Jelly Roll MORTON (1890 - 1941) |
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Pianiste / Chanteur / Chef d'orchestre |
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Jazz |
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20/10/1890 (ou 20/09/1885 ?) |
Naissance à New Orleans. Issu d'une vieille famille française, Jelly Roll Morton éprouvera tout au long de sa vie une certaine fierté due au sang créole qui coulait dans ses veines. Un certain flou entoure sa naissance, mais on sait que son père, F.P. La Menthe (ou LaMothe), jouait occasionnellement du trombone. Le jeune Ferdinand, ne voulant pas être traité de "Frenchy" opta pour Morton, d'après le nom du second mari de sa mère, Mouton ! Il grandit entouré d'instruments de musique et apprit tout d'abord la guitare, dès l'âge de six ans. Mais ses parents ne souhaitaient pas qu'il devienne musicien professionnel. Vers l'âge de dix ans, il se décida finalement pour le piano et, malgré sa famille, commença à jouer un peu partout pour se faire un peu d'argent. |
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Années 1890 |
Sa mère mourut alors qu'il avait 14 ans; il vécut alors avec sa grand-mère. Considéré comme un des meilleurs jeunes pianistes de la ville, il travaillait la journée à fabriquer des tonneaux dans une coopérative. Le week-end, la nuit venue, il franchissait la ligne rouge pour jouer dans Storyville. Il gagnait un dollar par nuit, mais les pourboires pouvaient lui rapporter jusqu'à 20 dollars. |
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Années 1900 & 1910 |
Pendant les deux années suivantes, il joua dans les bordels de Biloxi au Mississippi; un travail plutôt dangereux qui l'obligeait à avoir en permanence une arme sur lui. Il revint à Storyville en 1902, à la grande époque du District alors qu'une nouvelle musique émergeait avec Buddy Bolden. Des douzaines de pianistes étaient en train de transformer les vieilles chansons populaires. La compétition était rude. Pour lui, le plus grand pianiste de cette époque et celui qui restera toujours son maître, était Tony Jackson. Morton devint l'un des premiers ambassadeurs de la nouvelle musique : bien que basé à New Orleans, il voyageait beaucoup. En 1908, il rencontra W.C. Handy à Memphis. Il joua dans des spectacles de vaudeville et prétendait avoir fait du 'scat' bien avant Armstrong. Très tôt, il écrivit ses propres compositions ainsi que ses propres arrangements; sa musique était très variée. |
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Années 1920 |
En 1923, Jelly Roll Morton partit pour un long séjour à Chicago. Durant ces cinq ans, il resta éloigné de la colonie des musiciens néo-orléanais qui étaient en train de créer une musique unique. Cependant, à Chicago, il trouva une maison d'édition et une compagnie de disques pour les orchestres qu'il dirigeait. Dès l'année suivante, il fit ses premiers enregistrements, essentiellement de piano solo, mais également une version historique de "Mr. Jelly Lord" avec les New Orleans Rhythm Kings, le premier orchestre multi-racial à être enregistré. Puis, en 1926, il forma les Red Hot Peppers, avec la crème de New Orleans dont Kid Ory au trombone ou Baby Dodds à la batterie. Il laissait beaucoup de liberté à ses musiciens qui gravèrent alors de purs chef-d'oeuvres. |
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Années 30 |
Morton resta au sommet pendant toutes ces années, jouant sans cesse et gagnant beaucoup d'argent. Mais les nouveaux venus comme Louis Armstrong ou Fletcher Henderson imposèrent un nouveau style assez éloigné du sien, qui ne tarda pas à se démoder. Alors que les grands orchestres faisaient fureur dans les années 30, Morton était déjà quasiment oublié. Malgré tout, de jeunes amateurs de la région de Washington où il s'était installé le redécouvrirent. Il eut alors l'occasion d'enregistrer à New York, toujours avec certains des plus grands musiciens neo-orléanais comme Sidney Bechet ou Zutty Singleton. Contacté par Alan Lomax, il gravera également une fascinante série de faces pour la Library Of Congress. Ces enregistrements se révèlent être des documents d'un très grand intérêt. |
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10/07/1941 |
Malheureusement sa santé n'était pas très bonne. Aprés s'être installé à Los Angeles en 1940 - en partie parce-qu'il pensait que le climat lui serait bénéfique - Jelly Roll Morton, qui s'auto-proclamait "créateur du Jazz, plus grand auteur de chansons du monde", mourut en juillet 1941. Son dernier chèque de droits d'auteur, sur lequel il comptait beaucoup, se montait à 52 dollars. Il rejoignait ainsi la longue série de musiciens qu'une nation ingrate laissait finir leur vie dans une injuste misère alors que d'autres recueillaient, au devant de la scène, les fruits de leur force créatrice et de leur travail. |
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Dès la première décennie du XXème siècle, Jelly Roll Morton avait
clairement perçu la différence entre le ragtime et le jazz : "le ragtime
est une sorte de jeu syncopé spécifique et seuls certains airs peuvent être
joués dans ce style. Le jazz, par contre, est un style qui peut être utilisé
avec n'importe quel type d'air". C'est sans doute cette conceptualisation du jazz, que Morton développa très tôt, qui plaide en faveur de sa prépondérance dans la gestation définitive de ce langage. Il est vrai, d'un certain côté, que Jelly Roll est le "créateur" du jazz en ce sens qu'il a, le premier, réfléchi sur le phénomène et a tenté de le lire, de le théoriser. A l'inverse de la très grande majorité des musiciens qui se contentaient de vivre le jazz et donc de le jouer (certes avec génie), Jelly Roll s'est interrogé sur la substance même des musiques qui lui étaient proposées comme base de son expression. Il démontra que la personnalité du musicien est plus importante en jazz que le matériau fourni par le compositeur. Il fut intronisé au Louisiana Music Hall of Fame en 2008. |
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Discographie |
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Il y en a trop : plusieurs dizaines actuellement dans les catalogues ! |
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Mon choix : Great Original Performances . 1926-1934 (Black Bottom Stomp
/ The Chant / Dead Man Blues / Grandpa's Spells / Original Jelly Roll Blues /
Beale Street Blues / Ham & Eggs / You Need Some Loving / Kansas City
Stomps / Shoe Shiner's Drag / Deep Creek / Pretty Lil / New Orleans Bump /
Ponchartrain / Blue Blood Blues / I'm Alone Without You Need Some Loving /
Kansas City Stomps / Shoe Shiner's Drag / Deep Creek / Pretty Lil / New
Orleans Bump / Ponchartrain / Blue Blood Blues / I'm Alone WithoutYou) Un aperçu de l'art de Jelly Roll Morton à travers du matériel retravaillé pour être diffusé à la radio par la BBC. |
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Pour en savoir plus : Mister Jelly Roll de Alan Lomax (Presses Universitaires de Grenoble, 1981); Jelly Roll Morton de Martin Williams (Londres, Cassell, 1962) |
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Internet : www.duke.edu/~nbp; www.redhotjazz.com/jellyroll.htm |
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