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Professor LONGHAIR (1918 - 1980) |
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Pianiste |
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Rhythm and Blues |
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19/12/1918 |
Naissance de Henry Roeland BYRD à Bogalusa, une petite bourgade de Louisiane, près de l'état du Mississippi. Son père ayant quitté le domicile conjugale, sa mère Ella Mae emmena Roy et son frère ainé à New Orleans, près de la Rue Rampart. |
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Années 1920 & 1930 |
Dès la fin des années 20, Roy Byrd gagne un peu d'argent en faisant des claquettes dans le Quartier Français, tandis que ses deux copains, Harrison Hike et Streamline Isaac, tapent sur des percussions de fortune. C'était la dépression et tout était bon pour faire un peu d'argent. Ces pirouettes éveillèrent certainement en lui un intérêt pour la musique et sa mère, qui jouait de plusieurs instruments, lui donna les premiers rudiments. Son premier instrument fut la guitare. Pendant son adolescence, Roy se passionna également pour les jeux de cartes. Il deviendra plus tard le "meilleur joueur de coon-can de la ville" et subsistera une majeure partie de sa vie grâce au jeu. |
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Milieu des années 1930 |
Roy Byrd commence à fréquenter les clubs et les bars de son quartier, où il y a quasiment toujours un pianiste au programme, ce qui lui donna envie de jouer du piano. Robert Bertrand, Kid Stormy Weather, Little Brother Montgomery, Drive 'Em Down, Sullivan Rock et Tuts Washington passèrent ainsi sous les yeux de Roy Byrd. Après une tentative avortée à la batterie, il se focalisera sur le piano. Ses tout premiers engagements se feront au Théâtres Lincoln et Palace pendant les week-ends où, avec ses pôtes, il dansait et faisait des acrobaties et des blagues. Byrd obtint son premier contrat sous son nom au Cotton Club, dans la rue Rampart, avec Champion Jack Dupree. Dupree joua un grand rôle dans l'évolution de Longhair, aussi bien dans le jeu de piano que dans le style d'écriture. |
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1936 |
C'est, bien entendu, dans un bastringue que Byrd rencontre Sullivan Rock, le pianiste qui sera certainement sa principale influence. Il le suivra régulièrement dans les bars où il joue. C'est Sullivan Rock qui lui apprend Pinetop's Boogie Woogie qu'ils vont jouer à deux, ce qui permettait à Byrd d'y ajouter des fioritures personnelles et ainsi de développer son propre style. |
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1937 |
Roy Byrd rejoint les C.C.C. (Civilian Conservation Corps) où pour 50 dollars par mois, il devait travailler avec les équipes qui construisaient les digues, aménageaient les routes, etc… Il se rendit vite compte qu'il était moins pénible de divertir les autres travailleurs en jouant du piano de la salle de détente. Les six mois passés dans les C.C.C. vont profondément façonner son style, Roy Byrd ayant été grandement impressionné par les rythmes de calypso et de rumba qu'il y entendit. |
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Fin des années 1930 |
Byrd se consacre de plus en plus à son jeu de piano, un problème au genou ayant réduit ses capacités à faire des claquettes. Cependant, il vit surtout grâce au jeu, ne prenant un engagement de pianiste que pour se refaire un peu d'argent pour reprendre le jeu. C'est à cette époque qu'il joue avec Sonny Boy Williamson (Rice Miller) au New York Inn. |
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1940 |
Décès de Sullivan Rock. Roy Byrd est appelé sous les drapeaux, mais sera réformé à cause de son genou. |
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1942 - 1944 |
Avec l'entrée en guerre des Etats-Unis, il est quand même incorporé au Camp Clairbone à Alexandria, en Louisiane. Finalement, il sera démobilisé pour raisons médicales, après huit mois d'hôpital. |
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1944 - 1945 |
C'est la guerre, et ses anciens copains sont à l'armée; les choses tournent au ralenti à New Orleans. Roy va alors s'associer avec un certain Jimmy Hicks dans une affaire de restaurant, le "Jimmy Hicks' Barbeque Pit". Il monte également sa propre affaire de vente de bibelots bon marchés. C'est à cette époque qu'il épouse sa première femme, Beulah Walker; ils se sépareront moins d'un mois plus tard. |
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1945 - 1948 |
Roy Byrd, après s'être séparé de Hicks, reprends sa vie de flambeur, tout en dégotant des jobs de pianiste quand il a besoin d'argent. |
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1948 |
Voulant profiter de l'essor de l'activité musicale à New Orleans, Roy Byrd s'implique de plus en plus dans la musique. Apparemment, il obtint son premier engagement au Club Caldonia où jouait Dave Bartholomew et son orchestre. Selon la légende, lors de l'entracte, le pianiste, Salvador Doucette, s'absenta et Byrd fut autorisé à s'asseoir au piano. Dès qu'il se mit à jouer, le public fut conquis et lui fit un triomphe ! Le propriétaire, Mike Tessitore, l'engagea sur le champ; c'est lui qui, le premier, lui donna son surnom de Longhair. Le 3 avril 1948, le Louisiana Weekly annonça le spectacle des Three Hair Combo comprenant les professeurs Longhair, Shorthair, et No Hair ! Le groupe restera au Caldonia une bonne partie de 1948. |
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1949 |
Longhair a un second engagement, à Algiers, de l'autre côté du fleuve, sous le nom de Henry Long Hair; il travaille également avec Dr. Daddy-O pour une soirée Jax Beer. Ses spectacles attirent de plus en plus de monde. |
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10/1949 |
Longhair fait sa première session d'enregistrement pour Star Talent. Quatre titres seront édités : She Ain't Got No Hair, Bye Bye Baby, Professor's Longhair Boogie, et la version originale de Mardi Gras In New Orleans. Malheureusement, la session ayant été organisée sans l'accord du syndicat, les disques du Professor Longhair and his Shuffling Hungarians furent retirés du marché ! |
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Fin 1949 |
Une autre session est organisée par Mercury. Comme il enregistre certains titres déjà faits pour Star Talent, les disques sortiront sous le nom de Roy Byrd and his Blues Jumpers. |
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1950 |
Contacté par Jerry Wexler et Ahmet Ertegun d'Atlantic, Longhaire entre au studio J&M de Cosimo Matassa pour enregistrer dix titres qui sortiront sous différents noms : Roy 'Baldhead' Byrd, Professor and his Scholars et tout simplement Roy Byrd. |
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08/1950 |
Baldhead, sa reprise Mercury de She Ain't Got No Hair atteint la cinquième place du Hit-parade R'n'B national. Les engagements se succèdent et ses disques se vendent alors très bien. |
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1951 |
Longhair signe chez Federal. Le blues Gone So Long sera un petit succès local en Louisiane et au Texas. |
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1952 |
Lors d'une tournée avec Fats Domino et Dave Bartholomew, le label Wasco de St Louis lui permet d'enregistrer quelques titres sous le nom de Robert Boyd (?). Selon Earl Palmer, le batteur de la tournée, Longhair 'volait' régulièrement la vedette à Fats Domino… et gagna apparemment une bonne partie du cachet de Fats en jouant aux cartes sur le siège arrière de la Cadillac de Fats ! |
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11/1953 |
Atlantic organise une nouvelle session au studio J&M, qui donnera entre autre le fameux Tipitina qui grimpera à la seconde place du hit-parade R'n'B de New -Orleans. Les compagnies hésitaient à distribuer ses disques au niveau national car Longhair ne se produisait que très rarement ailleurs que dans de petites salles de New-Orleans. |
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Milieu des années 1950 |
Longhair a une crise cardiaque qui l'oblige à restreindre son activité musicale. Il subsiste alors avec ses gains de jeu. En 1955, il accompagne Edgar 'Big Boy' Myles and The Sha-Wees sur leurs faces Specialty, dont une version du Who's Been Fooling You de Longhair. |
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1957 |
Parution de six titres, dont Looka No Hair et No Buts, No Maybes sur Ebb, le label de l'ancienne femme de Art Rupe, le propriétaire de Specialty. |
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1958 |
Joe Ruffino engage Longhair pour son label Ron. C'est là qu'il va produire la version définitive du célèbre Go To The Mardi Gras, mais se sera son dernier succès ! |
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1958 - 1962 |
Mauvaise période pour Longhair, qui ne joue guerre plus qu'au moment du carnaval ou quelquefois dans les bars de son quartier. Il fut même arrêté en 1960, suspecté de possession de drogue. |
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1962 |
Wardell Quezergue tente de moderniser le style de Longhair lors d'une session pour le label Rip, sans succès. |
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1963 |
Wardell Quezergue produit, pour Watch, une nouvelle version de son Baldhead, ainsi que There Is Something On Your Mind de Big Jay Mc Neely. |
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1964 |
"Fess était sur le point de tout arrêter. En fait, c'était pratiquement le cas depuis qu'il ne se produisait plus en public. Son point de chute était le One Stop, où l'on pouvait le voir traîner" se souvient Earl king qui produisit une nouvelle session avec Wardell Quezergue où fut enregistré le magistral Big Chief. Le disque sorti sur London, mais la compagnie ne fit aucune promotion et il mettra plusieurs années avant de connaître le succès. |
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1964 - 1971 |
Longhair n'a plus de maison de disques; il laisse tomber le piano; ses disques ne passent plus à la radio; il est peu à peu oublié, excepté chaque année à l'époque du Mardis Gras. Sa santé décline et les rumeurs les plus folles circulent sur compte. En 1970, le journaliste anglais Mike Leadbitter rencontrera "un vieil homme, mal en point, triste et négligé, oublié de l'industrie du disque". La même année George Wein conseillera à Quint Davis, organisateur du tout nouveau Festival de Jazz de New Orleans de le retrouver pour le refaire jouer. Peu de gens savaient où le trouver… Finalement, Quint Davis retrouvera sa trace au fameux One Stop Record Shop de Joe Assunto où il venait chaque année au moment du Mardi Gras. |
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1971 |
Longhair était dans un état déplorable et vivait dans une toute petite maison sans aucun confort. A 55 ans, il devait repartir à zéro. Quint Davis l'aida à revenir, lui trouva un engagement au Congo Square pendant le Festival de 1971. Pour sa prestation au Jazz & Heritage Festival, il le fit accompagner par Snooks Eaglin. Lorsque Fess s'installa au piano et se mit à jouer, le public se figea et tout le monde se rapprocha de la scène. Longhair fut indiscutablement l'événement du Jazz Fest de 1971. Quint Davis fit ensuite affice de manager et de confident, et commença à lui trouver des engagements. |
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1972 |
Quint Davis amène Longhair dans un studio à Baton Rouge pour une session de démo où ils enregistrent plus d'une trentaine de titres (dont certains seront finalement publiés en 1987). Ces enregistrements constituaient une nouvelle carte de visite pour Longhair. C'est après les avoir écouté que Jerry Wexler et Albert Grossman décidèrent de passer à l'action. C'est à ce moment-là qu'Atantic publia l'album New Orleans Piano qui regroupait les séances de 1949 à 1953. L'album fut magnifiquement accueilli et accéléra la remise sur pied de Fess. |
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1973 |
Wexler organisa la première tournée européenne de Fess qui passait par Paris et Montreux, avec Allen Toussaint et les Meters. Cete tournée, filmée et enregistrée, fut un énorme succès et permit à plein de gens de réaliser que le Professeur Longhair était toujours là ! Plusieurs sessions furent alors organisées. L'une, à Woodstock pour Albert Grossman, dont le résultat devait sortir chez Bearsville, puis à Memphis avec Zigaboo Modeliste, le batteur des Meters; mais rien ne fut publié à l'époque. |
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1974 |
Les engagements commençaient à se multiplier, mais Fess jouait toujours aux cartes pour faire vivre sa famille. Quint Davis lui loua une maison, au 1517 rue Rampart Sud, qui allait servir de lieu de répétition. Petit à petit toute la famille de Fess vint s'y installer lorsqu'une tragédie le frappa : un incendie détruisit tout lors du festival de 1974. Il ne lui resta plus que les vêtements qu'il avait sur le dos ! Un Concert de soutien fut organisé en hâte mais ne rapporta pas grand chose. Barclay, la maison de disques française, lui vint en aide par l'intermédiaire de Philippe Rault, en lui proposant 750 dollars pour l'enregistrement de l'album Rock'n'roll Gumbo avec Clarence 'Gatemouth' Brown, l'une de ses meilleures réalisations. |
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1975 |
Il lui fallait encore tout recommencer à zéro. Davis lui trouva des contrats au club 501 et une nouvelle tournée européenne fut organisée et Kaslow devint son nouveau manager, Davis devant se consacrer au Jazz Fest. C'est cette année-là que, son divorce avec sa première femme étant enfin prononcé, Fess épousa Alice Warton Byrd. |
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1976 |
Paul McCartney, qui enregistrait un album aux studios Sea-Saint, proposa à Fess de jouer lors d'une soirée à bord du Queen Mary. L'événement fut enregistré pour Harvest. |
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1977 |
Un groupe de fans se mobilisent pour rouvrir le vieux club 501 et le rebaptisent Tipitina's d'après la fameuse chanson de Professor Longhair. Il y fera de légendaires prestations. |
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1977 - 1978 |
Fess peut enfin savourer la vie et vivre très correctement de sa musique… il s'offrira même une Cadillac ! Les concerts se succèdent, à New Orleans bien sûr, mais aussi à New York, Los Angeles, Chicago… ou Londres. |
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11/1979 |
Dernière session, organisée aux studios Sea-Saint par Alligator, avec Dr. John à la guitare. "Il n'avait jamais été aussi satisfait d'un de ses enregistrements. Tout allait à la perfection" dira Kaslow. |
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30/01/1980 |
Fess meurt, à 61 ans, d'une crise cardiaque, dans son lit, moins de 24 heures avant que l'album soit dans les bacs des disquaires. |
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"Professor
Longhair put the Funk into music; he's the father of the stuff."
(Dr. John) "He's the The Bach
of Rock." (Allen Toussaint) "He's a seminal force,
a guru, an original creator of the New Orleans piano style." (Jerry
Wexler Comme le montrent ces quelques citations sur Crawfish Fiesta,
Professor Longhair demeure l'un des musiciens les plus populaires et les plus
célèbres de New Orleans. Il est généralement considéré comme l'inventeur du
Rhythm And Blues de New Orleans, réalisant une fabuleuse synthèse des divers
courants musicaux de la ville en y intégrant les influences des Caraïbes.
Lors de ses funérailles, le cortège (la "deuxième ligne") qui suivait
son cercueil s'étirait sur plus de dix blocs ! La ville, qui venait de perdre
un de ses plus grands talents, lui rendait hommage et gagnait une véritable
légende. So nom reste associé au Mardi Gras et au Jazz Fest où son ombre
plane toujours chaque année. Professor Longhair a été intronisé au "Rock'n'Roll Hall of Fame" en 1992. |
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Discographie |
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New
Orleans Piano |
Atlantic |
1972 |
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Rock'n'Roll
Gumbo |
Dancing
Cat / Verve |
1974 |
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Live
On The Queen Mary |
One
Way |
1975 |
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New Orleans
88 (10”) |
Speakeasy
|
1978 |
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Crawfish
Fiesta |
Alligator |
1980 |
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Mardi
Gras In New Orleans |
Nighthawk |
1981 |
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The
Last Mardi Gras |
Atlantic |
1982 |
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House
Party New Orleans Style |
Rounder |
1987 |
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New
Orleans Houseparty |
Demon |
1990 |
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Mardi
Gras In Baton Rouge |
Rhino |
1991 |
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Live
In Germany |
New
Rose / Last Call |
1992 |
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Fess
: The Professor Longhair Anthology |
Rhino |
1993 |
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Rum
& Coke |
Rhino |
1993 |
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Big
Chief |
Rhino |
1993 |
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Live :
Like You Like Him |
Collectables |
1994 |
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Big
Easy |
Blue
Moon |
1995 |
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Fess
Gumbo |
Stony
Plain |
1996 |
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Collector's
Choice |
PGD /
Rounder |
1996 |
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Go To
The Mardi Gras |
Wolf |
1997 |
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Way
Down Yonder In New Orleans |
M.I.L.
Multime |
1997 |
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Mardi
Gras In New Orleans |
AIM |
1999 |
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Professor
Longhair 1949 |
Classics |
2001 |
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Red
Beans ‘N’ Rice |
The
Great American Music Co. |
2009 |
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Rare
Recordings |
King
Biscuit |
? |
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Byrd
Live |
Night
Train |
? |
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Ball The
Wall |
Night
Train |
? |
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Rum
And Coke |
Tomato |
? |
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The
Complete London Concert (1978) |
JSP |
? |
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All
His 78’s |
Star
Talent |
? |
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21
Blues Giants – P-Vine Presents Professor Longhair |
P-Vine |
? |
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Stompin
With Fess |
Century |
? |
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Mon
choix : Crawfish Fiesta
(Big
Chief / Her Mind Is Gone / Something On Your Mind / You're Driving Me Crazy /
Red Beans / Wille Fugal's Blues / It's My Fault, Darling / In The Wee Wee
Hours / Cry To Me / Bald Head / Whole Lotta Loving / Crawfish Fiesta) Parce-que c'est le dernier disque qu’il a enregistré peu de temps avant sa mort ; parce qu’il y a Dr. John, son émule, à la guitare ; parce qu’il y a les cuivres ; parce qu’il y a Johnny Vidacovich à la batterie ; et tout simplement parce-que tout le disque est superbe ! |
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Pour en savoir plus : Les livres (en anglais !) I Hear You
Knockin'; Up From The Cradle Of Jazz; Musical Gumbo (The
Music Of New Orleans); Rhythm & Blues In New Orleans. |
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Films : Piano Players Rarely
Ever Play Together, de Stevenson J. Palfi (1982) |
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Internet : www.coldbacon.com/music/fess.html ; www.bluefamecafe.com ; www.offbeat.com/fess ; www.professorlonghair.com/index.html |
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