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Warren STORM (1937 - 2021) |
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Chanteur / Batteur |
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Swamp Pop |
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18/02/37 |
Naissance de Warren Schexnider, dans la Paroisse de Vermilion, à environ vingt miles de Lafayette. Sa famille s’installe ensuite à Abbeville, la ville principale de la paroisse. Warren, dont le nom est d’origine créole allemande, est un pur cajun qui ne parle que le français cajun jusqu’à sa troisième année d’école. D’ailleurs ses parents n’ont jamais appris plus de quelques mots d’anglais. Son père, Simon, est un musicien. C’est lui qui enseigne le musique à son fils. Simon maîtrise plusieurs instruments, guitare, accordéon, harmonica, violon et batterie, instrument dont il joue au sein des Rayne-Bo Ramblers. Il joue aussi dans les orchestres de Happy Fats, de AL Terry et de Doc Guidry. C’était des orchestres de cordes (string bands) et ils jouaient de la musique country et de la musique cajun. |
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1948 – 1951 |
Dès 1948, le tout jeune Warren, qui joue déjà de la guitare et de la batterie, commence à faire partie de petits groupes de country & western qui se produisent autour d’Abbeville. Ils jouent des chansons d’artistes comme Faron Young, Lefty Fizzell et, bien sûr, Hank Williams., l’une des premières idoles de Warren. Warren aura d’ailleurs la possibilité de le rencontrer lors d’une représentation du célèbre spectacle Hadacol de Dudley J. LeBlanc, en 1948. En 1950, son père, qui jouait alors avec Happy Fats, est tombé malade. Happy Fats lui demande s’il connaissait quelqu’un susceptible de le remplacer. Il proposa son fils, Warren, qui assura ainsi son premier job de musicien. C’est cette première expérience qui lui donne l’envie de devenir professionnel. |
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1951 – 1953 |
Alors qu’il est au lycée, il rejoint Larry Brasso and the Rhythmaires avec qui il joue de la musique cajun et du country & western. |
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1953 – 1956 |
Ensuite, il intègre l’orchestre du saxophoniste Herb Landry, The Serenaders avec lequel il joue du rhythm and blues pour la première fois. Il joue parfois également avec The Cardinals, le groupe de Bobby Charles, un ami du même âge que lui. Avec lui, il se rend souvent à New Orleans où il rencontre beaucoup d’artistes de rhythm and blues de l’époque comme les batteurs Charles ‘Hungry’ Williams et Earl Palmer, dont il étudie le jeu pour perfectionner sa technique. |
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1956 – 1958 |
C’est en 1956 que Warren forme son premier groupe, The Wee-Wows (‘wee-wow’, selon lui, était le cri du public des clubs lorsqu’il faisait un solo de batterie). IL changea aussi son nom en Storm, nom qu’il emprunta à une vedette de l’époque, Gale Storm, et qui lui permettait de conserver les mêmes initiales, WS ! Le groupe joue dans tout le sud de la Louisiane un mélange de cajun, de country, de rhythm and blues « à la Fats Domino » et de rock « à la Elvis Presley » qui fait le bonheur du public de tous les clubs de Lafayette, Crowley, Kaplan et Ville Platte. Le groupe comprend alors, outre Warren à la batterie et au chant, Al Foreman à la guitare, Bobby MvBride à la basse et Merton Thibodeaux au piano. |
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1958 – 1963 |
Au
printemps 1958, Warren Storm fut présenté à
Jay Miller par Clifford LeMaire, un artiste de chez Hot Rod &
Khoury, également propriétaire du Rainbow Inn Club
de Kaplan. Le producteur proposa d’auditionner le jeune
Warren qui, grattant sa guitare, chanta des chansons de Fats
Domino, Hank Williams et Elvis Presley. Miller aima sa voix et
lui suggéra d’enregistrer un vieux standard de
country & western, Prisoner’s Song, dont il
avait réécrit des paroles. Il leur fallait une
autre chanson pour la face B, alors Miller s’y attela et,
en une demi-heure, écrivit Mama, Mama, Mama (Look What
Your Little Boy’s Done). Ils organisèrent une
séance d’enregistrement une nuit de mai 1958 pendant
laquelle les deux chansons furent mises en boîte. Il y
avait Roy Perkins au piano, Guitar Gable à la guitare, et
deux membres de son groupe, le guitariste Al Foreman et le
bassiste Bobby McBride. Warren Storm chantait et assurait la
partie de batterie. Miller, qui travaillait déjà
avec Ernie Young pour son label Excello de Nashville, le persuada
de sortir le 45t sur sa filiale Nasco. Le premier disque de
Warren Storm fut un tube : il atteint la 81ème
place du Billboard Hot 100 en août 1958. ça
commença tout d’abord en Louisiane, à New
Orleans, bien sûr ; puis Houston, au Texas,
Birmingham, en Alabama et Memphis, au Tennessee. Warren partit en
tournée pour faire la promotion du titre et participa à
une émission de télévision à Memphis.
Il eut même, à cette occasion, l’opportunité
de rencontrer une autre de ses idoles, Elvis presley. Prisoner’s
Song se vendit à plus de 250 000 exemplaires, devenant
ainsi l’un des premiers titres de swamp pop à
atteindre un tel niveau. C’est à cette époque
que Warren changea le nom de son groupe qui evint The Jive
Masters. Trois autres 45t furent publiés sur Nasco, mais
sans retrouver le même succès, bien que Troubles,
Troubles (Troubles On My Mind), So Long, So Long (Good
Bye, Good Bye) (encore deux compositions de Miller) et
Birmingham Jail se vendirent bien. |
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1963 – 1969 |
En
1963, Warren Storm commence une collaboration fructueuse avec Rod
Bernard et Skip Stewart. Ils forment The Shondells, un groupe de
rock’n’roll avec lequel il va parcourir tout le sud
de la Louisiane pendant des années, jusqu’à
leur séparation, en 1970. Ils publièrent quelques
45t et un album sur La Louisianne Records. En effet, à
cette époque, c’est au studio La Louisianne de Carol
J. Rachou, à Lafayette, que Warren exerce ses talents de
batteur de studio. Il apparaît sur les enregistrements
d’artistes cajun comme Doc Guidry, mais aussi de chanteurs
country comme Al Terry et Eddy Raven et, bien sûr,
d’artistes de swamp pop comme Jewel And he Rubies, Bobby
Charles et Dale & Grace. C’est lui qui officie sur le
N° 1 du duo, I’m
Leaving It Up To You. |
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1969 – 1973 |
Apparemment, Meaux eut quelques déboires en 1969, ce qui laissa Storm sans label jusqu’en 1973. |
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1973 – 1980 |
En 1973, il revient chez Jay Miller qui vient de créer un nouveau label, Showtime. Il enregistre d’abord un titre country & western, Lord I Need Somebody Bad Tonight, qui se vend à plus de 7 000 exemplaires dans la région. Encouragé par ce petit succès, Jay Miller est d’accord pour qu’il enregistre – enfin – son premier album, avec son groupe, Bad Weather. L’album, intitulé symboliquement At Last…, est publié en 1974. Outre de nouveaux titres, il contient également de nouvelles versions de Prisoner’s Song et Mama, Mama, Mama, les deux chansons de son tout premier 45t, pour Jay Miller ! My House Of Memories, le titre qui ouvre la seconde face, sera aussi un succès local, en 1975. Ses deux chansons (Lord I Need Somebody Bad Tonight et My House Of Memories) deviedront, avec le temps, deux classiques du swamp pop de cette époque. Warren Storm continue de se produire avec son groupe, Bad Weather, et effectue toujours des sessions d’enregistrement pour d’autres artistes comme pour Rod Bernard et Clifton chenier (Boogie In Black & White, en 1976) ou Freddy Fender (Swamp Gold, en 1978). C’est aussi à cette époque que Huey Meaux publiera deux albums sur le label Crazy Cajun, où apparaît Warren Storm, avec du matériel datant des années 60. En 1979, il refera pendant un temps équipe avec Rod Bernard avant d’enregistrer une nouvelle fois un album pour Jay Miller …qui vient de créer un nouveau label, Master-Trak. L’album, intitulé Sincerely, est publié en 1980, mais ne donne rien, malgré quelques bons titres comme le Tennessee Blues de Bobby Charles, et la présence du jeune et talentueux Sonny Landreth. |
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1980 – 1985 |
En
1980, Warren Storm quitte définitivement son job régulier
à l’imprimerie et forme un nouveau groupe avec deux
amis, Willie Tee (Trahan) et James Stelly. Pendant des années,
le groupe va écumer la région et enregistre un 45t
pour le label Starflite de Huey Meaux. Le disque avec Things
Have Gone To Pieces et Please, Mr. Sandman, est
distribué par CBS en 1984 mais n’obtient pas le
succès escompté. Avec le choc pétrolier de
l’époque, il est de plus en plus difficile de
dégoter des engagements et le groupe doit se résoudre
à la séparation. C’est alors que le hasard va
se manifester par l’intermédiaire d’Eddy
Raven. Ce dernier entre un jour dans la galerie d’art de
Bob Hendricks, à Hendersonville, près de Nashville,
dans le Tennessee. Hendricks, amateur de musique des années
50 et 60 aimait passer des chansons en fond musical. Ce jour-là,
en discutant, il dit à Raven que son chanteur préféré
avait toujours été un certain Warren Storm…
dont il ne savait plus rien depuis plus de vingt ans. Raven lui
répondit, à sa grande surprise, qu’il
connaissait bien Warren Storm, qu’il habitait, comme lui, à
Lafayette et, enfin, qu’il avait été le
batteur lors des séances d’enregistrement de son
premier disque (That Cajun Country Music – La
Louisianne LL-127 – 1969). Hendricks, très surpris
d’apprendre que son chanteur préféré
était aussi un batteur réputé, récupéra
ainsi son numéro de téléphone. Un coup de
fil et une lettre émouvante à Lafayette plus tard,
les deux hommes se mirent d’accord pour enregistrer un
nouvel album. Warren Storm se rendit donc à Hendersonville
et enregistra les douze titres de l’album Heart N’Soul
que publiera Hendricks sur le label South Star, créé
pour l’occasion. Le 45t, avec Seven Letters et I
Need Somebody Bad se vendit bien mais, encore une fois, pas
suffisamment pour entrer dans les hit-parades nationaux. Floyd
Soileau rééditera l’album en CD sur Jin
Records au début des années 90 et Seven Letters
deviendra finalement un standard du swamp pop. |
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1985 – 1999 |
Après
la séparation de Cypress, Warren Storm intègre
l’orchestre maison du Yesterday club de Lafayette. |
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1999 – 2004 |
C.C
Adcock, un guitariste louisianais, amoureux du swamp pop, lui
propose de monter un super groupe autour de lui avec trois
générations différentes de musiciens. Ce
sera l’aventure Lil’ Band O’ Gold qui se
concrétise, en 2000, avec la publication de l’album
éponyme sur Shanachie. Entouré de musiciens
talentueux et enthousiastes, d’horizons divers, Warren
donne le meilleur de lui-même et le résultat est à
la hauteur des espérances : fabuleux ! Il
partage alors son temps entre les apparitions sous son nom et
celles avec Lil’ Band O’ Gold, gérées
par C.C. Adcock et son groupe. C’est lors d’une de
ces « jam sessions » à New Orleans
qu’il est abordé par George Paulus qui lui propose
d’enregistrer un pot pourri de morceaux de blues qu’il
jouait à l’époque dans le studio de Jay
Miller. Finalement, lors d’un petit tour dans les environs
de Chicago, en décembre 200, juste avec le minimum,
c’est-à-dire basse, batterie, guitare, et harmonica,
ils mettent en boîte 14 titres, sans aucun ‘re-recording’,
Warren chantant tout en jouant de la batterie ! Le CD,
publié en 2002, sous le nom de Warren Storm & The
Blues Rockers, s’intitule Dust My Blues! Et sent bon
les années 50 et 60, avec des reprises comme Sugar Bee
ou Rainin’ In My Heart. |
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Depuis 2004 |
Constatant
un certain engouement pour le swamp pop – Lil’ Band
O’ Gold & C.C. Adcock y sont assurément pour
quelque chose – Warren Storm et Willie Tee décident
de reformer Cypress. Depuis 2004, ils parcourent à nouveau
le sud de la Louisiane pour le plus grand plaisir de leurs fans.
Cette collaboration sera, pour la première fois,
immortalisée sur CD en 2008 avec la parution, sur Jin
Records, de Warren
Storm – Willie Tee & Cypress,
un assortiment de 14 titres de leur énorme répertoire.
Les deux compères sont toujours en pleine forme en 2009 :
ce sont eux qui, accueillant également Tommy McLain et
T.K. Hulin, assurent la « supersession »
swamp pop au Jazz Fest de cette année-là ! Il
récidive en 2013 avec Willie Tee & Cypress et publie
l’album Swamp
Pop Jukebox ;
il a déjà plus de 75 ans ! |
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07/09/2021 |
Warren
Storm nous a quitté le 7 septembre 2021 à l’âge
de 84 ans, après quelques semaines passées à
l’hôpital. |
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Surnommé le « Parrain du Swamp Pop », Warren Storm était une figure incontournable du genre. Chanteur attachant à la voix légèrement éraillée et plaintive, il fut aussi un batteur très demandé que tout le monde a entendu, à un moment ou un autre… souvent sans le savoir ! |
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Discographie (discographie détaillée) |
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Al Last… |
Showtime |
1974 |
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Boppin’ Tonight (une face seulement) |
Flyright |
1977 |
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Family Rules |
Crazy Cajun |
1978 |
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Warren Storm & Johnny Allen (une face seulement) |
Crazy Cajun |
1978 |
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Sincerely |
Master-Trak |
1980 |
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Country By Storm |
Starflite |
198? |
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Heart & Soul |
South Star |
1984 |
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Mama Mama Mama (The Legendary Jay Miller Sessions – Vol. 39) |
Flyright |
1984 |
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Night Ater Night |
Jin |
1991 |
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Take Me One More Time |
Star |
1997 |
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Live And In The Studio |
Swamp Pop |
1999 |
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King Of The Dance Halls – The Crazy Cajun Recordings |
Edsel |
2000 |
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Best Of The Rest |
Raplh |
2002 |
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Dust My Blues! |
St George |
2002 |
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Godfather Of Swamp Pop |
HLE |
2002 |
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Warren Storm – Willie Tee & Cypress |
Jin |
2008 |
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Swamp Pop Jukebox (Warren Storm – Willie Tee & Cypress) |
Jin |
2013 |
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The Bad Times Make The Good Times: Classic Texas Recordings 1964-1986 |
Ace |
2015 |
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Live at the 2018 New Orleans Jazz & Heritage Festival (Warren Storm – Willie Tee & Cypress) |
CD-R |
2018 |
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Country By Storm |
Jin |
2018 |
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Taking The World By Storm |
APO |
2019 |
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Live 1957 (with Herb Landry & The Serenaders) |
Swamp Pop |
2020 |
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Mon choix : Godfather of Swamp Pop (Why, Why, Why / Godffather Of Swamp Pop / How Did We Ever Fall Apart / What’s The Reason / Actions Speaks Louder Than Words / I’ve Lost Everything / Touch Me One More Time / Annabelle / What’s New With You Today / Baby Come Back Home) Celui-ci
parce qu’il est relativement récent et, surtout,
parce qu’il s’agit de pur swamp pop ! |
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Pour en savoir plus : South To Louisiana - The Music Of The Cajun Bayous, par John Broven (Pelican, 1983) ; Swamp Pop – Cajun and Creole Rhythm and Blues, par Shane K. Bernard (University Pres of Mississippi, 1996) ; Taking TheWorld by Storm: A Conversation with Warren “Storm” Schexnider, The Godfather of SwampPop, par Yvette Landry (UL Press, 2019) |
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Films : The Promised Land : A Swamp Pop Journey !, Room 609 films, 2009 |
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Internet : www.cypressband.com |