T. K. HULIN

(1943 – )

Chanteur

Swamp Pop

16/08/1943

Alton James Hulin naît à St. Martinville, le 16 août 1943. Avec son père , Elie, sa mère, Irene, et ses six frères et sœurs, ils vivent dans une ferme de Cypress Island où ils cultivent du maïs, du coton et du poivre de Cayenne, et élèvent du bétail pour se nourrir.
Comme beaucoup de jeunes louisianais de cette époque, l'anglais n'était pas sa langue maternelle. « À l'école, je parlais à peine anglais », raconte Hulin. « On parlait le français cajun. J'ai dû apprendre l'anglais. C'était le bon vieux temps. »
Les surnoms étaient une tradition de longue date dans sa grande famille. « Tous ces Cajuns ont des surnoms », raconte Hulin. « Mon oncle s'appelait Baboo. Puis nous étions sept enfants, et il nous a donné un surnom à chacun. J'étais T.K., mon frère, le batteur, B-Lou. Mon autre frère était T-Sue, et mon autre frère Kai-Ton. Que des surnoms. Et ça m'est resté toute ma vie, T.K. »
Chez es Hulin, la musique est très présente : « Mon père était accordéoniste et harmoniciste », raconte T.K. « Mais ce n'était pas son métier. Il en jouait juste à côté. Et puis mon frère Larry (B-Lou) a joué de la batterie pour moi pendant environ 48 ans. » Sa sœur Betty chantait également.

1956 - 1963

Il a 13 ans lorsqu’il commence à chanter professionnellement. À 16 ans, en 1959, alors lycéen, il forme son premier groupe et se produit sous le nom de T.K. Hulin & The Lonely Knights. Son professeur de musique, Robert Thibodeaux, écrit aussi des chansons. Il reconnaît le talent du jeune T.K. et lui propose ses chansons. T.K. se souvient : « Il m’a dit “Regarde, j'ai des chansons que j'ai écrites. Si tu veux venir les essayer, on les enregistre !” J'ai dit : “Bien sûr !” Je suis allé chez lui, et il avait plein de chansons. J'y suis allé, je les ai enregistrées, et on s'est retrouvés. Il m'a écrit plein de chansons. Il était incroyable. »
Dès cette époque, T.K. Hulin écume les salles de concert de la région. « Mon premier concert, c'était dans un centre pour adolescents à St. Martinville », raconte Hulin. « Et mon deuxième concert, c'était au Cinderella's, un club de St. Martinville, quand j'avais 14 ans. J'ai joué au Cinderella's pendant des années. »
En 1958, son père et Robert Thibodeaux créent L. and K. Records pour publier les enregistrements du fiston ! En 1959, ils sortent trois singles, enregistrés dans les légendaires studios de Jay Miller à Crowley, qui permettent à T.K. Hulin de se faire un nom localement. The Lonely Knights était alors composé du guitariste Johnny Melancon, du bassiste Audie Roy, du pianiste Max Theriot et du batteur Al Babineaux, ainsi que des saxophonistes Roland et Teddy Babin, deux de ses cousins. B-Lou, le frère de T.K remplacera plus tard Al Babineaux à la batterie.
Le premier single, avec la ballade swamp-pop Many Nites et le rock endiablé Little Bitty Boy, est un succès dans son quartier, qui se transformera, avec les deux singles suivants, en une certaine reconnaissance régionale.

1963 - 1965

En 1963, Thibodeaux écrivit I’m Not A Fool Anymore pour Hulin, une autre ballade swamp pop typique. T.K. and the Lonely Knights enregistrèrent cette fois-ci dans le propre studio de Thibodeaux. « J’ai enregistré cette chanson dans un tout petit studio, et on l’a faite deux fois, deux prises », raconte Hulin. « C’était suffisant. Ils l’ont envoyée.» Une autre ballade, tout aussi puissante, de Robert, Teardrops, More Teardrops, figurait sur la face B du single qu’ils publient sur L. & K. Records dans la foulée. Avec le single sous le bras, le père et le fils sont partis dans une tournée des radios locales afin de le présenter aux DJs. « On a commencé par Lafayette, Crowley, Rayne, Lake Charles et Port Arthur », raconte Hulin. « C'est là que ça a marché, à Port Arthur. On est allés à Port Arthur avec, et ils ont commencé à le diffuser sur les radios locales que je connaissais. Puis très rapidement, tout le monde l'a joué. »
Dès lors, les maisons de disques comme Chess à Chicago, le contactent, mais le chanteur ne sait pas trop quoi faire. Il demande conseil à Robert Thibodeaux qui le dirige vers Huey Meaux, un de ses amis. « Huey m'a appelé, il est venu en voiture et j'ai signé un contrat avec lui. Je ne sais pas si c'était une bonne affaire ! » Huey a conclu un contrat avec Smash Records, une filiale du label Mercury de Chicago, pour distribuer I’m Not A Fool Anymore. Grâce à la puissance promotionnelle de Mercury, la chanson a cartonné dans les charts pop nationaux pendant deux semaines, atteignant la 25ème place du Billboard à l’été 1963 et se vendant à plus de 500000 exemplaires ! « Sur la station KILT de Houston, il a été numéro un pendant un mois et demi », raconte Hulin. Robert Thibodeaux écrivait toujours de nouvelles chansons et un nouveau single fut publié sur L. and K. Records, en novembre 1963, avec I’m Ashamed Enough To Die et Rain. T.K. pensait que I’m Ashamed Enough To Die serait un succès encore plus gros, mais à son grand regret, ce ne fut pas le cas, bien que Smash distribua également le nouveau single dans tout le pays l’année suivante.
Début 1964, toujours grâce à Meaux, le jeune T.K. partit en bus pour une tournée promotionnelle de deux semaines à travers le Texas et la Louisiane, avec quelques-unes des stars de l’époque comme Jerry Lee Lewis, Roy Orbison, B.J. Thomas, Ray Stevens et Bobby ‘Blue’ Bland. Après le dernier concert de la tournée, à Lake Charles, sa mère est venue le chercher. Pendant la tournée, T.K. avait peu dormi ; il était donc très fatigué et avait perdu cinq kilos ! Voyant son fils, Irene Hulin s’exclama « “Oh mon Dieu” en français. Et ajouta : “C'est fini. Tu restes ici. Tu n'iras nulle part ailleurs qu'ici.” » Les tournées étaient finies pour un bon moment ! Ce qui ne l’empêchera pas de se produire intensément dans les boîtes de nuit, casinos et salles de spectacle de la région pendant des années ! Il y avait plein de salles à proximité où se produire. « Le Cinderella's était probablement le meilleur dans les années 60 », raconte T.K. « Le Cinderella's Club à St. Martinville. On y a joué une quinzaine d'années. » C’est à cette époque qu’il forme un groupe de 12 musiciens, dont Edgar Winter, qui vient de Beaumont et séjourne chez lui le week-end ; il restera un an dans le groupe avent de devenir la vedette que l’on connaît.
Enregistré au fameux studios de Cosimo Matassa, à New Orleans, So Darling ((I’ll Dream Again) est publié sur L. and K. en avril 1964 (avec On Lonely Street en face B) mais n’est pas retenu par Smash. Le single suivant contient As You Pass Me By (Graduation Night), une ballade swamp pop très touchante qui va vite devenir un classique du genre. Bien que vraiment très populaire dans la région Texas / Louisiane / Mississippi, la chanson ne sera pas le tube espéré faute de distribution nationale. 150000 exemplaires furent quand même vendus ! Puis vinrent trois autres singles cette année-là, dont sa contribution aux chansons de Noël avec Tears For Christmas couplée avec son tout premier titre, Many Nites. Trois nouveaux singles paraîtrons en 1965 dont une reprise de Kaw-Liga de Hank Williams avant que le label L. and K. soit mis en sommeil !

1966 – Années 70

À part un single parut sur La Louisianne Records en 1966, T.K. Hulin n’a rien publié pendant une dizaine d’années. Il a en fait limité sa carrière à faire des concerts dans la région.
En 1967, il a ouvert sa boîte de nuit, le T.K.’s Nightclub sur la Highway 31 à Saint-Martinville. Mais un incendie (criminel, selon certains) mit fin à l’aventure en 1971 ; du coup, T.K. changea le nom de son groupe en T.K. and Smoke !
Après quelques années d'absence des studios d'enregistrement, Hulin a signé avec le label Booray de V.J. « BooBoo » Boulet au milieu des années 70. « C'était un pote », raconte T.K. « Je jouais dans son club. Il avait un club à Breaux Bridge, le BooBoo's Nightclub. C'est pour ça qu'il l'a appelé le label Booray. » Après un premier single en 1975, il publie Alligator Bayou, écrit par Eddy Raven, en 1976 avec (As You Pass Me By) Graduation Night en face B. Le titre deviendra un tube dans les jukebox des années 80.
En 1975, Huey Meaux rééditera le single L. and K. 1118 (
As You Pass M By) Graduation Night / If Just One Dream Came True) sur son label Crazy Cajun. Et vers la fin des années 70, il publiera deux albums sur ses labels Crazy Cajun et Starflite, ainsi que quelques singles sur un de ses autres labels American Playboy, sans réel succès.

Années 1980 - 2000

À partir de cette période, la carrière de T.K. Hulin va se résumer à écumer les lieux de concerts de la région, entre New Orleans, en Louisiane et Houston, au Texas. Il le reconnaît : « Quand je monte sur scène, je suis tellement heureux. Les gens sont heureux. Ça me rend heureux. »
En 1995 sort Past & Present – Simply T.K., un nouveau CD de reprises de ses anciens titres (dont I’m Not A Fool Anymore, Graduation Night, Alligator Bayou) et des classique de R’n’B (dont Shake, Knock On Wood, Harlem Shuffle).
Puis il faudra attendre plus de dix ans pour qu’un nouvel album voit le jour, en 2007. Mais l’attente est récompensée par la qualité de la livraison. Enfin un album à la hauteur du talent de l’artiste !

Années 2010

Au début des années 2010, T.K. a 70 ans. Il commence à fatiguer. Il ne veut plus se produire dans les nightclubs, où les spectacles peuvent durer très longtemps. Il se recentre sur les festivals et les casinos, où il prend toujours autant de plaisir.
En 2017, il est contacté par Sammy Kershaw qui prépare un album de reprise de tubes de Swamp Pop. T.K. Hulin y chantera avec lui sur la reprise de I Got Loaded, le tube de Cookie & The Cupcakes, ainsi que sur Got You On My Mind avec tous les autres invités de l’album.
À 74 ans, T.K. se produit toujours : « J'adore ça. Mon son est meilleur maintenant », dit-il. « On m'a retiré des nodules il y a trois ou quatre ans. J'en avais à l'époque. Et je vous dis, ça a amélioré ma voix à cent pour cent. Je sonne mieux que jamais. »
En 2019, il doit subir une opération chirurgicale du cœur, pour réparer une fuite valvulaire, dont il se remettra doucement.
En plus de sa carrière dans le monde du spectacle, Hulin et sa femme, Colleen, possédaient et géraient le célèbre restaurant Yellow Bowl à Jeanerette, qu’ils ont vendu en 2022.
Malheureusement, en 2018, le diagnostique tombe : il est atteint de
sclérose latérale primitive, une maladie nerveuse rare, qui le prive le toute force dans le dos, les bras, les jambes et la langue. Depis, la SLP l’a confiné en fauteuil roulant.

28/07/2024

La maladie, incurable, met fin à sa carrière : « C'est de plus en plus difficile de chanter en fauteuil roulant », a déclaré Hulin, qui aura 81 ans en août. « On ne peut pas s’exprimer comme l’on veut parce qu'on est assis. C'est difficile de pousser. J'ai mal tout le temps, et ça empire. Je ne prendrais pas ma retraite si je marchais. Mais je ne peux pas marcher. À un moment donné, j'ai dit à ma femme : "Ça y est. Je ne peux plus continuer." » Le dimanche 28 juillet 2024, la légende du swamp pop offrit à ses fidèles fans un dernier concert lors de sa fête de départ à la retraite au Pat's Atchafalaya Club à Henderson. Le Nik-L-Beer Band, 5e édition, Wayne Toups, Gregg Martinez, Steve Adams, Willie Tee, Johnnie Allan, Jamie Hulin et d'autres invités se produisent pour honorer l’artiste.

Inspiré par des grands noms du Rhythm and Blues et de la Soul comme Sam Cooke, Otis Redding, Sam and Dave, Percy Sledge ou James Brown, le jeune T.K. se forge un style personnel, mélange de tradition cajun et de R’n’B, auquel il sera fidèle tout au long de sa vie. Surnommé "The King" par ses amis, il le restera tout au long d’une carrière qui l’a comblé : « J’ai vécu 67 ans de bonheur. C’était incroyable ! »

Discographie (discographie détaillée)

As You Pass Me By… Graduation Night

Crazy Cajun

1978

Hit Memories By T.K. Hulin – Volume 1

Starflite

197?

Past & Present – Simply T.K.

Raphael Carriere

1995

I’m Not A Fool Anymore – The Crazy Cajun Recordings

Edsel

1999

Larger Than Life

Gulf Coast Soul

2007

Live At Teals 1986

Swamp Pop

2020

Memories From The Past

?

202?

Mon choix : Larger Than Life (Get Up, Get Down / Hold Me, Thrill Me, Kiss Me / It’s Not Unusual / I’ll Still Be Your Friend / Hard To Be / It Turns Me Inside Out / Having A Party / Don’t Fight It / Riding With The King / I’m Gonna Find Another You / Hallelujah, I Love Her So / You Raise Me Up / Unconditional (Bonus Song with Jamie Hulin))

Impressionnant ! Cette voix ! Ces cuivres ! Cette production ! Cet album fait partie des albums qui reviennent régulièrement sur ma platine sans jamais lasser. Dès les premières mesures du premier titre, on sait que l’on a affaire à du sérieux ! Et ce n’est jamais démenti tout au long de l’album. Que des reprises remarquables, comme par exemple Havin A Party de Sam Cooke, Riding With The King de John Hiatt, Hard To Be des Vaughan Brothers ou Hallelujah, I Love Her So de Ray Charles qui n’ont rien a envier aux versions originales. Chapeau l’artiste !

Pour en savoir plus : Son autobiographie intitulée T.K. Hulin Past & Present’

Internet : www.tkhulin.com ; https://blog.ponderosastomp.com/2017/10/t-k-hulin-bayou-state-tearjerker/