Alvin 'Red' TYLER

(1925 - 1998)

Saxophoniste

R'n'B / Jazz

05/12/1925

Naissance, à New Orleans. Aucun membre de sa famille ne joue d'un instrument. Cependant, il va s'intéresser à la musique dès 14 ans, en 1939, grâce aux 'second lines' qui se forment lors des funérailles. En effet, sa famille habite non loin du cimetière St Louis, et les processions passent devant chez lui. Il est vite attiré par le son des big bands, puis par le Rhythm and Blues.

1942 - 1945

Mobilisé pendant la seconde guerre mondiale, il se retrouve dans l'orchestre de la Navy, à Algiers, avec Frank Fields.

1945

A son retour de la guerre, Alvin Tyler a tout juste vingt ans losqu'il devient musicien professionnel.

1946

Après un passage dans l'orchestre de Earl Williams, il intègre celui que Dave Bartholomew vient de constituer. L'orchestre comprend alors, outre Dave Bartholomew à la trompette, Tyler au saxophone, Salvador Doucette au piano, Frank Fields à la basse, Ernest McLean à la guitare et Earl Palmer à la batterie.

1946 - 1950

L'orchestre devient très actif et joue en moyenne entre trois et cinq fois par semaine, dans tous les lieux de concert que compte la ville. En plus, il est largement utilisé par Dave Bartholomew pour les séances qu'il produit pour Imperial. En 1949, les séances pour Jewel King (3x7=21) et Fats Domino (The Fat Man) vont amplifier le phénomène. Alvin Tyler participe à de multiples séances d'enregistrement pour Imperial, dont celles de Roy Brown, mais aussi pour Aladdin (Chicken Shack d'Amos Milburn, par exemple).

1950 - 1955

La folie continue : il enregistre pour quasiment tous les artistes Imperial : Fats Domino, bien sûr, mais aussi Smiley Lewis, James 'Sugarboy' Crawford, Little Richard. Tous ces enregistrements sont effectués dans le fameux studio de Cosimo Matassa. Petit à petit, un "studio band" se constitue à partir des musiciens de l'orchestre de Dave Bartholomew. Ce "studio band", dont Tyler s'est imposé comme le leader, comprenait Lee Allen au saxophone ténor, Earl Palmer à la batterie, Frank Fields à la basse, Ernest McLean ou Justin Adams à la guitare, et Salvador Doucette ou Edward Frank au piano (Charles 'Hungry' Williams remplacera Earl Palmer, après son départ pour la Californie, en 1955). C'est bien sûr ces musiciens qui seri=ont utilisés par Bumps Blackwell pour les fameuses sessions de Little Richard le 14/09/1955. Tous les arrangements sont faits au dernier moment, en studio. Le groupe règne en maître sur le son du R'n'B de New Orleans, et Alvin Red Tyler en est le grand patron, faisant la plupart des arrangements et dirigeant les séances. Pendant un temps, Tyler joue aussi avec l'orchestre de Paul Gayten et enregistre même pour Chess (Bobby Charles, par exemple). Il travaille aussi avec Tommy Ridgley pour Herald Records, de New York; c'est lui notamment qui propose d'enregistre When I Meet My Girl, qui sera un relatif succès pour Ridley.

1955 - 1960

Johnny Vincent crée Ace Records et engage Alvin Tyler comme A&R man, chargé, en plus, de faire des arrangements. Il va alors être le patron de tout ce qui va être produit pour Ace : Huey Smith, Frankie Ford, Jimmy Clanton, etc… C'est à cette époque qu'il apprend les bases du métier au jeune Mac Rebennack, futur Dr. John. Il va également travailler avec un autre débutant : Allen Toussaint. Il aura aussi, en 1958-59, l'occasion d'éditer quelques titres instrumentaux sous son nom, comme Junk Village et Walk On. En 1958, il joue sur les deux premiers enregistrements de Little Booker qui est en fait James Booker. Toujours la même année, c'est à lui que fait appel Allen Toussaint quand on lui propose d'enregistrer les titres pour tout un album. Ils écriront Java ensemble et l'album sortira sous le titre de The Wild Sound Of New Orleans by Tousan. Java, qui sera un tube quelques années après avec la reprise d'Al Hirt, sera le seul morceau qui lui rapportera vraiment de l'argent ! L'envie de jazz le démange toujours et il commence à faire du be-bop avec de petits combos occasionnels, avec lesquels il fait beaucoup d'improvisation.

1961 - 1963

Un jour, Johnny Vincent entra dans le studio et dit : « Hey ! Et si on faisiat un disque instrumental ? » Le succès de titres comme Honky Tonk de Bill Doggett devait lui donner des idées. D’après Alvin Tyler, l’album fut enregistré en deux sessions, et ilfut publié sur Ace sous le titre Rockin’ And Rollin’.

Après avoir quitté Ace, Tyler fit les arrangements de l’album Yonder’s Wall de Junior Parker avant de faire équipe avec Harold Battiste. Avec ce dernier, il participe à la création d'AFO Records et, en plus des enregistrements de R'n'B, va pouvoir plus se consacrer au jazz. Il participe, bien entendu, aux tubes de la marque (Prince La La, Barbara George), et sur la sous-marque At Last qu'ils créent, il sort quelques singles sous son nom, en plus de ceux d'artistes comme Eddie Bo ou Melvin Lastie. La période AFO lui permet de faire du jazz, mais lui laisse aussi du temps pour travailler pour d'autres compagnies, comme c'est le cas avec Minit/Instant, où il est régulièrement utilisé par Allen Toussaint en tant qu'arrangeur.

1963 - 1964

Alvin Tyler, comme le reste de la bande d'AFO, s'expatrie en Californie, où ils constitue The Soul Station, dans l'espoir de reprendre une activité similaire à ce qu'ils avaient connus à New Orleans. Mais ça ne marche pas comme ils le voulaient et, après un an en Californie, Alvin 'Red' Tyler décide de rentre à la maison.

Fin des années 1960

A son retour à New Orleans, il forme son orchestre pour jouer du jazz. Une parenthèse sera quand même ouverte, en 1966/67, lorsqu'il crée Parlo Records, avec George Davis et Warren Parker, un professeur. Ils auront un immense tube avec Tell It Like It Is d'Aaron Neville. Mais ce succès de début 1967 restera isolé, et il retourne vite au jazz.

Années 1970

Pendant toute la décennie, Alvin 'Red' Tyler dirige un quartet de jazz moderne, tout en participant à diverses sessions d'enregistrement.

Années 1980

Il maintient son quartet, mais participe également à d'autres projets. C'est ainsi qu'en 1982-83, on le retrouve régulièrement au Maple Feaf Bar accompagnant James Booker avec la fabuleuse section rythmique constituée de Johnny Vidacovich et James Singleton (On retrouve tout ce beau monde sur l'album Classified que James Booker a fait pour Rounder). Toujours grâce à Rounder, il peut enfin réaliser des albums de jazz, accompagné de ce qui est la base d'Astral Project (David Torkanowsky, Johnny Vidacovich, James Singleton, Clyde Kerr, Jr., Steve Masakowski) et de chanteurs comme Germaine Bazzle et Johnny Adams. Bien entendu, il continue à enregistrer en studio pour ceux qui le sollicitent (Johnny Adams, Clarence Gatemouth Brown, Marcia Ball par exemple).

Années 1990

Alvin 'Red' Tyler continue le travail de studio (Johnny Adams, Dr. John, Davell Crawford notamment). Pendant un moment, il fait également partie du groupe de scène de Dr. John. Vers la fin de sa vie, il joue avec The Gentlemen Of Jazz, la formation de jazz dirigée par la chanteuse Germaine Bazzle.

03/04/1998

Décès, à New Orleans, à 72 ans. Dr. John lui a dédié son album Anutha Zone, sorti la même année.

Toujours présent sur la scène néo-orléanaise depuis les années 1940 jusqu'à sa mort en 1998, Alvin 'Red' Tyler restera une grande figure du Rhythm and Blues de New Orleans. Sa contribution au son de cette ville est indéniable, ainsi que ses qualités de jazzman, comme il l'a prouvé avec ses deux albums dans les années 1980, alors qu'il avait 60 ans.

Discographie

Rockin' And Rollin'

Ace

1961

Twistin' With Mr. Sax (réédition de l’album Rockin’ And Rollin’ sous un nouveau titre)

Ace

1962

Heritage

Rounder

1986

Graciously

Rounder

1987

Simply Red

West Side

1998

New Orleans Jazz Master Series (Recorded live at Gino’s Restaurant, Baton Rouge, LA, 1990)

Musik Blok

2005

Mon choix : Simply Red (Happy Sax / Dippy / Drag Race / Long Ride / Peanut Vendor / Walk On / Junk Village / Tonking / Classie Lassie / Lonely For You / Double Whammy / Snake Eyes / Hey Mama / Peanut Vendor / Classie Lassie / Walk On / Tonking / Hey Mama)

Il s’agit de la réédition, en CD, de l’album Rockin’ And Rollin’ de 1960 édité par Johnny Vincent sur son label Ace, augmenté d’un inédit (Hey Mama) et de cinq prises alternatives inédites.

Indispensable !