troisième frère, ils forment alors le Neville Sounds.

Cyril et Aaron choisiront finalement une autre voie et le groupe, composée de Art Neville aux claviers, Leo Nocentelli à la guitare, de George Porter, Jr. à la basse et de Joseph "Zygaboo" Modeliste à la batterie, devient The Meters. Allen Toussaint va en faire la base de ses productions et les Meters vont donc jouer pour tous les artistes de l'écurie et pour beaucoup d'artistes 'de passage'. En 1967, le premier morceau instrumental sous leur nom, "Sophisticated Cissy", aura tant de succès qu'un album sera bientôt mis en boîte : "Cissy Strut" sort en 1969 et trouve rapidement un public. Leur son funky est très innovant, bien qu'assez brut, et démontre la cohérence et la qualité des quatre musiciens. Deux autres albums, "Look-Ka Py Py" et "Struttin'", seront enregistrés dans la foulée et en 1970 le groupe sera élu "meilleur groupe de R'n'B instrumental" par Billboard et Record World.

Tout en enregistrant ses propres albums, le groupe continuera son travail de studio derrière les artistes attirés par Allen Toussaint et les sudios Sea-Saint - Paul Mc Cartney, Robert Palmer, Dr. John, Frankie Miller, parmi d'autres - jusqu'en 1977.

The Wild Tchoupitoulas

 

Sous la conduite de Cyril, les frères Neville devinrent un groupe avec le retour de Charles. Les quatre frères, Art, Aaron, Charles et Cyril, s'étaient déjà réunis pour l'album des Wild Tchoupitoulas avec leur oncle George Landry alias Big Chief Jolly. Cet album, magnifique, fut encensé par la critique et démontrait les qualités de la musique de la famille Neville. Ils étaient prêts pour être les grandes vedettes qu'ils allaient devenir dans les année 90, notamment grâce à la production de Daniel Lanois. Aujourd'hui, les Neville Brothers sont les plus célèbres représentants de la musique de New Orleans, Aaron obtenant de plus un immense succès populaire avec ses propres disques en collaboration avec la chanteuse Linda Ronstadt.

 

Avec Aaron Neville, Johnny Adams fut assurément l'une des plus belle voix de New Orleans. Dès ses débuts ("I Won't Cry", produit par Mac Rebennack), puis avec "Release Me" en 1968 et "Reconsider Me", jusqu'à son dernier et superbe album "Man Of My Word", il abordera de multiples styles, de la ballade soul au R'n'B en passant par le blues et le jazz. Son décès, en 1999, laisse un grand vide !