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Allen TOUSSAINT

(1938 - 2015)

Pianiste / Chanteur / Producteur

Rhythm and Blues

14/01/1938

Naissance à New Orleans.

Années 1940

Allen grandit à Gert Town, un quartier noir de New Orleans, où il reçoit une éducation catholique, comme son frère Vincent et sa sœur Joyce. Son père, Clarence Toussaint, employé des chemins de fer, et sa mère, Naomi Neville Toussaint, jouaient tous les deux d'un instrument, lui de la trompette, elle du piano.

Années 1950

Sa sœur, qui étudie la musique classique, lui donne les premiers rudiments du piano. Il a alors douze ans. Il va vite progresser… surtout en écoutant la radio ! Il essaie aussi la batterie, la trompette et le trombone, mais revient toujours au piano. Dès l'âge de treize ans, il monte son premier groupe avec Little Snooks (Snooks Eaglin) : The Flamingos. Les répétitions se déroulent dans le salon, chez ses parents, et ils jouent lors des soirées des écoles. Allen commence aussi à traîner au Dew Drop Inn où il rencontre la plupart des musiciens locaux qui l'invitent parfois à monter sur scène. C'est Earl King qui, le premier, lui donne sa chance en l'engageant pour remplacer Huey Smith au sein de son orchestre lors d'une soirée.

1957

Allen quitte l'école en pleine année scolaire pour se consacrer à lamusique. Cet été-là, il est appelé à remplacer encore une fois Huey Smith au sein de l'orchestre de Shirley & Lee, alors en tournée pour plusieurs mois. Mais Allen Toussaint n'aime pas la route et, dès son retour à New Orleans, il cherche à faire autre chose. C'est Dave Bartholomew qui lui propose son premier travail de studio : enregistrer des parties de piano pour Fats Domino pendant que ce dernier est en tournée. Dès lors, les offres se multiplient et le jeune Allen se retrouve vite à faire des arrangements et à prosuiredes disques, bien que cette notion n'existait pas à l'époque. Il fit noramment quelques titres avec Alvin 'Red'Tyler pour Ace, puis le fameux tube instrumental de Lee Allen Walkin' With Mr. Lee.

1958

Les producteurs Danny Kesler et Murray Sporn viennent à New orleans à la recherche de nouveaux talents. Pour l'audition, ils engagent Allen Toussaint pour accompagner les centaines d'artistes en herbe qui se présentent au studio J&M suite à l'annonce qu'ils ont fait passer. Au bout de trois jours, frustrés et déçus, Kesler & Sporn stoppèrent les auditions mais, impressionnés par le jeune pianiste de vingt ans, décidèrent de la signer pour un album. Allen Toussaint, épaulé par Alvin 'Red' Tyler, entra en studio le 26 février, pour deux jours seulement, car les deux producteurs étaient pressés de rentrer à New York. Ainsi la plupart des morceaux furent-ils écrits en studio. L'album qui en résultat, The Wild Sound Of New Orleans by Tousan, fut édité ,par RCA, mais n'eut pas le succès commercial espéré. L'album contenait, entre autre, Java, un instrumental qui atteindra les sommets (N° 4) six ans plus tard avec la reprise d'Al Hirt.

fin 1958 - 1959

Allen Toussaint, qui écrit et produit Love Of Lovers de Lee Dorsey pour le label Valiant, a maintenant trouvé sa voie : il sera celui qui est derrière l'artiste, et non l'artiste lui-même !

Début 1960

Allen Toussaint rencontre Joe Banashak et Larry Mc Kinley des disques Minit, qui lui proposent de travailler pour eux. A 23 ans, il a alors le contrôle total des sessions, écrivant, arrangeant jouant et produisant les chansons des artistes de la marque.

04/1960

Ooh Poo Pah Doo par Jessie Hill devient le premier tube national (N° 28) produit par Allen Toussaint, bien qu'il n'ait pas écrit la chanson. "Je n'aimais pas Ooh Poo Pah Doo" explique Toussaint. "Je ne pensais pas que ça pouvait marcher. Je croyais qu'une chanson devait être plus sensée. Mais quand j'ai vu l'effet que cela avait sur les gens, je me suis mis à regarder les choses d'un autre œil."

1960 - 1962

Pendant trois ans, Allen Toussaint se révèle une véritable usine à tubes. Il travaille pour Minit, Instant, ALON de Joe Banashak bien sûr, mais aussi pour d'autres labels, signant souvent ses chansons du pseudonyme Naomi Neville, non de jeune fille de sa mère. Allen Toussaint fut également responsable des tudes de Ernie K-Doe, Benny Spellman, Aaron Neville, The Showmen, Irma Thomas, Lee Dorsey, Clarence Henry, Chris Kenner, Joe Harper et Roy Eldrige. C'est en 1961, lors d'une session avec Lee Dorsey, qu'Allen Toussaint rencontre Marshall Sehorn pour la première fois.

1963 - 1965

Après plusieurs sursis, Allen Toussaint est contraint de partir à l'armée, à Fort Hood au Texas. Il y formera un orchestre, The Stokes, avec lequel il enregistrera quelques instrumentaux pour Banashak, dont Whipped Cream qui deviendra un tube pour Herb Alpert, ainsi que le gébérique d'une émission de télévision. De temps en temps, il pouvait se rendre à New Orleans et produire une session pour Instant ou ALON.

Début 1965

Démobilisé, Allen Toussaint rentre à New Orleans et se remet à la production pour Joe Banashak. Mais il a envie d'autre chose. La situation n'avait pas beaucoup évolué et beaucoup d'artistes (Aaron Neville, Ernie K-Doe, Irma Thomas) n'étaient plus là. C'est alors que Sehorn intervint pour une nouvelle session avec Lee Dorsey. Non seulement cette nouvelle session allait donner Ride Your Pony, mais elle allait permettre aux deux hommes d'établir les bases d'un accord de collaboration.

07/1965

Ride Your Pony, cédé aux disques Amy/Bell, est N° 28. Allen Toussaint met alors un terme à son contrat avec Banashak et concrétise un nouvel accord avec Marshall Sehorn, en créant "Marsaint Music".

1965 - 1970

Dès lors, Lee Dorsey va se révéler le parfait véhicule de la musique d'Allen Toussaint. Ce dernier va lui fabriquer un répertoire sur mesure… et toucher de substantiels droits d'auteur ! Ainsi Sehorn & Toussaint pourront-ils créer leur propre société "Cinq-sou" qui deviendra plus tard Sansu Enterprises. Le premier en est la tête pensante, le gestionnaire, alors que le second est le génie musical, le créateur, celui dont les idées et le talent vont être exploités. Toussaint reconnaîtra plus tard que si son association avec Marshall Sehorn avait si bien fonctionnée, c'était parce-qu"il s'occupait des affaires, et moi de la musique". Plusieurs labels (Sansu, Kansus, Deesu & Tou-Sea) voient le jour pour permettre à Toussaint d'enregistrer la plupart des artistes régionaux et d'obtenir de multiples succès locaux. En 1970, Sansu décrocha le succès national en cédant un bon nombre de ses productions à de grosses compagnies comme Polydor, Mercury ou Warner.

1971

En plus de nouveaux albums pour Dorsey, K-Doe ou Lou Johnson, cette année voit Allen Toussaint relancer sa carrière solo et produire ses premières sessions pour des musiciens de rock blancs (Life Is A Carnival sur l'album Cahoots du Band). Après la parution de From A Whisper To A Scream en simple chez Tiffany, un album, intitulé tout simplement Toussaint, voit le jour sur Scepter. Il est largement apprécié de la critique.

1972

C'est sur Reprise, une sous-marque de Warner, que sort Life, Love and Faith, l'album suivant.

08/1973

Jusqu'alors, Toussaint avait enregistré ses chansons au studio 'Jazz City' de Cosimo Matassa. La faillite du studio contraint Toussaint & Sehorn à prendre une décision qui allait tout changer : la construction d'un studio ultrra-moderne à Gentilly, une banlieue tranquille de New Orleans. Pour rentabiliser l'investissement, la production d'artiste fut abandonnée au profit d'accords plus lucratifs avec de grosses compagnies.

1973

Dès les premiers mois, Allen Toussaint obtint le succès : le premier tube à sortir de Sea-Saint fut le Yes We Can des Pointer Sisters sur Blue Thumb.

1974

Dans la foulée, l'énorme succès de LaBelle avec Lady Marmelade (avec le fameux "Voulez-vous coucher avec moi ?") mit un grand coup de projecteur sur le studio et son génial producteur… ainsi que son orchestre maison, les Meters. Quantité d'artistes vont se rendre à New Orleans pour bénéficier du coup de pouce magique d'Allen Toussaint. LaBell, bien sûr, mais aussi Frankie Miller, Browwning Bryant ou Chocolate Milk.

1975

Toussaint est au sommet . Son studio est de plus en plus sollicité et reconnu : des artistes comme King Biscuit Boy, Z. Z. Hill, Frankie Beverly, Etta James, Gladys Knight, Joe Cocker ont enregistré des albums produits par Toussaint. Paul Mc Cartney en fait de même, ce qui accroît encore la réputation du studio. En plus, Toussaint trouve le temps de publier Southern Nights, un magnifique album pour Warner et de se produire régulièrement au Jazz Fest.

1976

Allen Toussaint continue ses productions magiques, comme l'extraordinaire Wild Tchoupitoulas de la 'tribu' Neville.

1977

La reprise de son Southern Nights par Glen Campbell devient un des plus gros tubes internationaux de l'année et son plus grand succès en tant que compositeur. Il produit aussi The Mighty Diamonds, un groupe de reggae.

1978

Parution de l'album Motion enregistré à Los Angeles et, pour une fois, produit par un autre que lui, en l'occurrence Jerry Wexler.

1979 - 1980

Jusqu'à la fin de la décennie, Allen Toussaint continue de produire de superbes albums; Lee Dorsey, Joe Cocker, The Neville Brothers, Albert King, Boz Scaggs et Dr. John, parmi d'autres, se succèdent dans les studios Sea-Saint.

1980 - 1983

Bien que nouveaux albums sont produite (Eric Gale, Ramsey Lewis, Mylon LeFevre, Patti LaBelle), l'activité semble décroître. La Warner ne renouvelle pas son précédent accord et peu de disques sont finalement publiés, et surtout sans réel succès.

Années 80

Allen Toussaint s'engage dans de nouvelles aventures : la musique de film et comédie musicale. Il fait notamment la musique du film Pretty Baby de Louis Malle. Son activité de production s'en trouve bien entendu réduite au minimum. Il écrit et compose tout d'abord la pièce William Christopher, avant de se consacrer à la composition de la musique et à la direction musicale du spectacle Stagger Lee de Vernel Bagneris. Ce travail lui vaudra le prix de la meilleure musique d'un spectacle "off-Broadway" pour la saison 1986-87. De temps en temps cependant il produit un album ou participe à un projet d'un autre artiste (Elvis Costello, sur l'album Spike en 1989, par exemple).

1991

Il compose la musique d'un nouveau spectacle, High Rollers Social Aid and Pleasure Club, pour lequel il assure également la direction musicale.

1992 - 1997

Allen Toussaint participe à divers projets discographiques comme Bluesiana Hot Sauce en 1993, Rhythm Country and Blues en 1994 (Southern Nights interprété avec Chet Atkins), Crescent City Gold : The Ultimate Session en 1994 avec la crème de New Orleans, et Rock and Roll Doctor (l'album hommage à Lowell George) en 1997 (Two Train interprété avec Leo Nocentelli).

1996 - 2005

Allen Toussaint reprend son activité de producteur avec la création du label NYNO (pour New York - New Orleans) en 1996 qui se destine à publier (à New York) la musique de New Orleans ! Le premier disque à voir le jour est son nouveau disque Connected, enfin la 'suite' au Motion de 1978. Vont suivre ensuite plus d'une dizaine d'albums d'artistes divers qu'il produit lui-même, et pour lesquels il écrit souvent les chansons… comme à la grande époque ! Tous les styles son abordés (R'n'B, Brass Band, Gospel, Blues, Jazz et même Reggae) avec une égale qualité. Allen Toussaint se produit toujours régulièrement au Jazz Fest, et est resté très actif dans sa ville. En 2004, il éditera un disque de versions jazz de certaines de ses compositions, produit par son fils Clarence Reginald Toussaint. Dans la foulée, il publie un disque avec Vincent Toussaint, qui reprend du service à la guitare pour – enfin – enregistrer avec son frère.

En 2005, l’ouragan Katrina va bouleverser sa vie : après la catastrophe, il quitte New Orleans et s’installe à New York. Sa carrière va en être largement impactée.

2006 - 2015

En 2006, il collabore avec Elvis Costello pour l’album The River In Reverse qui leur apportera une nomination aux Grammy Awards ! L’album, mélange de nouvelles et d’anciennes compositions de Toussaint et de titres écrits avec Costello, fut enregistré avec les musiciens de Costello (The Imposters) augmenté d’une section de cuivres typiquement néo-orléanaise et produit par Joe Henry.

C’est le même Joe Henry qui produira l’album suivant, The Bright Mississippi, album de jazz nous présentant Allen Toussaint adaptant de vieux standards de jazz. L’album sera une nouvelle fois nominé aux Grammy Awards.

A New York, Allen Toussaint se produit régulièrement en solo, notamment au Joe’s Pub, sur Lafayette Street où, en 2009, certains concerts sont enregistrés et filmés. Ces enregistrements donneront lieu à un magnifique disque solo, Songbook, publié en 2013.

Dans l’intervalle, il continue ses collaborations avec divers artistes comme Papa Grows Funk dont il produit le disque Needle In The Groove en 2011.

De nouveau installé dans sa ville natale, en Juillet 2013, le président Obama lui remet la Médaille Nationale des Arts lors d’une cérémonie à la Maison Blanche.

Le 17 octobre de la même année, sa statue de bronze est érigée dans le New Orleans Musical Legends Park. Il est ainsi le huitième musicien à être honoré de la sorte après Al Hirt, Pete Fountain, Ronnie Kole, Fats Domino, Louis Prima, Irma Thomas et Chris Owens.

A plus de 75 ans, Allen Toussaint est toujours actif, participant à divers projets d’autres artistes ou se produisant en concert. Une de ses dernières collaboration consistera à faire les arrangements de cuivres du superbe album GoGo Juice de Jon Cleary sorti en 2015.

10/11/2015

C’est lors d’une tournée européenne, après un concert au Teatro Lara de Madrid, qu’Allen Toussaint est terrassé par une crise cardiaque et décède pendant son transport à l’hôpital.

Véritable légende vivante à New Orleans, cet élégant et discret personnage aura marqué la musique de New Orleans de façon indélébile, durant toute la deuxième moitié de vingtième siècle ; à tel point que le 14 janvier a été décrété "Allen Toussaint Day" à New Orleans.

Ses principales influences furent les pianistes Albert Ammons, Ray Charles, Lloyd Glenn et surtout Professor Longhair et Ernest Penn (autre musicien local très peu connu). Son activité de producteur lui a apporté une renommée internationale à travers tous les albums des multiples artistes avec qui il a travaillé.

Honneur suprême, Allen Toussaint a été intronisé au Rock and Roll Hall of Fame en 1998 ; distinction qui fait suite à une multitude de prix et décorations diverses en Louisiane. Avec Aaron Neville, il a créé l'association "New Orleans Artists Against Hunger & Homelessness". Il est intronisé au Louisiana Music Hall of Fame en 2009.

Un de ses plus fidèles fans reste Robert Palmer qui a enregistré son premier album solo Sneakin' Sally Thru The Alley (dans lequel il reprend également From A whisper To A Scream) avec les Meters et n'a jamais cessé d'enregistrer des titres du 'maître'.

Discographie

The Wild Sound of New Orleans by Tousan

RCA Victor

1958

Toussaint

Scepter

1971

Life, Love & Faith

Reprise

1972

Bomp City

Reprise

1973

Southern Nights

Reprise

1975

Motion

Reprise

1978

Mr. Mardi Gras “I Love A Carnival Ball”

Cayenne

19??

With The Stokes

Bandy

1983

From A Whisper To A Scream

Kent

1985

New Orleans Jazz & Heritage Festival 1976 (une face de 5 titres)

Rhino

1989

The Allen Toussaint Collection

WEA

1991

40 All Time Film & TV Greatest

Sound Solution

1992

Crescent City Gold : The Ultimate Session

Windham Hill

1994

Mr. New Orleans

Charly

1994

Connected

NYNO

1996

The Allen Toussaint Touch

RPM Shout

2001

Going Places (Allen Toussaint’s Jazzity Project)

CRT

2004

2 Plus 2 (Allen & Vincent Toussaint)

Tou Plus Tou

2004

The River In Reverse (Elvis Costello & Allen Toussaint) (CD + DVD)

Verve

2006

The Bright Mississippi

Nonesuch

2009

Songbook (CD + DVD)

Rounder

2013

NYNO 01.jpg

Mon choix : Connected (Pure Uncut Love / Do the Do / Computer Lady / Get Out of My Life, Women / We're All Connected / Sweet Dreams / Funky Bars / Ahya / If I Leave / Aign Nyee / In Your Love / Oh My / All of It / Wrong Number / Rolling With the Punches)

Tellement attendu depuis 1978, cet album démontre alors que l'artiste est bien toujours là et qu'il n'a rien perdu de son talent (comme ses productions NYNO sont autant de preuves de ses qualités de producteur). Le son Toussaint est intact et l'auditeur reste médusé à l'écoute d'un tel disque, nettement au-dessus de la production de l'époque.

Pour en savoir plus : Les livres (en anglais !) I Hear You Knockin'; Up From The Cradle Of Jazz; Musical Gumbo (The Music Of New Orleans); Rhythm & Blues In New Orleans.

Films : Piano Players Rarely Ever Play Together, de Stevenson J. Palfi (1982) ; New Orleans Live - Allen Toussaint and Friends ; Legends of New Orleans, de Michael Murphy (2001).

Internet : www.there1.com/tousan.html ; www.nynorecords.com ; www.allentoussaint.com