Mardi Gras Indians
La fabuleuse tradition des Mardi
Gras Indians (voir le magnifique livre de Michael P. Smith) a donné naissance
à un style de musique local très caractéristique. Basé sur le principe
d’appel/réponse entre le chanteur et l’auditoire, les chants ont,
initialement, exclusivement des percussions comme accompagnement. |
C’est au début des années 1880 que
la première « tribu », The Creole Wild West, est créée …avec des
membres du célèbre show de Buffalo Bill, le Buffalo Bill’s Wild West Show.
Ils commencent alors à participer aux parades qui parcourent la ville en
arborant de magnifiques costumes très colorés, d’abord lors des festivités du
mardi gras. |
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Lors de ces parades, ils dansent et
chantent, utilisant souvent des éléments de divers dialectes africains, ainsi
que certains termes français créolisés. |
Divers chansons traditionnelles vont
devenir avec le temps les bases du répertoire : dès les années 30, on
peut entendre Jelly Roll Morton chanter la phrase créole ‘t’ouwais bas
q’ouwais’, américanisée dans le titre Two Way Pocky Way. A la même
époque, les Wild Squaloolas créent le maintenant fameux (Somebody Got To)
Sew, Sew, Sew. Un peu plus tard, dans les années quarante, Danny Barker
enregistrera quelques titres étonnants que l’on retrouvera souvent dans les
disques des Mardi Gras Indians. Il s’agit, notamment, de Chocko Me Feendo
Hey, Tootie Ma Is A Big Fine Thing, My Indian Red et Corinne
Died On The Battlefield (qui ont été réédités sur le CD « Jazz A’La
Creole » publié sur GHB Records en 2000). |
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C’est en 1954 que James ‘Sugar Boy’ Crawford publie Jock-A-Mo (ou Jockomo), la première version enregistrée de ce qui est devenu depuis une sorte d’hymne des Mardi Gras Indians sous le nom de Iko Iko, grâce aux versions des Dixie Cups en 1964, de Dr. John en 1972, et de bien d’autres depuis. |
Un autre titre fondateur de cet
extraordinaire style musicale est l’incroyable Big Chief, enregistré
en 1964 par Professor Longhair et écrit par Earl King & Wardell
Quezergue. |
Mais le style ne va réellement voir le jour que dix ans plus tard avec les disques des Wild Magnolias ! C’est au milieu des année 60 que Quint
Davis découvre la culture des Mardi Gras Indians et qu’il se met à
enregistrer leur musique lors des répétitions. Fasciné par ce qu’il entend,
il commence à s’occuper des Wild Magnolias et à leur trouver des contrats
pour des concerts. C’est lors d’un de ces concerts, à l’université de Tulane
à New Orleans, où jouaient également Willie Tee & The Gaturs que se
produisit l’étincelle. Willie Tee se mit au piano et fit le bœuf avec les
indiens et là, Quint Davis sut qu’il tenait quelque chose
d’extraordinaire ! |
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Il organisa une première session
d’enregistrement pour un 45t, avec Willie Tee & The Gaturs. Quint Davis
et Allison Miner créèrent Crescent City Records et publièrent en 1971 ce que
l’on peut considérer comme le tout premier disque de Mardi Gras Indians de
l’histoire : Handa Wanda ! |
Un peu plus d’un an plus tard, en novembre 1972, Philippe Rault,
producteur français travaillant pour le label Barclay, rencontre Quint Davis
et Allison Miner lors d’un voyage à New Orleans. Ces derniers lui proposent d’assister
à une répétition des Wild Magnolias. C’est ainsi qu’il fait la connaissance
de Théodore Emile ‘Bo’ Dollis, Big Chief des Golden Eagles, et Joseph Pierre
‘Monk’ Boudreaux, Big Chief des Wild Magnolias, dans le salon de Professor
Longhair. C’est une révélation ! |
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‘Bo’ Dollis |
‘Monk’ Boudreaux |
Il rentre à Paris avec le 45t des Wild Magnolias, offert par Davis &
Miner, et la ferme intention de convaincre les disques Barclay de s’engager
dans un projet de disque. Après un an de négociations, c’est en décembre 1973
que Philippe Rault revient à New Orleans dans le but de produire le premier
album des Wid Magnolis. La session fut organisée au tout nouveau ‘Studio In
The Country’, à Bogalusa, la ville natale de Professor Longhair, avec Willie
Tee & The Gaturs, mais aussi avec Snooks Eaglin à la guitare. L’album,
publié en 1974, reçu un très bon accueil de la part de la critique mais
n’obtint pas le succès initialement attendu, bien que publié aux États-Unis
par Polydor. |
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Malgré cela, un deuxième album, intitulé They Call Us Wild, fut enregistré début 1975, toujours avec Willie Tee. Bien que certains titres furent publiés en 45t (Treehouse Records) et dans une compilation de tires de Mardi Gras (Mardi Gras Records), l’album ne parut qu’en Europe, le contrat avec Polydor n’ayant pas été reconduit. |
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The Wild Magnolias |
L’étape
suivante – et quelle étape ! –
fut franchie en 1976 par Marshall Sehorn et Allen Toussaint qui furent
à l’origine du fantastique album des Wild Tchoupitoulas de Big Chief
George Landry et de ses neveux les Neville Brothers, complétés par les autres
membres des Meters. |
Depuis, de multiples projets similaires, plus ou moins réussis, ont vu le
jour. Les Wild Magnolias durent attendre 1990 pour retrouver le chemin des
studios pour Rounder Records. Ce label sera en fait l’artisan du retour des
Mardi Gras Indians dans les bacs avec un disque des Golden Eagles de Monk
Boudreaux en 1988, enregistré lors d’une répétition dans leur QG, le H&R
Bar à New Orleans, et une compilation (Super
Sunday) en 1992. |
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C’est également en 1992 que le fils de Donald Harison, Sr., le Big Chief des Guardians of the Flame, Donal Harrison, Jr. publia un album (Indian Blues) intégrant le jazz à la musique de Mardi Gras Indians, avec la complicité de Dr. John qui, de son côté, s’est toujours largement inspiré de cette musique ! |
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Les années 2000 virent la parution
d’albums solo de Monk Boudreaux, souvent en collaboration avec des artistes
venant d’un tout autre univers comme Anders Osborne, John Lisi ou Keven
Brennan. |
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La dernière sensation reste la
constitution des 101 Runners et de leur disque publié en 2010, en compagnie
de …Monk Boudreaux ! |
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